P-au-P., 24 mai, 2005 [Alter Presse].- Le professeur de sociologie Hérold Toussaint et un groupe d’étudiants en communication sociale de la Faculté des Sciences Humaines (FACSH) ont sévèrement critiqué ce 24 mai la position française à propos d’Haiti.
Cette position contenue dans le rapport officiel produit l’année dernière par une équipe sous la direction de l’intellectuel français Régis Debray, a été examinée lors d’une conférence-débat tenue à la bibliothèque de la FACSH, avec la participation de nombreux étudiants et professeurs.
« Il y a un problème, nous interpellons ceux qui ont écrit ce rapport et nos élites et nous posons un acte politique », a déclaré le professeur Toussaint, qui (avec les autres intervenants) a mis en lumière le contexte, la typologie des arguments, les propositions et quelques éléments d’analyse du rapport Debray.
Ce document a dressé un bilan très sombre de l’expérience haïtienne, ont relevé les analystes en reprenant certains passages du document. « Pas de pétrole, pas d’uranium ni de pierres précieuses, nulle arme de destruction massive, pas de détroit stratégique, pas de terroristes à l’exportation, guère de plages avenantes, un sida endémique et des milliers de boat people que les courants poussent vers la Floride ou le Bahamas », indique le rapport Debray.
« Cette galère, ce guêpier, ce bazar du bizarre, cette marmite du diable : peu de dividendes pour nous, si on s’y engage plus qu’à moitié, et pas grand-chose à perdre, si on s’en dégage une fois pour toute », poursuit le rapport.
Le rapport Debray réfute catégoriquement la requête de la restitution de la dette de l’indépendance, formulée informellement par le régime de l’ex président Jean Bertrand Aristide. « Cette requête n’a pas de fondement juridique » souligne le document.
« Nous situons notre travail au-delà de la requête du président Aristide », a précisé le professeur Toussaint, montrant la nécessité d’ « un vrai débat autour de la position française ».
Les conférenciers ont déploré que « les leaders politiques et économique n’ont jamais réagi à la position française ».
Par ailleurs, le professeur Toussaint a souligné que le théoricien haïtien Anténor Firmin (19ème / 20ème siècle) avait déjà écrit un texte intitulé la France et Haïti en démontrant plutôt l’obligation morale de ce pays en vers Haïti. [jj gp apr 25/05/2005 00:15]