P-au-P, 19 juin 2020 [AlterPresse] --- Des centaines de défenseuses et de défenseurs des droits humains exigent la suspension des déportations des Haïtiennes et Haïtiens par les États-Unis d’Amérique, vers Haïti, selon un article du journal Newsweek, consulté par l’agence en ligne AlterPresse.
Les vols de déportation risquent de faire des ravages sur le système de santé haïtien, en plein milieu de la pandémie de Covid-19 (le nouveau coronavirus), avertissent ces militantes et militants de droits humains, dans une lettre adressée à l’administration du président américain, Donald Trump.
La correspondance a été signée par le cofondateur de Black Live Matter, Opal Tometi, le révérend Jesse Jackson, l’auteur Ibram X. Kendi et des militants célèbres comme Danny Glover et Rainn Wilson.
« Les déportations exportent du Covid-19 dans toute la région et mettent d’innombrables vies en danger », lit-on dans la lettre, qui a été envoyée, ce vendredi 19 juin 2020, au secrétaire d’État Mike Pompeo, au secrétaire par intérim du département de la Sécurité intérieure, Chad Wolf, et à l’ambassadrice des États-Unis en Haïti, Michele Sison.
« Une flambée continue d’infections (au Covid-19) pourrait détruire une économie déjà faible et exacerber l’instabilité politique », souligne la correspondance.
Les incidences actuelles du Covid-19 tendraient à devenir incontrôlables. Le nombre réel de cas d’infections est beaucoup plus élevé (que les données officiellement fournies), créant une situation, révélant les limites institutionnelles du système haïtien de santé à répondre efficacement aux cas de Covid-19.
Près de 5 mille cas d’infection au Covid-19, dont 84 personnes décédées, ont été enregistrés, après la confirmation de 228 nouveaux cas (comprenant 2 nouveaux décès) en Haïti, à la date du mercredi 17 juin 2020.
Le système de santé et l’économie d’Haïti ne sont pas équipés pour gérer les impacts de l’épidémie, alertent les militantes et militants des droits humains.
Avec la décision des États-Unis d’Amérique de continuer à faciliter les expulsions vers la république d’Haïti, les effets de la pandémie « pourraient effectivement perpétuer le cycle de migration vers les États-Unis. Car, les Haïtiens désespérés de travailler, confrontés à des problèmes de sécurité et de survie, seront forcés de quitter Haïti », mettent-ils en garde.
« Nous demandons respectueusement à vos bureaux d’arrêter immédiatement les déportations vers Haïti pendant la pandémie de Covid-19 », indique la lettre.
« Il n’y a tout simplement pas de moyens sûrs d’expulser des personnes. Les expulsions risquent de propager cette maladie, hautement contagieuse et mortelle, dans les pays d’accueil, à la fois parmi les passagers négatifs au Covid-19 voyageant avec des passagers positifs au Covid-19, ainsi que les personnes sur le terrain en Haïti ».
Au moins 8 personnes testées positives au Covid-19, aux États-Unis d’Amérique, ont été parmi les 30 compatriotes, qui ont été déportés, le mardi 26 mai 2020, par les autorités américaines, vers Haïti.
Ces 30 compatriotes ont été mis en quarantaine pendant 14 jours (jusqu’au mardi 9 juin 2020), à la charge des autorités sanitaires en Haïti.
Parmi 68 ressortissants haïtiens, déportés au cours du mois d’avril 2020, en Haïti, en provenance des États-Unis d’Amérique, au moins trois (3) ont été testés positifs au Covid-19. [emb rc apr 19/06/2020 15:15]