P-au-P, 13 févr. 2020 [AlterPresse] --- La Plateforme des syndicats d’enseignantes et d’enseignants haïtiens [1] s’alarme sur les graves conséquences de la criminalité généralisée, sur la communauté éducative en Haïti, dans une note de protestation transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
Cette forme d’oppression de la population serait systématiquement planifiée « par ceux-là mêmes, qui contrôlent les pouvoirs de l’argent et de la politique », dénonce la plateforme des syndicats d’enseignantes et d’enseignants haïtiens.
« Les assassinats, les enlèvements, les tentatives d’enlèvement et les menaces, dont sont victimes les différentes actrices et différents acteurs de l’éducation, et les simples citoyennes et citoyens, sans recours à aucun secours, constituent une preuve irréfutable de la détermination de nos dirigeants, à réduire le peuple haïtien à une situation de parias ».
La plateforme des syndicats d’enseignantes et d’enseignants haïtiens cite, en exemple, la tentative de kidnapping, en date du mardi 21 janvier 2020, contre les deux filles (6 et 8 ans) du maire principal de la Croix-des-Bouquets (nord-est de la capitale), Rony Colin, à proximité de leur école.
Elle évoque aussi l’assassinat, le 24 janvier 2020, de l’élève de 13 ans, Siara Salomon, ainsi que de son père, en sortant de l’école, toujours dans la commune de la Croix-des-Bouquets, ainsi que celui de Serena G. Lindor, 5 ans, à Martissant (périphérie sud de la capitale), alors que son père venait de la chercher de l’école.
Depuis des semaines, la population est terrifiée par les cas de séquestrations et d’assassinats, qui sévissent la zone métropolitaine de Port-au-Prince, constate la Plateforme des syndicats d’enseignantes et d’enseignants haïtiens.
« Aucune personne, au sein de la population, ne devrait point se croiser les bras, pour attendre, en silence, son tour d’être broyé par cette machine infernale. Personne ne devrait rester dans l’indifférence, face à ce danger imminent, qui plane sur la tête de chaque être humain, qui vit dans l’espace haïtien », conseille-t-elle.
En critiquant la passivité des organismes internationaux sur le malheur du pays, la Plateforme des syndicats d’enseignantes et d’enseignants haïtiens demande à la population de ne pas détourner son attention sur les actes de corruptions, perpétrés dans le pays, plus précisément le pillage du Fonds national de l’éducation (Fne).
Cette semaine, le niveau d’anxiété a atteint des proportions inimaginables, chez écolières et écoliers, ainsi que chez les parents, devant la multiplicité des cas d’enlèvements de personnes, y compris d’élèves, en divers endroits, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.
Exprimant leurs peurs et angoisses, les écolières et écoliers parlent de la situation de criminalité, qui pourrait les affecter dans leurs établissements scolaires et leur causer des traumatismes irréparables.
Aucune mention n’est faite sur le suivi des programmes, qui avaient déjà subi un coup terrible, durant la période (septembre, octobre et novembre 2019) de « pays locked » (paralysie totale des activités) sur le territoire national en Haïti.
Les responsables d’établissements scolaires évoquent également leurs craintes, non seulement sur le personnel éducatif, mais aussi et surtout sur les enfants, qu’ils ont recommencé à recevoir, depuis début décembre 2019, pour certaines écoles, et depuis début janvier 2020, pour d’autres, après les trois mois de suspension forcée, selon plusieurs témoignages et appels de détresse, recueillis par l’agence en ligne AlterPresse. [dj emb rc apr 13/02/2020 14:20]
[1] La Plateforme des syndicats d’enseignantes et d’enseignants haïtiens regroupe l’Union nationale des normaliennes/normaliens et éducatrices/éducateurs d’Haïti (Unnoeh), le Centre national de l’expertise hospitalière (Cneh), le Groupe d’initiative des enseignants en lutte (Giel), la Ligue nationale des enseignantes et enseignants haïtiens (Lineh), le Réseau national des enseignants progressistes d’Haiti (Renateph) et le Réseau des enseignants et enseignantes haïtiens (Reeh).