P-au-P., 11 mai. 2005 [AlterPresse] --- Une atmosphère de tension a dominé la fin de la marche des étudiants contre l’insécurité et la misère dans les parages du bureau du premier ministre Gérard Latortue à Bourdon (à l’est de la capitale), où quelques centaines de personnes ont condamné la politique gouvernementale.
Des tirs intenses ont été entendus dans le périmètre du bâtiment, fortement gardé par les troupes de la Mission des Nations unies pour la stabilisation d’Haïti (Minustah). Cette situation a provoqué le mécontentement d’un dernier groupe d’étudiants qui était resté sur place après le départ de la plupart des manifestants.
La police est intervenue pour évacuer l’espace et convaincre les étudiants de laisser les lieux. Pour exprimer leur colère, ils ont jeté des pierres et toutes sortes de débris sur la voie publique, paralysant momentanément la circulation des véhicules dans le secteur.
En face du bureau de Latortue, la marche, qui avait été préalablement divisée, s’était unifiée pour condamner la politique du gouvernement provisoire. Les manifestants ont fait part de leur frustration de voir que « le gouvernement n’a rien fait pour baisser les prix et arrêter la vague d’insécurité ».
« A bas kidnaping », scandaient les manifestants, faisant allusion au phénomène de rapt qui a pris une ampleur sans précédent ces dernières semaines en Haiti. Ce 10 mai encore, 3 personnes au moins ont été séquestrées et une d’entre elles libérée le même jour par la police et la Minustah lors d’une opération à Bel-Air (centre de la capitale), a rapporté la presse.
Claude Joseph, du Grand front national des étudiants haïtiens (Grafneh), qui a convoqué la marche, a déclaré à des journalistes que le gouvernement doit interpréter l’initiative comme un « avertissement ».
Pour sa part, un dirigeant étudiant de la Faculté des sciences humaines (Fasch) de l’Université d’État d’Haïti (Ueh), a rendu « le gouvernement et la bourgeoisie » responsables de la détérioration de la situation sociale et économique.
Peu de représentants de secteurs politiques et économiques ont pris part à la manifestation. On a remarqué cependant la présence de Michel André du parti Konfederasyon inite demokratik (Kid) et de Charles Baker de l’Association des industries d’Haïti (Adih).
« Nous sommes ici pour demander au gouvernement d’établir les conditions nécessaires pour la réalisation de bonnes élections », a déclaré André. Les élections générales sont prévues pour octobre, novembre et décembre prochains.
La marche a été dominée par la discorde. Pratiquement, la manifestation s’est divisée en 2 initiatives séparées, une du Grafneh et une autre conduite par les étudiants de la Faculté de Sciences Humaines. A Bourdon, deux dirigeants estudiantins opposés en sont même venus aux mains. La police est intervenue pour les calmer.
Les manifestants s’étaient arrêtés devant la base de la Minustah à Bourdon, lançant des slogans hostiles à la présence des troupes de l’Organisation des Nations unies (Onu) et à l’insécurité. Tandis que des casques bleus et des véhicules blindés établissaient un cordon de sécurité, des manifestants ont qualifié les casques bleus de « turista », pour signifier que leur présence s’assimile plus à du tourisme qu’à une mission de paix. [gp apr 11/05/2005 13:30]