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Médias : Brutalités policières, le 28 avril 2020, contre le journaliste Georges Emmanuel Allen de la Radio Télé Vision Caraïbes, lors du couvre-feu en Haïti

P-au-P, 29 avril 2020 [AlterPresse] --- Une nouvelle violation de la liberté de la presse et du droit des journalistes d’exercer leur métier, à quelques jours du 3 mai, journée mondiale de la liberté de la presse !

C’est la consternation, en Haïti, chez l’ensemble de la corporation journalistique, vivement choquée par les mauvais traitements, dans la nuit du mardi 28 avril 2020, à Delmas 33, d’environ une dizaine de policiers nationaux sur le journaliste Georges Emmanuel Allen, de la Radio Télé Vision Caraïbes (Rtvc).

Au classement mondial de la liberté de la presse 2020 (rendu public le 21 avril 2020, il y a une semaine) de l’association mondiale Reporters sans frontières (Rsf), la république d’Haïti occupe la 83e place sur 180 pays et territoires.

Un recul de 21 places, dû à « l’environnement de travail dangereux et précaire » dans lequel évoluent les journalistes sur le territoire national, par rapport au classement 2019, quand Haïti était à la 62e place mondiale.

Dans la soirée du mardi 28 avril 2020, à Delmas 33, le journaliste de la Radio Télé Vision Caraïbes (Rtvc), Georges Emmanuel Allen, qui revenait de ladite station, a été sévèrement malmené par des policiers nationaux, à la suite d’une altercation, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.

Environ une dizaine de policiers nationaux agresseurs ont reproché au journaliste Georges Allen d’avoir violé le couvre-feu, instauré par le gouvernement de facto de Joseph Jouthe, depuis le vendredi 20 mars 2020, après la confirmation offiielle des 2 premiers cas d’infection au Covid-19 (le nouveau coronavirus, sur le territoire national.

Ayant récupéré le permis de conduire du journaliste Allen, les policiers nationaux agresseurs ont voulu lui administrer une contravention. Ce qu’a contesté le journaliste, qui a, non seulement montr é l’identification de la Rtvc, mais aussi un laissez-passer du Ministère de la culture et de la communication (Mcc).

Constatant que les policiers nationaux ne voulaient pas lui remettre son permis de conduire, la victime a commencé à filmer la scène, avec son téléphone portable.

A ce moment-là, les policiers nationaux agresseurs ont saisi son téléphone et l’ont physiquement agressé, explique à AlterPresse le journaliste Guyler C. Delva, de SOS journalistes, qui était accouru sur place, à la demande de Georges Allen.

Se sentant en danger, le journaliste Allen est allé récupérer une clé démonte-roue à l’arrière de son véhicule, pour se défendre, selon les témoignages de Delva, corroborés par la victime elle-même.

Guyler Delva lui a lors dissuadé de prendre la clé démonte-roue.

Malgré l’intervention de Delva, les policiers nationaux ont continué à tabasser, sans ménagement, le journaliste Georges Allen, avant de le menotter et de le conduire au commissariat de police le plus proche.

Un de ces policiers agresseurs a même pointé un revolver sur la tête du journaliste, jeté à même le sol, rapporte Guyler C. Delva, qui annonce des poursuites judiciaires contre les policiers fautifs ainsi que contre les autorités étatiques, lesquelles voudraient voir les journalistes aller retirer une autorisation, auprès du Ministère de la culture et de la communication, pour circuler lors du couvre-feu.

Une telle autorisation est contraire à la Constitution haïtienne, qui stipule combien l’exercice de la profession de journaliste ne peut être soumis à aucune autorisation, ni censure, sauf en cas de guerre, rappelle Delva, considérant cette restriction du travail des journalistes (l’autorisation exigée par le ministère de la communication) comme une forme de velléités dictatoriales du régime politique tèt kale.

D’aillleurs, la plupart des journalistes et médias, qui refusent ladite autorisation, ne sont jamais allés la réclamer depuis l’annonce du couvre-feu.

Dans une vidéo, le journaliste-victime de la Rtvc, Georges Emmanuel Allen, a affirmé avoir dûment présenté « l’autorisation » du Ministère de la culture et de la communication, que n’ont pas voulu reconnaître les policiers nationaux agresseurs, à Delmas 33, dans la nuit du mardi 28 avril 2020.

« C’est un acte arbitraire que nous condamnons fermement. Les instances policières doivent prendre toutes les dispositions, pour identifier les policiers nationaux impliqués dans cet acte, afin de les punir conformément à la loi », souhaite Jacques Desrosiers de l’Association des journalites haitiens (Ajh), interrogé par AlterPresse.

L’agression physique contre le journaaliste Georges Emmanuel Allen est aussi vivement condamnée par la direction de la Radio Télé Vision Caraïbes (Rtvc).

Dans la presse, le secrétaire d’Etat à la communication, l’ancien journaliste Eddy Jackson Alexis, s’élève contre les brutalités policières sur le journaliste Georges Emmanuel Allen.

Alexis invite le journaliste victime à porter plainte contre ses agresseurs et la Police nationale d’Haiti (Pnh) à diligenter une enquête pour faire la lumière sur ce dossier.

Le couvre-feu, en vigueur, de 8:00 pm (0:00 gmt) à 5:00 am (9:00 gmt) heures du soir, depuis le vendredi 20 mars 2020, a été instauré par le gouvernement de facto de Joseph Jouthe, pour lutter contre la propagation de la pandémie de Covid-19. [rf emb rc apr 29/04/2020 12:20]