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Haiti : Nouveau rebondissement dans le dossier Neptune

P-au-P., 14 mai. 05 [AlterPresse] --- Le gouvernement haïtien a indiqué officiellement le 13 mai que l’ex premier ministre Yvon Neptune, incarcéré à Port-au-Prince et observant une grève de faim, jouit d’une « relative bonne santé ».

Dans un communiqué transmis à la presse, le ministère de la justice a indiqué que le prisonnier ne présente aucun signe d’insuffisance dans ses fonctions vitales. « Aucun déficit moteur n’est remarqué », selon un rapport d’une commission médicale, citée par le ministère. « Le détenu ne présente pas encore une altération corporelle pouvant justifier des mesures d’urgence immédiates », ajoute le communiqué.

Le gouvernement a précisé que Neptune jouit d’une « relative bonne santé, lui permettant, s’il n’était pas incarcéré de vaquer à toutes ses activités journalières ».

Le 11 mai, pour la deuxième fois en 3 mois, la Communauté des Caraïbes (Caricom) a exigé du gouvernement intérimaire la libération de Neptune, affirmant que la vie du détenu était gravement menacé. Dans une déclaration émise par le siège de la Caricom à Guayana, l’organisation a demandé aux Etats-Unis d’intervenir en faveur de la libération de Neptune.

Le 12 mai, le Conseil des Sages a demandé publiquement au gouvernement d’informer la population sur le cas de Neptune, « afin d’éviter d’autres dérives et une exploitation politicienne de la situation ».

Contacté par AlterPresse, le conseiller Christian Rousseau a estimé qu’« il n’est pas normal que le gouvernement ne se prononce pas sur le dossier ». Il a également souligné que « jusqu’à présent aucune information publique n’est disponible sur le dossier du massacre de la Scierie » (Saint-Marc, Nord, février 2004), qui constitue le motif de la détention de Neptune depuis en juin 2004.

Le porte-parole du gouvernement, Mike Jospeh, a réitéré le 12 mai à AlterPresse que depuis le premier mai, l’exécutif a laissé toute responsabilité du dossier Neptune à la justice. « Seule la juge Cluny Pierre Jules du tribunal de Saint-Marc a la responsabilité de gérer le dossier et de s’exprimer là -dessus », a-t-il dit.

Le Conseil a soutenu qu’ « au nom du principe du droit à la défense, Yvon Neptune, tout comme tous les autres prévenus-es, doit avoir la possibilité de se défendre des accusations portées contre lui. Au nom des Droits de la Personne, l’accès aux soins que requiert son état de santé doit lui être garanti, tout comme à tous les autres prévenus-es », a poursuivi le Conseil.

En même temps, le Conseil a exprimé « beaucoup d’inquiétude » à propos des « dérives de plus en plus marquées qui caractérisent la gestion politique du dossier ». Ces dérives, « observées tant chez les autorités haïtiennes que chez certains partenaires étrangers, en particulier la MINUSTAH, relayées par Luigi Enaudi, Secrétaire Général Adjoint de l’OEA, découlent du non respect de certains principes fondamentaux », a fait valoir le Conseil des Sages.

« Au nom de quelle légitimité particulière, le Pouvoir Exécutif, ou la Communauté Internationale, aurait-il le monopole de la raison humanitaire, ce au détriment du Système Judiciaire que l’on prétend vouloir aider à renaître des cendres qu’a particulièrement laissées le régime Lavalasse », s’est interrogé le Conseil.

Pour le Conseil des Sages, « les traitements de faveur accordés à Neptune sont déjà en soi des atteintes » aux principes d’égalité des citoyens devant de la loi, et « exiger sa libération inconditionnelle constitue un mépris de la Justice haïtienne et une atteinte grave aux droits des autres prévenus-es ». [gp apr 14/05/2005 16:00]