P-au-P, 13 mars 2020 [AlterPresse] --- Les cinq policiers nationaux, révoqués pour « sédition », ont été réintégrés au sein de l’institution policière, fait savoir le porte-parole de la Police nationale d’Haïti (Pnh), le commissaire Michel-Ange Louis-Jeune, lors d’une rencontre avec la presse, le jeudi 12 mars 2020, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Des dispositions étatiques ont été prises pour autoriser la création d’un syndicat au sein de la Pnh, indique Louis-Jeune.
Cette annonce de réintégration des policiers nationaux révoqués fait suite à un nouvel arrêté, reconnaissant le droit des policières nationales et policiers nationaux à se syndiquer.
Les policiers nationaux protestataires, renvoyés, le mardi 18 février 2020, par la direction générale de la Police nationale d’Haïti (Pnh), sont Yanick Joseph, agente II et coordonnatrice du syndicat de la Pnh, Jean Elder Lundi, inspecteur principal, Alberson Gros Nègre, agent II et Gédéon Mombrun, agent II.
Les policières nationales et les policiers nationaux « peuvent s’associer et s’organiser en syndicat, pour défendre leurs droits dans les conditions prévues par la loi », selon cet arrêté, publié, par le nouveau gouvernement irrégulier, dans la soirée du mardi 10 mars 2020.
Ce nouvel arrêté est venu comme une réponse gouvernementale à une nouvelle mobilisation de policiers nationaux, émaillée de violences, les lundi 9 et mardi 10 mars 2020, à Port-au-Prince, pour exiger la reconnaissance de leur syndicat, la réintégration des cinq policiers nationaux, révoqués le 18 février 2020, et de meilleures conditions de travail.
La nouvelle disposition, reconnaissant le droit des policières nationales et policiers nationaux à se syndiquer, amende l’article 11 de l’arrêté du 20 juin 2013, qui établit le statut particulier des membres du personnel de la Police nationale d’Haïti (Pnh).
Des organismes de droits humains saluent la décision de reconnaître la liberté syndicale des policiers
La décision, du pouvoir en place, de reconnaître le droit des policières nationales et policiers nationaux à se syndiquer pourrait apporter un soulagement dans la situation de crise, estime Me. Camille Occius, coordonnateur général de l’Organisation des citoyennes et citoyens pour une nouvelle Haiti (Ocnh), dans une interview accordée à AlterRadio/AlterPresse.
Pour sa part, le protecteur de la citoyenne et du citoyen, Renand Hédouville, se dit aussi satisfait de la décision du gouvernement de reconnaître la liberté syndicale au sein de l’institution policière.
Tout en regrettant que cette décision ait été prise beaucoup trop tard, l’Office de la protection de la citoyenne et du citoyen (Opc) exhorte le haut commandement de la Police nationale d’Haiti à mettre en place une structure permanente, pour maintenir la communication entre les policiers nationaux.
Le dialogue est un outil indispensable, rappelle l’Opc.
Dans la réalité, la décision, du pouvoir en place, de permettre aux policières nationales et policiers nationaux d’avoir un syndicat, au sein de l’institution policière, ne représente pas beaucoup, comparativement aux problèmes, auxquels est confronté le pays, selon Edmonde Supplice Beauzile, présidente du parti politique Fusion des sociaux-sémocrates, dans une interview à AlterRadio/AlterPresse.
Si les policiers ont utilisé leurs armes pour faire entendre leurs voix, d’autres secteurs peuvent utiliser d’autres formes de manifestations, fait remarquer le parti politique Fusion, soulignant combien la république d’Haïti est en crise. [mff emb rc 13/03/2020 12:40]