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Agriculture/Santé : Au-delà de la pandémie de Covid-19, l’aggravation de la situation risque d’entraîner des troubles en Haïti

Nécessité d’expérimentations pertinentes sur des plantes appropriées face aux dérèglements climatiques, résultant de la sécheresse

Jean Rabel et Cornillon (Haïti), 18 juin 2020 [AlterPresse] --- « Après le nouveau coronavirus, la situation risque de s’aggraver. Les mangues, que nous avons aujourd’hui, ne seront plus là », augure l’ingénieur-agronome Sara Cadet, coordonnateur national du Mouvement d’appui pour le développement des collectivités territoriales haïtiennes (Madecth), qui s’exprimait à l’émission FwoteLide sur AlterRadio 106.1 Fm.

Le virus de Covid-19 (le nouveau coronavirus) a un impact direct sur la population. Certaines personnes ne peuvent plus effectuer le même niveau de transactions, avec la dégringolade de la gourde face au dollar américain (Ndlr : US $ 1.00 = 117.00 gourdes ; 1 euro = 136.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.10 gourdes aujourd’hui).

Malgré la propagation du virus dans plusieurs communes du pays, des communautés continuent d’ignorer la maladie. Certaines institutions locales n’auraient plus d’autorité pour encourager à appliquer les mesures barrières de prévention de l’infection au Covid-19.

La campagne agricole de printemps 2020 n’a pas eu lieu. Les canaux d’irrigation et les bassins versants dans le Nord-Ouest n’ont pas été mis en valeur. Rien n’a été fait pour permettre à Jean Rabel (Nord-Ouest d’Haïti) d’assurer une bonne production, regrette le Madecth.

Les retards dans l’importation des produits vers Haïti, dans ce contexte de Covid-19, ainsi que les problèmes de sécheresse, auxquels sont confrontées les communautés paysannes, risquent de plonger le pays dans une situation d’insécurité alimentaire, entremêlée de conflits, de scènes de pillage et de violences, anticipe Anel Dorléan, spécialiste en environnement et développement, qui intervenait également à l’émission FwoteLide sur AlterRadio 106.1 Fm.

Avec la dépréciation de la gourde face au dollar américain, différentes communautés paysannes n’arrivent même pas à trouver les moyens de vendre une grande marmite d’haricots (plus de 5 livres) pour pouvoir s’acheter une grande marmite de riz.

Cette situation d’insécurité alimentaire pourrait être accompagnée d’une vague d’actes de vols et de cambriolages dans certaines zones.

Les gens ont faim. Cependant, il n’y a pas vraiment d’alternative pour relancer la production nationale agricole.

La meilleure façon de lutter contre la sécheresse, liée aux changements climatiques, consiste à développer un ensemble de variétés de produits, considère Anel Dorléan, spécialiste en environnement et développement.

« Jusqu’à présent, en Haïti, nous n’avons pas encore fait des expérimentations sur un ensemble de plantes, par rapport aux effets des dérèglements climatiques, résultant de la sécheresse ».

À Cornillon (département de l’Ouest), les habitantes et habitants attendent les pluies pour planter. La terre n’est pas suffisamment humidifiée, signale Anel Dorléan.

Au niveau de l’Artibonite, la sécheresse persiste, à cause des canaux d’irrigation qui ne sont pas à point, dans certaines zones.

C’est un problème lié au système de pompage, qui utilise une grande quantité de produits pétroliers, contrairement à d’autres départements qui souffrent de la sécheresse hydrologique (cette longue période, depuis fin 2019, d’absence de pluies, provoquant une brusque diminution du niveau des eaux souterraines, des rivières, ravins, etc.). [mj emb rc apr 17/06/2020 19:30]