Jérémie (Haïti), 14 mai 2020 [AlterPresse] --- Des autorités locales et des organisations de femmes expriment de vives inquiétudes, face à une éventuelle période de famine à Jérémie (département de la Grande Anse, une partie du Sud-Ouest d’Haïti), selon les témoignages recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.
Le département de la Grande Anse risque de devenir, dans les prochains jours, un foyer de propagation du virus de Covid-19 (le nouveau coronavirus), à cause de la non adoption des consignes de prévention contre la pandémie, craignent ces autorités locales et organisations de femmes, qui s’exprimaient, ce jeudi 14 mai 2020, à l’émission FwoteLide sur AlterRadio 106.1 Fm.
Beaucoup d’habitantes et d’habitants à Jérémie ne savent même pas comment se laver les mains, ni comment porter un cache-nez.
Une catégorie de personnes, dans la population, pourraient mourir de faim, au lieu d’attraper le virus de Covid-19, parce qu’ils ne peuvent ni se nourrir, ni nourrir leurs enfants, alerte Silmata Pierre, maire adjointe de la commune de Jérémie.
« Ces personnes ne bénéficient d’aucune aide. Elles sont vraiment dans une situation de vulnérabilité. Lors des distributions des sacs de riz, ce sont les jeunes hommes, qui en bénéficient, en dépossédant, parfois, les personnes les plus âgées de leurs sacs ».
Les personnes vulnérables pourraient aussi mourir de malnutrition, prévient le conseil municipal de Jérémie.
Dans les marchés publics, les produits sont disponibles, mais ils sont vendus à des prix exorbitants, déplore, pour sa part, Marie Thérèse Pacaud du Rezo òganizasyon fanm lakay yo et représentante du Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf) à Jérémie.
« À cause du libre-échange, qui n’impose pas une fixation des prix, dès qu’un problème se présente dans le pays, les commerçantes et commerçants tendent à pratiquer une augmentation systématique des prix des produits. Il n’y a personne pour placer un mot. C’est l’un des problèmes, auxquels nous sommes confrontés dans la Grande Anse », explique-t-elle.
« La nourriture est là, mais il y a un problème économique, à cause de la montée du coût de la vie. 1,000 gourdes ne peuvent pas permettre d’effectuer des achats pour préparer un repas. 2 récipients d’eau à Jérémie se vendent à 15.00 gourdes » (Ndlr : US $ 1.00 = 107.00 gourdes ; 1 euro = 123.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.10 gourdes aujourd’hui).
« L’eau d’un camion-citerne, qui coûtait 1,250.00 gourdes, est passée à 1,500.00 gourdes. Présentement, le prix s’élève à 2,250.00 gourdes, alors que les distributeurs ont récupéré l’eau gratuitement, dans des rivières, sans aucune taxation », critique Marie Thérèse Pacaud.
Une grande partie de la population à Jérémie souhaite une baisse des prix des produits pétroliers à la pompe, rapporte-t-elle, soulignant combien cette situation contribue à la cherté de la vie à Jérémie. [mj emb rc apr 14/05/2020 20:00]