P-au-P., 24 mai 05 [AlterPresse] --- Un collectif d’associations a organisé ce 23 mai des activités publiques à Fond Verettes (Ouest) pour marqué le premier anniversaire des inondations meurtrières qui ont frappé cette commune en 2004, avec un bilan officiel de 238 morts et plusieurs milliers de sinistrés.
Sous une fine pluie, des centaines de victimes et de personnes solidaires à leur cause se sont réunies pour
commémorer cette triste date, alors que rien n’a pratiquement changé à la situation générale de Fond Verettes durant les 12 derniers mois.
Les organisations, dont l’Association des Elèves Victimes de Fonds Verettes (AEVF) et l’Union des Femmes au Travail pour l’Avancement de Fonds Verettes (UFETACF), ont dénoncé la lenteur des autorités dans les dispositions à prendre pour déplacer la population.
« Les personnes sinistrées vivent encore sous les tentes et continuent d’être la proie d’éventuelles désastre naturelle » a souligné Julien Zétrenne directeur de l’école nationale et coordonnateur du Comité de Reboisement de Fonds Verettes (KOREF). « L’état de
délabrement de la route passant au beau milieu de la rivière met en péril la vie de plus de 200000 personnes qui la fréquentent » a-t-il poursuivi.
Zétrenne s’est plaint de « la passivité totale » des forces de police face au problème de la coupe effrénée des arbres dans la communauté. Les policiers s’occupent même d’assurer la sécurité des opérations d’abattage des arbres et de transport des planches, s’est-il indigné. Des planches issues d’arbres fraîchement abattus étaient constatées sur place par AlterPresse.
Le maître d’école a fustigé le comportement du gouvernement dans le dossier qui, selon lui, ne respecte ni les « promesses faites aux victimes » ni les « engagements pris envers la population endeuillée ».
Il s’en est pris également à certains ONG qui, a-t-il dit, se servent du malheur des riverains de Fonds Verettes pour s’enrichir. Il a particulièrement pointé du doigt une organisation nord-américaine qui aurait collecté des fonds « au nom des victimes », sans que cet argent ne soit « parvenu à destination ».
L’Association des Elèves Victimes a insisté sur la volonté de voir la vie renaître dans la commune. « Il faut que la vie fleurisse dans la localité », a dit Jean Claude Nelson président de l’Association. « Fonds Verettes a besoin des hommes et des femmes honnêtes pour changer la situation de la population », a-t-il précisé en rappelant la mémoire de 17 élèves qui ont péri dans les eaux en furie l’année dernière.
La coordonnatrice générale de l’UCETACF, Hélène Orélus, a attiré l’attention des autorités sur la vulnérabilité des femmes, un an après la catastrophe. « Les femmes sont dépourvues de tout après la tragédie de 2004 » a-t-elle lancé. Son organisation a mis sur pied une petite coopérative de prêts à faible taux aux femmes de la région.
Le ministère de l’environnement, invité à prendre part aux activités, a prôné la participation citoyenne pour sortir Fonds Verettes de sa situation et assurer l’équilibre écologique dans les diverses régions du pays.
« Le pays fait face à un problème global, il lui faut des solutions globales » a précisé Alvert Daphinis, responsable de la section éducation au ministère. Selon lui, la pauvreté est pour beaucoup dans la dégradation de
l’environnement. Il a invité les autres ministères et institutions concernés à jouer leur partition dans le dossier.
Les activités de ce 23 mai à Fond Verettes ont bénéficié du support de l’organisation Chandèl (Chandelle) et du Groupe d’Appui aux Rapatriés et aux Réfugiés (GARR). Sur l’invitation de la coordonnatrice du GARR, Colette Lespinasse, des élèves et autres participants ont procédé symboliquement à la mise en terre d’une vingtaine de plantules dans les montagnes avoisinantes.
Les survivants ont également déposé dans le lit de la rivière dévastatrice, une gerbe de fleurs en mémoire des centaines de disparus, dont le souvenir demeure une source de désolation dans la communauté.
Les averses ayant affecté la commune de Fonds Verettes et la localité de Mapou (Sud Est) en mai 2004, précédaient de 4 mois celles des Gonaïves (Nord) ayant fait plusieurs milliers de morts et disparus. [fl gp apr 24/05/2005 21:00]