P-au-P, 10 janv. 2020 [AlterPresse] --- 10 ans après le tremblement dévastateur du mardi 12 janvier 2010, qui a fait environ 300 mille morts et d’immenses dégâts matériels, il y a une persistance des constructions anarchiques, sur le territoire national, en Haïti, alerte, dans une interview à l’agence en ligne AlterPresse, l’ingénieur-géologue Claude Préptit, directeur général du Bureau des mines et de l’énergie (Bme) et principal responsable de l’Unité technique de sismologie (Uts) [1].
Dix après le tremblement de terre dévastateur du mardi 12 janvier 2010, le régime politique tèt kale tend à banaliser ce qui s’est passé, relèvent plusieurs observatrices et observateurs.
Aucun mémorial de souvenir des milliers de personnes, décédées dans le tremblement de terre du 12 janvier 2010, n’a été érigé.
Les différents problèmes cruciaux, identifiés après le séisme du mardi 12 janvier 2010, concernent la persistance des constructions anarchiques sur le territoire national, l’utilisation de matériaux de construction de mauvaise qualité, la passivité de l’État haïtien à mettre de l’ordre dans le domaine de la construction, déplore Préptit.
Le sismologue évoque des problèmes d’éducation à ce niveau et le manque de connaissances sur les comportements à adopter, lors d’un tremblement de terre.
Malheureusement, l’État haïtien n’a pas les moyens adéquats pour répondre aux problèmes de construction.
Donc, c’est à la population de collaborer et de mieux construire ses logements, préconise l’ingénieur sismologue Préptit.
« La solution, c’est de construire de manière à ce que les bâtiments puissent répondre aux phénomènes sismiques. C’est nous, qui vivons dans les bâtiments, avec nos enfants, nos familles. Donc, c’est à nous de réagir et de porter main forte à l’État haïtien en ce sens », conseille-t-il.
En perspective, le Bureau des mines envisage un plan national de réduction du risque sismique, en vue d’aborder les problèmes de construction sismique en profondeur.
301 tremblements de terre, pour la plupart de petites secousses de magnitude comprise entre 1 et 4.8, ont été enregistrés de 2015 à 2020 en Haïti, fait savoir le Bureau des mines et de l’énergie.
A partir de 2015, un réseau de surveillance technique a été mis sur pied, en vue d’obtenir des informations partielles sur la quantité de secousses, survenues dans le pays, après le séisme du 12 janvier 2010.
« Il n’y a pas eu de gros tremblements, dans le pays, après le 12 janvier 2010, mis à part celui qui a été enregistré à Port-de-Paix en 2019, soit de magnitude 5.9 », précise l’ingénieur-géologue Preptit.
En 10 ans, le département du Sud-Est a subi plus de secousses.
Viennent, ensuite, l’Ouest, où se trouve la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, le Nord-Ouest et les Nippes (une partie du Sud-Ouest d’Haïti), a relevé, en 2019, le Bureau des mines et de l’énergie (Bme), qui affirme prêter une attention particulière à ces quatre départements géographiques, en rapport à d’éventuels tremblements de terre sur le territoire national en Haïti. [dj emb rc apr 10/01/2020 16:50]
[1] Créée le 7 février 2011, par décision du Ministère des travaux publics, transports et communications (Mtptc), en vue de répondre aux multiples attentes, générées par le séisme dévastateur du 12 janvier 2010, l’Unité technique de sismologie (Uts) a pour mission et attributions :
a) Surveiller la sismicité locale et régionale, liée à l’activité des failles actives, par le biais des enregistrements en provenance des stations sismiques et accélérométriques, et des mesures de géodésie spatiale par Global positioning system (Gps, un système de positionnement par satellites) ;
b) Centraliser et archiver les données sismologiques, à des fins de recherche en Sciences de la Terre ;
c) Établir des liens de coopération régionale, avec les pays des Caraïbes, par l’échange continu de données sismologiques, d’informations et de personnel ;
d) Contribuer à l’information préventive et à la divulgation des connaissances, dans le domaine du risque sismique, ainsi qu’à la formation en matière de géologie, géophysique, tectonique, gestion de réseau sismique, etc. ;
e) Oeuvrer à la prise en compte de l’aléa sismique, dans le cadre de la reconstruction du pays.