Par Jacob Jean-Jacques*
Soumis à AlterPresse
Universitaires, écoliers, écrivains, slameurs, ils étaient plus d’une trentaine à se rassembler au Lycée Faustin Soulouque le mardi 17 décembre 2019 autour de Me Clarens Lindor (philosophe de formation), porteur de la conférence sur le sujet formulé comme suit :"laïcité, condition nécessaire à la vie démocratique".
Le Centre de Recherches et d’Études Littéraires (CREL) avait trouvé pertinent et urgent même de faire de la 6e édition de LIVAKTE camping une occasion pour attirer l’attention de la jeunesse haïtienne sur quelques handicaps de la machine dite démocratique de l’État haïtien comme le défaut de laïcité et l’inégalité des chances en éducation. Voilà ce qui justifie la conférence du mardi 17 décembre 2019, au local du lycée Faustin Soulouque, en rapport à la thématique de prochains ateliers de réflexion qui auront lieu au jardin du livre (Marose, Petit-Goâve) les 27 et 28 décembre 2019, sous la direction d’Angello Jolivain, philosophe de formation.
Le conférencier, en rancérien convaincu, a souligné pour le public le fait que la démocratie soit l’affaire de "n’importe qui", selon le principe d’égalité des citoyens et citoyennes. Ce régime suppose le respect des différences et la mise en valeur de la diversité. Il prône un pouvoir vécu selon un rapport horizontal entre les gouverneurs et les gouvernés, impliquant naturellement la reddition de compte, par exemple.
Or, l’église est structurellement dans la démarche inverse. La religion serait dans une logique verticale entre le divin et l’homme, favorable à l’émergence des régimes politiques totalitaires. Toutefois, le philosophe a nuancé que si la laïcité est indispensable à la vie démocratique, une société dite laïque n’est pas forcément démocratique. Il reconnaît aussi, l’effort de l’église Catholique dans la lutte contre le régime dictatorial de Jean Claude Duvalier.
L’un des participants, a attiré l’attention du du public sur la place de l’église catholique dans la diplomatie haïtienne et les privilèges exclusifs accordés à cette institution religieuse par l’État haïtien. "C’est déjà un danger majeur de remettre l’éducation des citoyens d’une république démocratique entre les mains de l’église", a souligné, un membre du CREL.
Me Clarens Lindor clôture son intervention en martelant avec conviction :"la lutte pour un État laïque et démocratique doit être menée dans les écoles comme dans les églises. Il s’agit de travailler l’émergence d’une politique publique de l’altérité favorable à la cohabitation égalitaire et équitable des religions ; qui protège les majorités ainsi que les minorités."
Ce combat est pris très au sérieux avec CREL qui vient de frapper à la porte de Solidarité laïque Haïti en vue d’un partenariat sur le projet LIVAKTE. Il est à rappeler que la 6e édition cet événement culturel annuel aura lieu du 26 au 29 décembre 2019, au jardin du livre. (Libre accès gratuit entre 8h00am et 3h45pm, les trois premiers jours)
* Enseignant
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