P-au-P, 15 janv. 2020 [AlterPresse] --- « Nous avons tout perdu ! Nous avons entre les mains de l’argent d’escomptes, des prêts, que nous ont octroyés des amis ! Nous avons vendu ce que nous possédons pour les investir dans notre commerce ! », exprime, avec désolation, aux micros d’AlterRadio et d’AlterPresse, un petit commerçant, victime dans l’incendie, éclaté, dans la soirée du lundi 13 janvier 2020, au marché public Gerit, situé dans la zone de Croix-des-Bossales (centre-ville de Port-au-Prince).
Ce petit commerçant victime venait tout juste d’acheter à crédit des marchandises, qui ont été consumées, dans les flammes de l’incendie suspect du lundi 13 janvier 2020.
L’incendie du lundi 13 janvier 2020 est l’oeuvre de gangs armés, en rivalité avec d’autres gangs armés. Tous les jours, ces gangs armés viennent nous rançonner et recueillir des recettes, sans être inquiétés par la police, absente dans la zone du marché de la Croix-des-Bossales, selon plusieurs témoignages recuellis par AlterRadio et AlterPresse.
D’importants dégâts ont été enregistrés dans l’incendie de ce marché de vêtements importés, déplorent les petites commerçantes et petits commerçants, critiquant les autorités, qui n’ont pas pris des dispositions diligentes pour circonscrire à temps le sinistre.
« Il nous a été impossible de pénétrer dans la zone, durant l’incendie, à cause des coups de feu, entendus çà et là. Avant que les sapeurs-pompiers arrivent sur les lieux, le feu s’est propagé dans plusieurs dépôts de marchandises », explique, en sanglots, une petite commerçante.
Les autorités gardent souvent le silence devant l’ampleur des incendies répétés, au marché de la Croix-des-Bossales, fustige-t-elle, soulignant combien elle se trouve, à présent, dans l’incapacité de payer l’écolage de ses enfants et de subvenir aux besoins familiaux.
« Il n’y a pas de présence policière dans la zone. On nous rançonne chaque jour. Nous sommes livrés à nous-mêmes », témoigne un autre petit commerçant, dont les marchandises ont été également consumées dans les flammes de l’incendie du lundi 13 janvier 2020.
Dans une note, l’organisation Konbit ayisyen pou lojman altènatif (Kayla) exhorte la justice, la police et le conseil municipal de Port-au-Prince à prendre leurs responsabilités dans le dossier du nouvel incendie au marché Gerit.
Kayla invite les petites commerçantes et petits commerçants à s’organiser, à travers une association regroupant les victimes de l’incendie 13 janvier 2020, pour forcer l’État à les dédommager pour les pertes subies.
Les organisations de droits humains doivent accompagner les victimes à trouver justice et réparation auprès de l’État, encourage Kayla.
L’origine de ce nouveau sinistre à la Croix-des-Bossales n’est pas encore déterminée.
Dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 janvier 2020, un incendie d’origine inconnue a éclaté dans des habitats de fortune, érigés par des commerçants à l’angle des rues du Centre et d’Ennery, ài Port-au-Prince, rapporte le quotidien « Le Nouvelliste ».
Depuis plusieurs années, des incendies répétés sont mis dans différents marchés publics, y compris de la Croix-des-Bossales, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, par des gangs armés, qui cherchent à contrôler les espaces de vente de marchandises.
Les poursuites sont rares, au niveau de la justice, pour retrouver et sanctionner les auteurs de ces forfaits, qui continuent à semer la désolation, le désarroi et l’anxiété chez un nombre important de familles de petites commerçantes et de petits commerçantsm dans plusieurs marchés publics à Port-au-Prince. [wl mj emb rc apr 15/01/2020 16:00]