Note de presse du GARR
Soumis à AlterPresse le 13 mai 2005
Le GARR lance un appel pressant aux autorités haïtiennes pour demander à leurs homologues dominicains de mettre un terme à la chasse et aux rapatriements massifs d’haïtiens que les autorités de la République voisine sont en train d’effectuer à la frontière du Nord-Est. Ces actions ont été déclenchées, suite à l’accusation portée contre des haïtiens dans l’assassinat d’une commerçante dominicaine.
Selon les informations recueillies par le GARR, pour seulement la première moitié de la journée du vendredi 13 mai 2005, plus de 900 hommes, femmes et enfants, certains disposant de documents légaux de résidence ou de leur carte de citoyenneté dominicaine ont été expulsés vers Haiti. Ce flux ininterrompu s’est poursuivi tout au cours de la journée de ce même vendredi. Plusieurs autres incidents non confirmés ont été également rapportés dans la presse.
Selon le père Regino Martinez, directeur du Bureau « Solidaridad Fronteriza » établi à Dajabon, les Haïtiens ont été arrêtés dans la zone de Mao(Nord de la République Dominicaine) et emmenés à la frontière, la plupart les pieds nus, sans avoir eu le temps de ramasser leurs affaires. Aucune considération n’a été faite pour leur âge, le nombre d’années de résidence qu’ils ont dans le pays ou leur situation de légalité.
Les dominicains expulsés qui protestaient se sont entendus dire qu’ils devraient d’abord se rendre en Haïti et de là prendre contact avec la Junte Electorale(institution responsable des documents d’identité) pour vérifier leur nationalité, avant qu’ils soient habilités à regagner le sol dominicain. Les militaires et agents d’immigration sont restés insensibles au cri de certains haïtiens, parmi eux des enfants, qui voulaient contacter leurs familles avant d’être rapatriés.
Le GARR souligne à l’attention de l’opinion publique nationale et internationale que ces rapatriements et expulsions constituent des violations graves des droits de la personne. Ils ne respectent ni les conventions internationales en matière de rapatriement ni, non plus l’accord signé entre les gouvernements haïtien et dominicain en décembre 1999 concernant les procédures de rapatriement.
Le GARR note que ces chasses à l’homme, suivies d’expulsions massives, s’effectuent au même moment où les autorités dominicaines, par le biais de leur ambassadeur en Haïti, viennent d’annoncer la tenue du 13 au 15 mai 2005, à San Francisco de Marcoris(toujours au nord de la République Dominicaine), d’une rencontre binationale avec une délégation de divers secteurs haïtiens. Ces actions, malheureusement, ne traduisent nullement cette volonté de solidarité et d’amélioration des relations tant prônée.
Le GARR espère que le Ministre des Haitiens Vivant à l’Etranger qui participent actuellement à la rencontre de San Francisco de Marcoris en compagnie d’une délégation de plusieurs officiels, profitera de cette opportunité pour réclamer des autorités dominicaines l’arrêt de ces actes arbitraires contre les Haïtiens.
14 mai 2005
Colette Lespinasse
Coordonnatrice