P-au-P, 31 déc. 2019 [AlterPresse] --- Les activités scolaires, au cours de l’année 2019, ont été fortement paralysées, lors des mouvements de protestations antigouvernementales, visant à exiger la démission du président Jovenel Moïse, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
L’insécurité, qui sévit à travers le territoire national, a aussi affecté grandement le fonctionnement des activités scolaires, dans certaines zones du pays, déclarées « zones de non droit », comme à La Saline (quartier populaire, non loin du bord de mer de la capitale) et à Martissant (périphérie sud de Port-au-Prince).
Dans d’autres villes de province, des écoles ont été contraintes de fournir des sommes d’argent, à des groupes de gangs armés, afin de garantir le fonctionnement des activités scolaires.
« Un directeur d’école, qui a témoigné sous couvert d’anonymat, a fait savoir à AlterPresse que 150 mille gourdes ((ndlr : US $ 1.00 = 96.00 gourdes ; 1 euro = 111.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.00 gourdes aujourd’hui) lui ont été réclamées ».
La rareté des produits pétroliers, enregistrée de nouveau, en août, septembre et octobre 2019, a également perturbé la circulation automobile, notamment les transports en commun, qui desservent, en temps normal, une bonne partie des écolières et écoliers.
La réouverture des classes, fixée au lundi 9 septembre 2019, n’a pas pu avoir lieu.
Les syndicats d’enseignantes et d’enseignants ont organisé une journée de mobilisation, le lundi 9 septembre 2019, en vue de dénoncer le manque d’engagement de l’État envers le système éducatif.
Des mobilisations d’enseignantes et enseignants ont eu lieu, le lundi 21 octobre 2019, dans les rues, à Port-au-Prince (département de l’Ouest), Jérémie (Grande Anse, une partie du Sud-Ouest d’Haïti), Saint Marc (Artibonite) et aux Cayes (Sud), pour exiger la démission de Jovenel Moïse, considéré comme impuissant et incompétent à mener la barque du pays.
La démission de Jovenel Moïse faciliterait la reprise des activités scolaires, ont-ils estimé.
La difficile reprise des activités scolaires
Des élèves, professeurs et responsables du lycée national de La Saline (non loin du bord de mer de Port-au-Prince) ont protesté, le lundi 23 décembre 2019, pour réclamer des conditions sécuritaires pertinentes, en vue d’une reprise normale des activités scolaires dans le lycée.
Les activités scolaires ont redémarré timidement, début décembre 2019, sur fond de crise socioéconomique et politique, après trois mois de blocage intensif (septembre, octobre et novembre 2019).
Les élèves se sont rendus dans les établissements scolaires sans uniformes> beaucoup d’entre eux/elles se sont fait accompagner de leurs parents, par mesure de précaution.
Le badigeonnage des écoles par des matières fécales
Les mouvements de protestations, pour réclamer la démission de Jovenel Moïse, n’ont pas épargné les établissements scolaires, qui tentaient de rouvrir leurs portes, début décembre 2019.
À Port-au-Prince et dans des villes de province, des établissements scolaires ont été saccagés et/ou badigeonnés de matières fécales.
Le lundi 18 novembre 2019, le Collège Canapé Vert à Port-au-Prince a été découvert, badigeonné d’excréments humains.
Le 20 novembre 2019, le gouvernement démissionnaire a condamné ces actes de vandalisme contre les écoles, les églises et les institutions publiques.
« Ce sont des actes, qui ternissent l’image d’Haïti et n’offrent aucune garantie à l’avenir de nos enfants », a dénoncé le gouvernement démissionnaire, appelant les parquets près de différents tribunaux à mettre l’action publique en mouvement contre les auteurs.
Dans le Nord-Ouest, le lundi 2 décembre 2019, le Grand Collège Universel a été saccagé, la barrière principale défoncée, a dénoncé son directeur Kerly Dubréus.
Dispositions prises par le Menfp
Le titulaire démissionnaire du Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp), Pierre Josué Agénor Cadet, a sollicité la compréhension des actrices et acteurs, pour faciliter une reprise des activités scolaires.
Un calendrier scolaire officiel réaménagé a été présenté, le mercredi 11 décembre 2019, pour l’année académique 2019-2020, fixant le retour des classes pour le mardi 7 janvier 2020.
Ce calendrier scolaire officiel réaménagé, qui comprend 140 jours de classe et 6 jours de congé, vise exclusivement les écoles, qui n’ont pas pu fonctionner, de septembre à novembre 2019.
Rien n’est dit sur les écoles, qui n’ont pas fonctionné depuis septembre 2019.
Quelques jours, avant le lancement officiel de la réouverture des classes, le 9 septembre 2019, le Menfp était en conflit ouvert avec la maison d’édition Henri Deschamps, en ce qui concerne la subvention des manuels scolaires.
Pierre Josué Agénor Cadet avait accusé la maison Henri Deschamps de vouloir « monopoliser le marché », et d’augmenter le prix de la subvention.
Aucun contrat n’a été encore signé avec les responsables du Menfp, avait indiqué le directeur général de la maison Henri Deschamps, Peter Frisch, peu de temps avant le 9 septembre 2019.
Plusieurs syndicats d’enseignantes te d’enseignants ont élevé la voix contre la non disponibilité, avant septembre 2019, de la subvention des livres dans les librairies.
Il s’agissait de la plateforme des syndicats enseignants haïtiens qui regroupe la Confédération nationale des éducatrices et éducateurs d’Haïti (Cneh), l’Union nationale des normaliens/nes et éducateurs/trices d’Haïti (Unnoeh) et le Réseau des enseignants et enseignantes haïtiens (Reeh), entre autres.
En réalité, les parents d’élèves n’ont rien su de ce qui est advenu, depuis juin 2019, du programme de subvention des livres scolaires en Haïti. [mj emb rc apr 31/12/2019 12:45]