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Haiti : Désaveu de l’action du gouvernement Latortue

P-au-P., 10 mai. 05 [AlterPresse] --- Des secteurs politiques, économiques et sociaux entrent dans un processus de mobilisation intersectorielle contre la gestion faite par l’actuel gouvernement intérimaire de la situation socio-économique, considérée chaotique.

Les étudiants, groupés au sien du Grand Front National des Etudiants Haitiens (GRAFNEH) appellent à une mobilisation contre l’impunité, l’insécurité et la cherté de la vie, dans un contexte marqué par le mécontentement de la population.

« Non, c’en est trop ! Nous sommes fatigués ! », répète un spot diffusé sur plusieurs stations de radio pour sensibiliser à une marche, prévue pour ce 11 mai à Port-au-Prince.

A l’Institut National d’Administration et de Gestion de l’Université d’Etat d’Haiti (INAGHEI), point central de ce mouvement, les étudiants justifient leur initiative. Plusieurs d’entre eux, qui ont pris part la mobilisation estudiantine contre l’ancien régime de Jean Bertrand Aristide, ont souligné le prix élevé du carburant (environ 4 dollars par gallon) et le fait que « les pauvres ne peuvent pas manger ». Les étudiants estiment que « cette situation ne peut continuer », avec des meurtres, des rapts, qui « n’épargnent personne ».

Il n’y a pas d’unanimité au niveau de l’ensemble des étudiants. Des voix se sont élevées au niveau de la Faculté des Sciences Humaines pour alerter les uns et les autres sur la question de l’autonomie du mouvement qui ne serait pas garantie.

A la veille de la marche prévue pour le 11 mai, 13 partis et plates-formes politiques et sociales ont signé un document de concertation pour « mobiliser le peuple contre l’insécurité, pour l’amélioration de la qualité de la vie et pour la réalisation d’élections ». Parmi ces organisations, figurent les partis Fusion les Sociaux-Démocrates, la Confédération Unité Démocratique et la plate-forme civile nommée Groupe des 184.

L’initiative de la marche bénéficie de l’appui des secteurs patronaux. « Le secteur privé a décidé de soutenir à 100% cette marche contre l’impunité, l’insécurité et l’inflation », a déclaré Charles Baker, dirigeant de l’Association d’Industries de Haïti (ADIH). « Nous avons définitivement compris que nous devons nous mobiliser pour sortir le pays de l’abime », s’est-il exclamé.

Sur le coût de la vie, Baker a considéré que des mesures nécessaires au contrôle de l’inflation n’ont pas été prises depuis un an par le gouvernement.

Depuis plusieurs semaines des secteurs sociaux tentent de contraindre le gouvernement à baisser le prix du carburant et celui du transport. Pour exiger cette baisse, le 6 mai, des dizaines de militants syndicaux, des féministes, des défenseurs de droits humains et des membres de plusieurs autres organisations sociales ont effectué un sit-in devant le ministère du commerce. Ils ont qualifié les membres du gouvernement d’ « employés du Fond Monétaire International (FMI) » et de « vendeurs de patrie ».

Ce gouvernement est « insensible à la misère des masses populaires », ont déclaré des participants au sit-in. Ils ont fait valoir que le seul secteur qui tient ce gouvernement à cœur est celui du commerce, « le bord de mer », qui bénéficie de l’exonération sur des taxes et de subventions d’autres natures, alors que 80% de la population « croupissent dans la misère ».

A propos de l’insécurité, l’industriel Charles Baker a déploré la faiblesse de la police qui n’arrive pas à mater les actions des fauteurs de troubles et a estimé que « l’impunité est une des principales sources de l’insécurité ».

Durant une tournée dans le Sud d’Haiti, le premier ministre Latortue a lancé un appel à la patience. « Nous devons travailler patiemment pour trouver des solutions », a déclaré Latortue. Latortue a réfuté les critiques des membres du secteur privé, qui « ne savent pas que les choses sont beaucoup plus complexes ».

Le 8 mai dernier, la police a annoncé la libération d’au moins 2 personnes séquestrées et l’arrestation de 15 individus durant une opération contre le kidnapping et le vol de véhicules dans différents quartiers de la capitale.[gp apr 10/05/2005 18:00]