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Haïti : La Pohdh réclame justice pour des paysannes et paysans expropriés de leurs terres par le régime politique tèt kale au pouvoir

P-au-P, 15 juin 2020 [AlterPresse] --- La Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh) demande justice pour les paysannes et paysans, qui ont été dépossédés de leurs terres par le régime politique tèt kale au pouvoir, dans une note transmise à l’agence en ligne AlterPresse.

La Pohdh exige réparations et dédommagements en faveur de toutes les victimes, notamment celles provenant des départements du Nord et du Nord-Est d’ Haïti.

« Depuis son arrivée au pouvoir, en 2011, par le président Joseph Michel Martelly, le régime tèt kale, ne cesse point de persécuter les paysans. Dans le département du Nord-Est, particulièrement au Trou-du-Nord, de hauts placés du pouvoir ont poussé plus de 800 familles à abandonner leurs terres pour établir Agritrans S.A. ».

Cette situation s’est renforcée sur la présidence de Jovenel Moïse. Chaque jour, des paysannes et paysans lancent des cris d’alarme contre de hauts placés, qui leur dépossèdent de leurs terrains, notamment dans les départements du Nord, du Nord-Est, du Nord-Ouest, du Sud, rapporte la Pohdh, citant les témoignages d’organisations paysannes.

Depuis le mois de janvier 2020, plusieurs organisations, qui travaillent sur la question de la sécurité alimentaire, dont l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) et la Coordination nationale pour la sécurité alimentaire (Cnsa), ont annoncé combien plus de 4,1 millions de personnes sont sous la menace d’insécurité alimentaire en Haïti.

Dans ce contexte de crise sanitaire, liée au Covid-19 (le nouveau coronavirus), où tous les pays ferment leurs frontières, le gouvernement devrait profiter pour relancer l’agriculture du pays, en aidant les paysannes et paysans à trouver des terres pour travailler, des semences, des outils et de bons accompagnements techniques.

La Pohdh s’étonne de voir que des instances, créées pour gérer les problèmes de conflits terriens dans le pays, et des autorités au niveau de la justice ont gardé le silence sur les actes d’abus, commis contre des paysannes et paysans.

Les autorités ont l’obligation de garantir le droit de chaque citoyenne et de chaque citoyen, comme le prévoient la loi mère et d’autres outils nationaux ratifiés par Haïti, en plus de la déclaration adoptée aux Nations unies, le 17 décembre 2018, sur les droits des paysans.

« En ce sens, les amis du pouvoir tèt kale et les autorités de l’État n’ont nul droit de profiter de leurs relations amicales avec le pouvoir en place ou de leurs fonctions au niveau de l’État, pour persécuter les paysans sur les terres qu’ils cultivent ».

La Pohdh renouvelle sa solidarité en faveur des paysannes et paysans, victimes à travers le pays et qui n’ont plus de terres pour prendre soin de leurs familles.

La Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains demande à l’État de mettre un frein à ce phénomène, de rétablir les victimes dans leurs droits, de réparer et d’indemniser toutes les paysannes et tous les paysans, particulièrement ceux provenant du Nord, du Nord-Est, du Nord-Ouest, et du Sud.

Les instances régionales et internationales doivent réaliser une enquête sur le droit de propriété et d’actes d’expulsions forcées qu’exercent les autorités et amis du régime tèt kale sur les terres paysannes.

Des sanctions doivent aussi être appliquées contre ce modèle d’État.

Le mardi 5 mai 2020, un juge de paix à Delmas, Ricot Vrigneau, s’est rendu sur la propriété, à Vivy Mitchell (Pétionville), de Patrick Benoît et consorts, en dehors des prescrits de la loi, pour exécuter un « certain » jugement.

Patrick Benoit ainsi qu’un employé, Claudy Lhomme et Stevens, agent de sécurité, furent outrageusement maltraités.

Torturé, ligoté, Patrick Benoît fut, lui, inhumainement jeté sur le sol, face contre terre, pieds et mains liés, en voulant s’opposer à l’exécution de ce forfait, fustige le Collectif du 4 décembre 2013, dans une correspondance adressée au premier ministre de facto Joseph Jouthe, le lundi 8 juin 2020.

Le Collectif du 4 décembre 2013 a rappelé au premier ministre que le temps qu’il avait accordé au ministre de la justice pour que lumière soit faite, a été écoulé.

Il lui a demandé de publier les résultats de l’enquête ainsi que les dispositions prises par son gouvernement « pour que règne finalement la justice et que soient protégées les propriétés des citoyens de la paysannerie et de la ville contre les spoliateurs de tout acabit ».

« Le délai est tout simplement différé, afin de mieux cerner le périmètre de cette affaire », a répondu le premier ministre, dans une lettre.

Joseph Jouthe invite le Collectif du 4 décembre 2013 à partager, avec son bureau, les informations pertinentes dont il disposerait, avec toutes garanties de discrétion qu’il souhaiterait. [mj emb rc apr 15/06/2020 13:40]