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Haïti-Crise : Le Cardh recommande à Jovenel Moïse de laisser le pouvoir le 7 février 2020

P-au-P, 19 déc. 2019 [AlterPresse] --- Le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh) recommande au président Jovenel Moïse d’écourter son mandat et de laisser le pouvoir le 7 février 2020, dans un rapport dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Cette démission de Jovenel Moïse devrait se faire au terme de négociations sérieuses et responsables, afin d’arriver à un accord politique légitime et à une feuille de route devant guider le pouvoir de transition, réclamé par toute la population, explique le Cardh.

L’organisme de droits humains conseille d’utiliser les acquis de l’accord de Marriot du 10 novembre 2019, « afin d’établir un accord tangible, pour une transition réaliste de sortie de crise, en offrant des alternatives consensuelles et légitimes, de remplacement du président, et en définissant clairement la transition ».

A l’exemple des signataires de l’accord du 10 novembre 2019, le Centre d’analyse et de recherche en droits humains préconise également la création d’un Conseil national de transition, avec des personnalités respectables et compétentes, incluant aussi des jeunes ayant fait preuve d’engagements et de responsabilité citoyenne.

Selon l’opposition politique, le Conseil national de transition ou Autorité nationale de transition devrait avoir pour mission de superviser et de contrôler les actions du pouvoir exécutif de transition, jusqu’en février 2022.

Sur le plan institutionnel et légal, des mesures doivent aussi être adoptées pour mener à terme les élections générales inclusives, transparentes et participatives.

Une grande partie du parlement ne sera plus fonctionnelle, à la fin du mandat de l’ensemble des députés (119 députés) et deux tiers du sénat (20 sur 30 sénateurs) de la république d’Haïti.

Les élections législatives, préalablement prévues en octobre 2019, n’ont pas pu avoir lieu en Haïti.

Face à ce vide parlementaire, Jovenel Moïse pourrait diriger le pays par décrets, en janvier 2020.

Entre-temps, Jovenel Moïse souhaite « mettre en place, avant la fin de l’année 2019, un gouvernement d’union nationale », au terme de négociations engagées avec différents secteurs politiques, alors que l’opposition radicale ne jure que par sa démission.

Par ailleurs, il convient, selon le Cardh, d’adopter un budget pour l’année 2019-2020, axé sur une politique d’austérité et une approche d’efficacité, de renforcer et d’harmoniser, dans une perspective d’efficacité, les rapports entre les institutions de lutte contre la corruption.

Il s’agit spécialement des institutions, comme l’Unité de lutte contre la corruption (Ulcc), la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca), l’Unité centrale de renseignements financiers (Ucref), le Bureau des affaires financières et économiques (Bafe), l’inspection générale des finances (Igf) et les parquets pr ès les tribunaux civils.

Le Centre d’analyse et de recherche en droits humains souhaite la publication du rapport de la Cscca sur les 25% restants du fonds PetroCaribe.

Deux rapports de la Cscca, publiés en janvier et juin 2019, ont indexé plusieurs hauts fonctionnaires de l’Etat ainsi que des entreprises privées, dont celles de Jovenel Moïse, dans la dilapidation de ces fonds publics PetroCaribe.

Ce dossier PetroCaribe serait toujours bloqué au niveau de l’appareil judiciaire, en dépit des mouvements populaires appelant à faire la lumière sur ce qui s’est passé. [emb rc apr 19/12/2019 12:35]