P-au-P, 27 févr. 2020 [AlterPresse] --- Le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh) appelle les policières nationales et policiers nationaux syndiqués à se démarquer de l’extrémisme, dans un rapport en date du 25 février 2020, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Les attaques, perpétrées contre la Radio Télé Vision Caraïbes (Rtvc), dans l’après-midi du dimanche 23 février 2020, constituent encore un acte intolérable, dénonce le Cardh.
L’organisme de défense des droits humains exhorte les chefs de file du mouvement syndical à se démarquer de ces dérives et à limiter toute infiltration, dans la perspective de ne pas dénaturer les revendications des policières nationales et policiers nationaux.
Cette démarche leur permettra de continuer à bénéficier de la sympathie et du support de la population, conseille le Cardh, tout en soulignant combien les revendications des policières nationales et policiers nationaux sont justes.
« Aujourd’hui, le « mouvement », revendiquant un syndicat, s’apparente à un groupe d’ « extrémistes » au sein de la Police, déplore le Cardh.
Le Cardh cite, en exemples, : des actes de vandalisme et d’agressions, le vendredi 7 février 2020, dans les locaux de l’Inspection générale de la Police nationale d’Haïti (IgPnh) ; la tentative d’endommager, le lundi 17 février 2020, la direction générale de la Pnh ; des attaques armées, le mercredi 19 février 2020, contre le cabinet de Me. Samuel Madistin, président du Conseil d’administration de l’organisme de droits humains Fondasyon Je Klere (Fjkl) ; les attaques armées, le dimanche 23 février 2020, contre les locaux de Radio Télé Vision Caraïbes (Rtvc) ; des incendies de véhicules et d’autres biens.
Les locaux de la station privée Rtvc auraient été attaqués pour ne pas avoir obéi à l’ordre de descendre un drone, qui allait couvrir le début, annoncé, des festivités carnavalesques au Champs de Mars (à Port-au-Prince), relève le rapport du Cardh.
Dans une note, la Rtvc a condamné « avec la plus grande véhémence » la tentative d’incendie criminel de ses locaux, par des individus encagoulés, se réclamant du mouvement des policiers nationaux.
« Convaincue que ces actions ne sauraient être l’œuvre des policiers, qui doivent être vigilants, afin d’éviter de dénaturer leur lutte jugée noble, la Radio-Télé Vision Caraïbes a déclaré qu’elle ne se considérait pas l’ennemie de la Pnh, mais qu’elle ne l’accompagnerait pas, non plus, dans ses dérives », rappelle le Cardh.
La Rtvc avait décidé de suspendre ses émissions jusqu’à nouvel ordre.
Une situation de vive tension et de confusion a régné, le dimanche 23 février 2020, dans la capitale, Port-au-Prince, pendant que des policiers nationaux étaient en train de manifester, de nouveau pour réclamer de meilleures conditions de travail et la reconnaissance de leur syndicat.
Au moins 1 soldat, faisant partie des Forces armées remobilisées, en novembre 2017, par Jovenel Moïse, a succombé de ses blessures et un autre a été blessé, au cours de l’attaque contre le « Grand Quartier Général », au Champ de Mars, par des individus encagoulés, munis d’armes à feu.
Un policier, atteint d’une balle, s’est ensuite éteint, a indiqué le directeur général a.i. de la Pnh, Rameau Normil, en conférence de presse, le lundi 24 février 2020.
Normil a condamné les « accrochages armés entre militaires et policiers au Champ de Mars » et a donné la garantie que l’ « ordre public serait rétabli et maintenu ».
Le directeur général ad interim de la Pnh a aussi appelé toutes les policières nationales et tous les policiers nationaux à regagner leurs commissariats.
Lors des tensions, au moins huit policiers blessés par balles ont été admis à l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (Hueh), puis transportés à l’Hôpital (privé) Bernard Mevs, rapporte le Cardh. [emb rc apr 27/02/2020 09:50]