P-au-P, 21 févr. 2020 [AlterPresse] --- La directrice exécutive de l’organisme de défense des droits humains, la Fondasyon je klere (Fjkl), Marie Yolène Gilles, a dressé, le jeudi 20 février 2020, un sombre tableau d’Haïti, notamment en ce qui concerne le respect des droits humains, lors d’une session, à New York (États-Unis d’Amérique), devant le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), a observé l’agence en ligne AlterPresse.
La Fondasyon je klere critique l’irresponsabilité des autorités étatiques, qui ne protègent, ni ne respectent les droits de la personne humaine sur le territoire national.
Pour preuves, 30 cas de mort violente ont été dénombrés depuis le début de l’année 2020.
Des gangs armés, qui sont parfois mieux armés et mieux équipés que la Police nationale d’Haïti, occupent, aujourd’hui, des zones entières.
Plus de 150 gangs armés sont actifs, rappelle la Fjkl.
« Pour tenter d’exister politiquement, le pouvoir en place s’appuie, dans bien des cas, sur certains gangs et applique la stratégie de la guerre des gangs », particulièrement dans la zone de Martissant (périphérie sud de la capitale, Port-au-Prince), à moins de 5 km du palais présidentiel, ou encore dans la zone de Carrefour Shada, sur la route nationale numéro 1, et dans d’autres départements géographiques du pays.
La Fjkl fait état d’une véritable psychose de peur, chez toutes les catégories sociales, dont les étudiantes et étudiants, les écolières et écoliers, vu que la liberté de circulation n’est pas garantie, tout comme le droit à l’intégrité physique et à la dignité de la personne humaine.
La Fondasyon je klere soulève des cas de séquestrations de personnes et d’interception d’usagères et d’usagers des routes nationales, soumis à de mauvais traitements ainsi qu’à des viols collectifs sur des femmes.
Elle condamne les agissements d’escadrons de la mort, au service « des plus hauts échelons du pouvoir, ou avec leur accord tacite, leur garantissant l’impunité officielle ».
Par ailleurs, la Fondasyon je klere des cas de surfacturation, de vols, de détournements de fonds publics, de favoritisme et d’enrichissement illicite, au niveau de la gestion des fonds PetroCaribe de l’aide vénézuélienne à Haïti.
Elle cite, en exemples, le cas de Jovenel Moïse (installé comme président, le 7 février 2017), impliqué dans ces actes de corruption et de détournement de fonds publics, à travers des « firmes bidon ».
C’est le plus grand obstacle à la tenue de « procès justes et équitables sur la gestion de ces fonds ».
Plusieurs milliards de dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = 96.00 gourdes ; 1 euro = 111.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.00 gourdes aujourd’hui) de ces fonds publics ont été dilapidés.
Face à la situation socio-politique, qui échappe au contrôle de l’Etat, la directrice exécutive de la Fondasyon je klere souhaite le soutien du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) pour la création d’une unité spécialisée de lutte contre les gangs armés, au sein de la Police nationale d’Haïti.
La Fjkl appelle à l’organisation d’un procès sur les massacres, sur les cas de viols et sur la gestion des fonds PetroCaribe.
Une assistance, pour lutter contre la corruption, par le biais d’un renforcement du cadre normatif du pays, est également sollicitée.
La Fjkl demande au Conseil de sécurité de l’Onu d’aider Haïti à réussir sa période de transition, en vue du retour à l’ordre démocratique, brisé, selon elle, depuis le 13 janvier 2020, quand Jovenel Moïse a unilatéralement déclaré « caduc » le parlement.
Le mandat de la totalité de la chambre des députés et de 2/3 (20 sur 30 élus) du sénat est arrivé à terme, avait souligné Jovenel Moïse.
Des controverses persistent encore sur le nombre de sénateurs (1/3 ou 2/3), dont le mandat aurait effectivement expiré le lundi 13 janvier 2020 en Haïti. [emb rc apr 21/02/2020 10:00]