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Haïti/Droits humains/Justice : La Fondasyon je klere dénonce une multiplication des abus policiers, au temps de Covid-19

P-au-P, 14 mai 2020 [AlterPresse] --- Dans cette période de Covid-19 (le nouveau coronavirus), « l’atteinte aux droits et libertés des citoyennes et citoyens caractérise désormais les pratiques de la Police nationale d’Haïti (Pnh), qui semble avoir les coudées franches pour agir dans l’impunité la plus totale », condamne l’organisme de droits humains Fondasyon je klere (Fjkl), dans un rapport (d’octobre 2019 au 13 mai 2020), daté du mercredi 13 mai 2020 et consulté par l’agence en ligne AlterPresse.

La Fjkl énumère un ensemble d’actes de violations de droits humains, commis par des agents de la Pnh, dans ce rapport intitulé : « Libertés publiques et dignité de la personne humaine en Haïti : Les policiers haïtiens sont-ils au-dessus de la Constitution, des lois de la république et des conventions internationales ratifiées par Haïti ? ».

Bastonnades, exécutions sommaires, menaces verbales, incendies et destructions de biens publics et privés, traitements inhumains et dégradants, atteintes aux droits et libertés des citoyennes et citoyens sont parmi les nombreux actes, perpétrés par des agents de l’institution policière, dénonce l’organisation de défense des droits humains.

Le journaliste Georges Emmanuel Allen de la Radiotélévision Caraïbes a été sévèrement frappé par des policiers à Delmas 33, le mardi 28 avril 2020, lorsqu’il s’apprêtait à regagner son domicile, peu après huit heures du soir (0:00 gmt le mercrredi 29 avril 2020), au moment du couvre-feu.

Le journaliste s’est identifié comme tel, a présenté son permis de conduire et exhibé une « autorisation » du Ministère de la Communication.

Le policier national, à qui il présentait « l’autorisation », a affirmé « qu’il ne sait pas lire ».

Après 15 minutes d’attente, lorsque le journaliste décide de récupérer son permis, il a reçu une contravention pour « non-respect du couvre-feu » instauré par le gouvernement.

Attaque armée de l’Usgpn contre l’Ens

Des agents de l’Unité de sécurité générale du Palais national (Usgpn) ont semé la pagaille à l’École normale supérieure (Ens), le vendredi 13 mars 2020.

Les professeurs Jean Kevni Innocent et Calito Estimé ont été tabassés et le responsable du laboratoire, Odiel Junior Jean, qui tentait de raisonner les policiers, a été aussi malmené par ces agents.

« Les policiers ont reproché aux professeurs de soulever les étudiants contre le pouvoir en place, dans des manifestations à répétition ».

Les agents de l’Usgpn ont tiré sur les locaux de l’institution, où plus de dix impacts de balles ont été relevés.

Ils ont écrabouillé, par des cartouches, les ampoules lumineuses de la salle informatique. Des restes de bonbonnes de gaz lacrymogènes ont été aussi retrouvés sur la cour de l’Ens, rapporte la Fjkl.

Des étudiants ont témoigné combien des agents de l’Usgpn ont déjà utilisé la violence, pour tenter d’étouffer leurs revendications.

Ils ont rapporté avoir été victimes de ces agents le 19 novembre 2019.

Actes d’assassinats d’un policier à Carrefour et Gressier

À Tigòdèt, une zone située à Mariani, à la limite des communes de Carrefour et de Gressier (au sud de Port-au-Prince), Luckner Bazil a reçu une balle à la main, dans l’après-midi du vendredi 29 novembre 2019.

La victime n’a pas pu identifier les gens, qui lui ont tiré dessus, parce qu’ils étaient tous encagoulés.

Le lendemain, dans la soirée du samedi 30 novembre 2019, un groupe de cinq personnes, bien armées et encagoulées, ont fait irruption dans la zone et tiré, de sang froid, sur des jeunes, qui faisaient la fête.

Cette attaque a fait huit autres victimes, dont trois peersonnes mortes et quatre autre blessées par balles, parmi lesquelles une personne non-voyante, qui a reçu des coups sur la tête.

L’enquête, effectuée par la Fjkl, dans la zone, auprès des riveraines et riverains ainsi que des victimes, a démontré qu’il s’agirait du policier national Phanel Pierre, alias « Mikmik », agent de la Police frontalière terrestre (Polifront).

Ce dernier était accompagné de Wilfrid Borde Barthélemy, alias Panangrenn, et d’Emmanuel François, dit Manno, membre de l’Assemblée de la section communale (Asec) de la zone, élu sous la bannière du Parti haïtien tèt kale (Phtk).

Actes de vandalisme et de violences, en prélude au carnaval 2020 annulé

Le lundi 17 février 2020, de nombreux stands, érigés dans l’aire du Champ-de-Mars (principale place publique dans la capitale, Port-au-Prince), en prélude au carnaval national des dimanche 23, lunddi 24 et mardi 25 février 2020, ont été incendiés.

Plus d’une cinquantaine de véhicules de citoyennes et de citoyens ont été utilisés, pour bloquer les voies publiques, en signe de protestation, pour revendiquer le droit de création d’un syndicat au sein de la Police nationale d’Haïti.

Les policiers nationaux protestataires ont tenté d’incendier les locaux du cabinet de Me. Samuel Madistin, dans l’après-midi du mercredi 19 février 2020, où au moins cinq véhicules, garés sur la cour du cabinet, ont été emportés dans les flammes et la génératrice incendiée.

Dans ce contexte, la Fjkl dit constater l’absence de commandement, d’autorité, de respect de principes, de valeurs morales et déontologiques, au niveau de la Pnh, ainsi que la non application des règlements, des lois et des normes.

« Aucune arrestation n’a été annoncée, au niveau des policiers nationaux, qui sèment le désordre et l’anarchie, au sein de la population, au vu et au su de tout le monde », déplore la Fjkl, demandant, au haut commandement de la Pnh et au gouvernement, de respecter les engagements internationaux d’Haïti, en matière de sécurité publique et de dignité humaine, pendant qu’il est encore temps. [mj emb rc apr 14/05/2020 12:45]