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Par Jose Luis Soto
Santo Domingo, 18 mai. 05 [AlterPresse] --- L’intervention du gouvernement haitien auprès de l’administration dominicaine suite aux rapatriements de milliers d’Haitiens par la frontière nord que partagent les deux pays a motivé la suspension de la mesure dominicaine, selon des informations obtenues par AlterPresse de sources combinées.
Le gouvernement haïtien n’est pas resté indifférent face au rapatriement par la République Dominicaine d’environ 4000 personnes en une semaine sur la frontière Dajabon / Ouanaminthe. Au moins 3 Haitiens ont été tués par balles, a rapporté la presse dominicaine. Ces faits se sont produits après l’assassinat d’une commerçante dominicaine à Hatillo (Nord), un crime attribué à des Haitiens.
Par le biais des canaux diplomatiques, l’executif intérimaire haitien a exprimé au gouvernement du président Leonel Fernández, son « malaise » (“inconformidad†) vis-à -vis de la manière dont les rapatriements étaient effectués, selon ce qu’a pu savoir la redaction d’AlterPresse à Santo Domingo.
Dans la matinée du 17 mai, la presse dominicaine a publié l’information selon laquelle le gouvernement haïtien avait sollicité de l’exécutif dominicain la suspension des rapatriements.
L’ambassadeur dominicain en Haïti, José Serrulle Ramia, avait été contacté par téléphone par les responsables haïtiens, qui avaient protesté contre l’humiliation et les mauvais traitements subis par les Haïtiens lors des rapatriements.
De même, le gouvernement haïtien s’était plaint officiellement du fait que les autorités dominicaines ne lui avaient pas « notifié » la mesure de rapatriement d’éventuels illégaux haitiens, selon des informations communiquées à AlterPresse.
L’arrêt « temporaire » des rapatriements peut être donc attribué en partie à l’initiative de la diplomatie haïtienne et à une certaine disposition du gouvernement dominicain dans le contexte difficile qu’affrontent les actuelles autorités haïtiennes.
Certes, le secrétaire d’Etat des Forces Armées dominicaines, Sigfrido Pared Pérez, ait indiqué le 17 mai que les rapatriements étaient temporairement suspendus parce que les troupes étaient fatiguées. Cependant, ce qui est certain, c’est que les « démarches » de la diplomatie haïtienne et la menace d’organisations de défense des droits humains de dénoncer la République Dominicaine dans les forums internationaux, ont porté les autorités dominicaines à surseoir à la mesure d’expulsion.
Les chanceliers Carlos Morales Troncoso de la République Dominicaine et Hérard Abraham d’Haïti se sont réunis à huit clos ce 18 mai. Les deux chanceliers ont informé que la suspension des rapatriements et la convocation en urgence de la Commission Mixte Bilatérale qui se penchera sur le dossier et fera des recommandations aux autorités des deux pays.
Au cours d’une conférence de presse, Morales Troncoso a laissé entendre que les autorités haïtiennes étaient informées des rapatriements. Il a en outre indiqué que les conversations sur le sujet seront maintenues par le biais de la chancellerie des deux pays. [jls gp apr 18/05/2005 15:30]