De notre envoyé spécial, Ronald Colbert
Santo Domingo, 30 oct. 2002 [AlterPresse] --- Parvenir à un plan d’action concret, non seulement en propositions, mais en capacité de protestations, pour freiner la tendance à la privatisation des soins de santé dans les pays caribéens, latinoaméricains et nord-américains : c’est l’objectif que se sont principalement fixé plus de 300 déléguées et délégués de syndicats et mouvements communautaires de la région, réunis pour une semaine internationale d’échanges à l’hôtel FIESTA dans la capitale de la République Dominicaine, autour du thème « Impact de la nouvelle réforme de santé, Globalisation et Privatisation ».
Les fausses expectatives que laissent entrevoir différentes réformes de santé dans la région, toutes assorties de la vision néolibérale et ne prenant pas en compte les coûts sociaux, ont été la note dominante du premier panel d’interventions déroulées dans la matinée du 30 octobre. Des membres de syndicats dominicains n’ont pas apprécié les critiques du docteur Dr Miguel Gonzalez, président de la Commission d’avocats de Porto Rico, qui a relevé un certain nombre de manquements dans la nouvelle loi de sécurité sociale adoptée par le gouvernement du président Hyppolito Mejia.
Les premiers moments de cette première conférence internationale sur le droit des peuples à la santé ont été marqués par une sorte de mise en garde à la République Dominicaine qui s’apprête à mettre en application, à partir de ce 1er novembre 2002, une nouvelle loi de sécurité sociale dans la région frontalière du Sud, dont la province de Barahona, où existe une situation sociale dramatique pour un nombre important de ressortissants haïtiens et de descendants d’Haïtiens.
La question est de savoir si la santé des populations, les services sanitaires de base à tous les êtres humains, doivent être considérés comme un droit inaliénable ou un privilège, car la mondialisation a tendance à convertir la santé des peuples en une marchandise devant obéir aux lois du marché.
Aujourd’hui, de puissantes forces internationales, agissant sous couvert de compagnies d’assurance transnationales, opèrent dans le continent américain avec pour objectif de privatiser totalement le système public de santé.
Suivant ce modèle qui a des incidences négatives même aux Etats-Unis d’Amérique (où des propositions de syndicats ont été rejetées en 1994 par le Congrès), seules les personnes qui peuvent payer ont accès aux soins, celles qui ne peuvent pas acheter sont perdues face à la concertation pour fixer les prix des services de santé.
Pendant les 4 jours d’échanges, les délégations vont analyser l’impact de la politique et des recommandations du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale sur les systèmes de santé dans les Caraïbes et en Amérique Latine.
Au cours du premier panel d’interventions, les réalités des systèmes de réformes de santé ont été décrites pour plusieurs pays, notamment le Chili où des changements radicaux et réactionnaires, effectués sous le régime militaire d’Augusto Pinochet, ont eu des effets dévastateurs. Porto Rico, Bélize, le Mexique, la Colombie, l’Argentine, le Brésil sont, entre autres, des pays ayant souffert de tels processus qui ont favorisé le démantèlement de nombreux syndicats, à l’exception de Cuba et de Canada.
Les organisations initiatrices de cette première conférence internationale pour le droit des peuples à la santé, tenue sous les auspices de l’Organisation mondiale pour le Droit des Peuples aux Soins Médicaux, comptent aboutir, au 2 novembre 2002, à la création d’une coalition nationale et internationale sur cette problématique et aussi à un renforcement des processus d’organisation et d’unité des mouvements sociaux oeuvrant dans le secteur de la santé de la région, de manière à impulser des alternatives pour bloquer le processus de privatisation des services de santé dans les Caraïbes et l’Amérique latine.
17 pays, dont Haïti, la République Dominicaine, Cuba, Porto Rico, Etats-Unis, Canada, Mexique, Brésil, Argentine, Bolivie, Colombie, Chili, Costa Rica, El Salvador, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Uruguay, ont délégué des représentants à la conférence où participent principalement des syndicalistes, des travailleuses et travailleurs de santé, et autres associations et organisations qui revendiquent en faveur de meilleures conditions sanitaires au profit des peuples de la région. [rc apr 30/10/02 12:00]