Par Marc A. Archer [1]
Soumis à AlterPresse le 6 mai 2005 [2]
L’environnement, disait un ami, agronome, est le cadre de vie et l’ensemble de facteurs positifs et négatifs qui affectent la vie des êtres vivants en général et de l’être humain en particulier.
En effet, l’environnement est un ensemble de conditions naturelles (physiques- chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) dans lesquelles les organismes vivants (en particulier l’être humain) se développent. L’être humain, animal sociable, a besoin d’un cadre dans lequel évoluer. L’homme, Homo Faber, a besoin d’un cadre pour le transformer, d’un environnement duquel puiser ce dont il a besoin.
Cela veut donc dire que l’Individu, conscient de sa présence, de son impact sur l’environnement, doit maintenant comprendre l’importance d’un environnement sain et par conséquent, savoir qu’il a des obligations envers lui. Il aura à y puiser ce dont il aura besoin pour subvenir à ses besoins en évitant de porter préjudice aux générations futures.
Pour ne pas porter préjudice aux générations futures, les relations de l’Individu avec son environnement doivent être régulées par l’Etat. Et, pour que la régulation de l’intervention de l’homme sur l’ENVIRONNEMENT, sur le MILIEU AMBIANT, soit efficace, il faut établir une base consensuelle avec la société civile, avec l’opinion publique.
Voilà donc établie une structure de fonctionnement idéal.
La structure fonctionnelle décrite permet d’apprécier le réseau de relations, d’influences, d’interactions qui s’établit entre les intérêts des groupements d’individus (à travers leurs activités), l’Etat et la Société Civile ainsi que la pression à laquelle l’environnement est soumis.
L’être humain étant le seul, capable de modifier l’environnement à sa guise et sans penser aux conséquences, il faudra donc que l’Etat, joue un rôle contraignant, structurant et que son intervention soit contrôlée par l’Opinion Publique qui devra non seulement avoir à contrôler l’intervention de l’état mais aussi les dérives possibles qui peuvent avoir lieu dans l’exploitation économique de l’environnement.
Cette structure fonctionnelle proposée, apparemment simple, est d’une complexité extrême vu l’enchevêtrement d’intérêts qui se produit en son sein. Certains des acteurs vont se constituer en « Juge et Partie à la fois », surtout dans un contexte d’absence de réglementation environnementale et de déréglementation générale comme c’est le cas actuellement en Haïti.
Je vous demanderais, chers lecteurs, quelques minutes de réflexion sur ce point.
L’Etat a donc cette obligation de créer un Cadre Légal, Structurant et Valorisant permettant de faire de l’Environnement un Levier du Développement du pays et obligeant à l’Haïtien à le Protéger et à l’Exploiter à son Profit - L’Exploitation Durable (je préfère le mot SOUTENABLE), qui éviterait « l’Appauvrissement Durable », Permanent .
L’Environnement, dans le cas d’Haïti, c’est notre Richesse, c’est notre Futur. Et nous devons y croire. Cet ensemble de ressources qu’est l’environnement, mises à la disposition de l’être humain par la Nature a cependant un Caractère Fini, non Illimité. Il faut donc prendre en considération que le maintien des activités humaines, le développement économique, la survie de l’être humain dépend de la Qualité et de la Protection adéquate du milieu naturel et des ressources qu’il contient. Il faut donc un Cadre de Vie. Ce cadre de vie ne peut exister que sur la base d’un large Consensus qui doit être l’aboutissement logique de Démarches Réflexives devant avoir lieu au sein même de la société.
Il est donc clair que dans cette démarche, nous devons, chacun de nous en tant qu’individu pris de façon isolée, et, globalement en tant que société, dépasser nos intérêts mesquins, personnels, corporatifs, nationalistes, pour nous placer dans un cadre de Solidarité Collective, Nationale, Globale qui fasse de notre environnement ce Levier pour notre Développement économique et social. Il nous faut mettre sur pied des stratégies de développement basées sur l’exploitation rationnelle de cet environnement.
Voilà la Démarche Eco-Citoyenne à laquelle nous devons aboutir et à laquelle je voudrais vous convier. Voilà la citoyenneté à développer, un Engagement à l’Action Concrète et Durable pour l’Environnement Quotidien. Les autres pays, là encore sont très en avance par rapport à nous.
Dans ces pays, ils se sont rendus compte, à temps, que la désertification de certaines régions à cause de l’abattage sauvage, indiscriminée d’arbres, que l’épuisement des terres agricoles à cause de pratiques culturales inadéquates, que la pollution des sols et des eaux en raison des engrais et rejets industriels de toute sorte, que la pollution de l’air liée à l’émission de gaz toxiques ; que tous ces phénomènes avaient une conséquence directe et immédiate sur leur vie, se traduisant par une réduction de la biodiversité, par le déclenchement de certaines infections ou maladies , des déplacements de population pour survivre , des situations d’appauvrissement pour d’autres, etc.
Ils se sont rendus compte, ils ont adopté des mesures de protection de leur patrimoine commun parce qu’ils le considèrent :
Une obligation juridiquement sanctionnée
Un enjeu mondial, synonyme de responsabilité envers les générations futures.
Et, en plus, cela devient pour eux une activité économiquement rentable grâce à l’émergence de toute une série d’activités productives liées à la protection de l’environnement, à la valorisation de cet environnement : les industries propres, l’éco-industrie.
Dans un tel contexte mondial, face à de graves problèmes environnementaux, faire appel à la conscience citoyenne de l’individu, à son sens de la responsabilité est le seul moyen d’obtention de résultats immédiats pour sauver notre environnement et, faire avancer Haïti dans le sens du progrès. Entreprendre des actions, même isolées, faciliter l’apparition d’une mentalité différente qui tienne compte de l’importance des valeurs environnementales dans le développement d’Haïti est le chemin le plus rapide, et peut-être le seul, vers la consolidation de notre société, vers notre survie identitaire.