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Agriculture : Nécessité de développer des systèmes de culture plus performants et durables en Haïti

P-au-P, 23 juill. 2020 [AlterPresse] --- Il est nécessaire de développer des modèles et des systèmes de culture plus performants et durables, pour faire face à l’insécurité alimentaire en Haïti, après la pandémie de Covid-19 (le nouveau coronavirus), estime l’Ingénieur-agronome Phillipe Matthieu, ancien titulaire (16 mars 2004 - 9 juin 2006) du Ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (Marndr).

« C’est important d’avoir un système, qui soit facilement adaptable et qui nous permette d’avancer », affirme Matthieu, lors de son intervention, à un webinaire organisé, ce jeudi 23 juillet 2020, dont des extraits ont été diffusés à l’émission FwoteLide sur AlterRadio 106.1 F.m.

Ce webinaire a été réalisé par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) sur le thème « Comment faire face à l’insécurité alimentaire en Haïti dans le contexte de l’après Covid-19 ? ».

Une transmission de connaissances aux productrices et producteurs haïtiens s’avère aussi nécessaire, estime Matthieu.

Pour faire face à la situation post Covid-19 dans le domaine de l’agriculture, l’ingénieur-agronome Philippe Matthieu conseille de prendre en compte les paramètres de la sécurité alimentaire.

Il exhorte l’État à assurer la sécurité des produits paysans sur les routes et à éviter que les marchandes et marchands, dans les principaux marchés de la capitale, Port-au-Prince, soient rançonnés.

« Les mesures macroéconomiques fiscales sont incontournables, si nous voulons valoriser la paysannerie haïtienne ».

Il convient de favoriser au mieux les petits producteurs haïtiens pour qu’ils puissent avoir accès aux ressources, moyens et intrants nécessaires pour leur production.

Les actions de terrain doivent être des actions très concrètes, susceptibles d’avoir des impacts au niveau de la production et des revenus des productrices et producteurs.

« Les rendements pour les cultures haïtiennes, que nous avons aujourd’hui, sont trop faibles. Ils nécessitent une augmentation de la production agricole, en priorisant des cultures alimentaires. Ce n’est pas nécessairement celles, qu’on veut nous imposer ».

« Les vivres alimentaires et les tubercules doivent pouvoir nous permettre de remplacer le riz. Avec des efforts appropriés, le pays arrive à produire 8 à 12 tonnes de riz contre 45 tonnes d’ignames », souligne-t-il.

Il y a des demandes, aujourd’hui, pour la farine d’igname, par les populations africaines aux États-Unis d’Amérique, et pour la farine de l’arbre véritable, par les Haïtiennes et Haïtiens à l’étranger.

Il faudra se montrer inventif et s’intéresser aux entreprises attachées à ces produits.

Haïti n’a pas les possibilités de conserver et de distribuer le maïs sur le marché.
Entre 2012 ou 2013, il y a eu une récolte exceptionnelle de maïs dans la ville des Cayes. Les Dominicains sont venus l’acheter, le transformer et le retourner en Haïti sous forme de maïs moulu, rappelle l’ingenieur agronome Philippe Matthieu.

« Ceci est possible, car le niveau des tarifs douaniers permet aux autres pays de prendre nos produits et de les retransformer ». [mj emb rc apr 23/07/2020 17:31]