P-au-P., 16 mai. 05 [AlterPresse] --- La situation demeure difficile pour des Haïtiens vivant dans la zone nord de la République Dominicaine où, en plus des rapatriements massifs, certains d’entre eux ont été tués, selon des informations reçues par AlterPresse de sources concordantes.
La presse dominicaine a rapporté que durant le week-end, 3 Haïtiens ont été tués par balles par des inconnus au nord de la République Dominicaine. Le dernier cas remonte au 13 mai, dans la ville de Santiago. Auparavant, les cadavres de 2 Haïtiens tués par balles ont été retrouvés dans la localité de Don Pedro.
Des défenseurs de droits humains n’écartent pas que le nombre d’Haïtiens assassinés pourrait être bien supérieur à celui avancé jusqu’à présent.
Parallèlement, environ 2000 personnes ont déjà été rapatriées par la frontière nord-est de Dajabon / Ouanaminthe, selon des estimations du bureau central de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH), contacté ce 15 mai par AlterPresse.
Seulement le 13 mai, plus de 900 personnes, dont 370 enfants et 321 femmes ont été rapatriées, selon un décompte effectué par des organismes de défense des droits humains présents sur la frontière.
Un contingent de soldats de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH) a été dépêché dans la région frontalière nord-est du pays, muni de plus de 2 tonnes de nourriture et de médicaments. La MINUSTAH a indiqué à AlterPresse que la situation humanitaire est maintenant compliquée à Ounaminthe, où les organisations de secours sont débordées.
« C’est une situation extrêmement grave », a commenté une militante féministe dominicaine qui s’est rendue sur place. « Depuis 1991 on n’a pas constaté une telle situation, avec notamment des cas de violence sexuelle contre les femmes déportées », s’est-elle indignée.
Les réunions tenues jusqu’à présent entre les autorités civiles et militaires locales, des propriétaires agricoles et des représentants de la communauté de Hatillo, où les incidents ont commencé, n’ont pas encore permis un retour à la normale.
Au cours du week-end, la tension tendait à s’étendre dans d’autres communautés, dont Enriquillo, au sud de la République Dominicaine. Des organismes de la région ont fait savoir à AlterPresse que plusieurs résidences ont été attaquées par des Dominicains cagoulés à la recherche d’Haïtiens. On rapporte aussi que 21 Haïtiens ont été arrêtés probablement pour être expulsés.
Cette nouvelle vague d’hostilités contre les Haïtiens vivant en République Dominicaine a débuté le 8 mai dernier après l’assassinat à Hatillo d’une commerçante dominicaine. Le crime a été attribué à des Haïtiens. [gp apr 16/05/2005 00:15]