P-au-P, 07 juil. 2020 [AlterPresse] --- Le Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp) annonce, pour le lundi 10 août 2020, une relance des activités scolaires, de manière graduelle, sans préciser les dispositions et accompagnements institutionnels adoptés, déplorent, respectivement, la psychologue en éducation Anne Kary Perrault et le secrétaire général de l’Union des parents d’élèves progressistes haïtiens (Upeph), Léo Litholu.
Anne Kary Pereault et Léo Litholu intervenaient, ce mardi 7 juillet 2020, à l’émission FwoteLide sur AlterRadio 106.1 Fm.
« La réouverture ne concerne pas uniquement la date. Pour rouvrir, il y a aussi l’aspect physique et matériel », affirme la psychologue Perrault.
Il faut également penser aux parents, qui doivent envoyer leurs enfants à l’école, ainsi qu’aux enseignantes et enseignants, qui étaient contraints au chômage et de trouver un autre emploi pendant la crise sanitaire (depuis le vendredi 20 mars 2020, au lendemain de la confirmation officielle des 2 premiers cas d’infection au Covid-19 en Haïti).
Anne Kary Perrault critique une absence de volonté du Menfp, qui a fixé une date de réouverture des activités académiques scolaires, sans indiquer quelles marches il envisagerait de suivre.
Il faudrait de l’accompagnement pour les écoles, dont la majorité sont des établissements privés, et aborder aussi les problèmes financiers et des personnels enseignants livrés à eux-mêmes.
« La pandémie de Covid-19 (le nouveau coronavirus) a été une occasion de revoir les programmes des écoles et de partir sur de nouvelles bases. Car, cela fait très longtemps que nous exigeons une réforme dans le système éducatif », souligne la psychologue en éducation Anne Kary Perrault.
La question n’est plus de sauver l’année scolaire 2019-2020, alors que, dans la majorité des écoles publiques, les élèves n’ont travaillé que seulement deux mois, depuis l’ouverture officielle du 9 septembre 2019.
« Je ne vois pas qu’est-ce qu’ils vont sauver d’une année de 9 mois ».
Des écoles privées ont essayé de travailler à distance avec les élèves. Cependant, la majorité des établissements scolaires privés n’ont pas pu le faire, relève Anne Kary Perrault.
Des institutions internationales ont financé le Menfp, depuis le début (le jeudi 19 mars 2020) de la crise sanitaire due au Covid-19, avec des sommes d’argent assez importantes, qui pourraient aider à mettre réellement en place l’éducation à distance.
Cette démarche devrait permettre de réaliser la formation des enseignantes et enseignants.
« Il est temps de cesser de poser des actions dans la forme, mais d’accorder à l’éducation l’importance qu’elle doit avoir ».
Y a-t-il un environnement sécuritaire pour le fonctionnement des écoles en Haïti ?
L’État annonce la réouverture des classes, alors qu’il n’a pas le contrôle du territoire national en termes de sécurité, critique, de son côté, Léo Litholu, secrétaire général de l’Union des parents d’élèves progressistes haïtiens (Upeph).
L’Upeph évoque les tensions, provoquées, ce mardi 7 juillet 2020, par des gangs armés, dans l’aire métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.
« L’État doit communiquer sur ce qu’il compte faire pour permettre aux enfants, qui habitent dans des quartiers chauds et volatiles (où les bandits sèment la terreur depuis plusieurs années), de retourner à l’école ».
L’Upeph appelle aussi l’État à prendre ses responsabilités, vis-à-vis des parents en difficultés.
Il n’est pas possible que le Menfp accepte que certaines écoles fonctionnent en ligne et qu’elles exigent aux parents de payer les frais scolaires, note l’Upeph, invitant le Menfp à se positionner sur ces cas.
L’Upeph attire aussi l’attention du Menfp sur des écoles qui réclament aux parents des frais, en vue de réserver une place pour leurs enfants.
Les parents sont devenus plus pauvres à cause des troubles, qui ont paralysé le pays, et de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 (le nouveau coronavirus).
Avec cette réouverture des classes, annoncée pour le lundi 10 août 2020, les élèves ne passeront que trois mois et demi sur une année scolaire de 10 mois.
L’Upeph exhorte l’État à réagir sur les cas concernant des parents, qui ont déjà versé les frais scolaires pour leurs enfants, au niveau du préscolaire, alors que ce niveau n’est pas concerné par cette réouverture annoncée des classes.
L’Union des parents d’élèves progressistes haïtiens estime que les mesures de précautions contre la pandémie de Covid-19, notamment la distanciation physique, ne pourraient pas être vraiment appliquées, en raison du fait que les salles de classe sont généralement bondées. [mj emb rc apr 07/07/2020 18:10]