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HaitiWebdo - Numéro 1

1] Un député lavalas assassiné a port-au-prince

2] Persistance de la violence a cité soleil : a qui la faute ?

3] Arrestations dans les milieux politiques au cours du week-end carnavalesque

4] Carnaval : succès populaire, satires etc.

1] UN DEPUTE LAVALAS ASSASSINE A PORT-AU-PRINCE

Le parti au pouvoir, Fanmi Lavalas, est sous le choc. Le député de la première Circonscription des Gonaives (Artibonite), Marc André Diogène, a été assassiné de plusieurs balles à la tête le 17 février en fin d’après midi à Port-au-Prince. L’incident s’est produit sous les yeux de sa femme et de sa fille qui l’accompagnaient.

Selon des témoins, la victime a eu une dispute avec deux hommes à moto qui le reprochaient de mal garer son véhicule. C’est au cours de l’altercation que l’un des individus a tiré, ont précisé les témoins. Cette version a été confirmée par Vernet Jean-Marie, un des gardes du corps du député. Selon lui, le véhicule n’était pas suivi auparavant par la motocyclette. Mais d’autres témoins ont souligné que la motocyclette était autant couverte de poussière que le véhicule qui revenait des Gonaives.

Des que la nouvelle a été connue aux Gonaives, des barricades enflammées ont été dressées en signe de protestation et les partisans du député Diogène ont promis paralyser la ville, jusqu’à ce que lumière soit faite sur cet assassinat. Une enquête a été ouverte afin de trouver les meurtriers et les traduire devant la justice, a annoncé la police.

Les instances officielles n’ont pas tardé à réagir. Le président par intérim de la Chambre des députés, Phelito Doran, et le président du Sénat, Yvon Neptune, ont fait part de leur douleur et déploré cet acte. Phelito Doran s’est refusé a faire une quelconque interprétation de ce qui s’était passé.

Dans un communiqué lu ce 18 février a la radio, la Présidence a "condamné sans réserve ces actes de violence qui sèment le deuil dans la famille haïtienne". Le Chef de l’Etat promet de veiller à ce que le système judiciaire assume ses responsabilités afin de faire régner la justice, a conclu le communiqué.

2] PERSISTANCE DE LA VIOLENCE A CITE SOLEIL : A QUI LA FAUTE ?

Un calme précaire règne dans le vaste bidonville de Cité Soleil au nord de la capitale, ou de nouveaux affrontements entre groupes rivaux ont fait rage durant la semaine ecoulee, causant de nombreux morts au sein de la population. Selon les estimations de reporters qui ont pu se rendre sur les lieux, on compterait au moins une quinzaine de morts. Des habitants du quartier parlent d’une trentaine de morts en un peu plus d’un mois de combats sporadiques.

La violence est chronique a Cité Soleil ou la police a promis plusieurs fois de suite de solutionner ce problème. Certains habitants du quartier attribuent l’attitude de la police a de la demagogie, indiquant que les chefs de gang seraient bien connus. D’autres ont accusé la Directrice Départementale de l’Ouest de la police, Hermione Léonard, de tolérer certains chefs de bande.

Les habitants de Cité Soleil fuient le quartier, tandis que ceux qui sont obligés de demeurer là -bas sont contraints de payer une rancon aux bandits afin de se proteger.

Aujourd’hui, on réfléchit à deux fois pas à mettre les pieds à Cité Soleil. Ce constat est valable pour les journalistes qui eux aussi ont été victimes d’agression.

3] ARRESTATIONS DANS LES MILIEUX POLITIQUES AU COURS DU WEEK-END CARNAVALESQUE

La police a profite du week-end carnavalesque pour operer des arrestations dans les milieux politiques. Entre autre motif évoqué : participation a des actes de kidnaping.

Parmi une quinzaine de personnes apprehendees dans la nuit du 8 au 9 fevrier, figurent 8 membres de l’opposition, dont l’ancien depute Jean Mandenave et 7 autres membres de la KID de l’ancien maire de port-au-prince, Evans Paul. La police a également arrete puis libere sous condition le redacteur en chef de Radio Magik Stereo, Genet Morin. Ce dernier a été entendu ce 18 février par ses juges qui n’ont retenu aucune charge contre lui.

Le responsable de la police judiciaire, Jeannot Francois, a fait savoir que les personnes arretes sont de connivence avec les bandits qui operent des enlevements a la capitale.

Le Groupe de Convergence Democratique a denonce les recentes arrestations et a fait savoir qu’elles visent a salir l’image de l’opposition. La Convergence a souligne que les arrestations ont été effectuees sans mandat, qu’aucun dossier de référence n’a été constitue, tandis qu’au dela du delai legal de 48 heures, les personnes arretees n’ont pas été conduites devant leur juge naturel.

Ces arrestations jettent encore plus d’huile sur le feu des relations difficiles entre l’oppostion et le pouvoir. C’est dans ce contexte qu’on apprend que le Secrétaire General de l’OEA, Luigi Einaudi, est attendu sous peu a Port-au-Prince, afin de preparer 2 missions de l’organisation en Haïti : une a propos du blocage politique et l’autre a propos de la situation des droits humains dans le pays.

4] CARNAVAL : SUCCàˆS POPULAIRE, SATIRES ETC.

Par Gotson Pierre

Le carnaval a Port-au-Prince continue d’etre un succes au plan de la participation populaire. Un certain effort a été constate au niveau de l’organisation et des costumes, même si des faiblesses de toutes sortes persistent. Mais, comme dit le proverbe haïtien "apre bal tanbou lou" / après la fête bal, les tambours sont lourds. Un bilan de 3 morts, 195 blesses et 74 arrestations a été communiqué par la police.

Plus d’un million d’Haitiens de toutes les catégories sociales, y compris de nombreux compatriotes de la diaspora, ont pris part au carnaval. La musique et la danse etaient leurs seuls soucis, 3 jours durant, soit du 10 au 12 février.

Un certain standard est conservé par rapport aux dernières années avec plus d’une quinzaine de chars transportant des orchestres, une dizaine de chars allegoriques et autant de bandes à pieds.

L’ambiance était epoustoufflante, décuplant d’intensité au champ de mars, principale place de la capitale, qui constitue desormais le centre des activités carnavalesques. D’ailleurs, les consequences sont dures pour les espaces verts de cette zone, qui ont nécessité d’importants débours ces dernières années pour leur rénovation.

Un effort a été consenti en ce qui concerne la decoration et la coregraphie dans le cadre du carnaval. L’accent a été porte sur les principales periodes historiques, de la colonisation a l’independance. Le resultat pourrait être plus eclatant si les troupes participant au defile n’etaient pas noyees dans la foule.

Le carnaval etait placé sous le thème "je klere sou chimen 2004". Plusieurs meringues ont été composees autour du thème de l’alphabetisation et des entreprises cooperatives promues par le gouvernement. De même a travers les meringues on a decele des critiques virulentes contre des pratiques du pouvoir, de la classe politique en général et la communauté internationale.

Les "politiciens haïtiens" sont qualifiés de "magouilleurs" par le groupe Boukman Experience. L’orchestre Chandèl stigmatise la surabondance de "chefs", ce qui compromet l’"avancement" du pays. Chandèl pointe aussi du doigt "les manigances" de la communauté internationale.

La corruption au sein de l’administration publique a été le sujet de plusieurs refrains a succès, en particulier le dernier scandale du riz, auquel fait spécifiquement référence le groupe Sweet Micky : "Officiels en tête, sacs de riz au milieu et gardes du corps en fin de cortège, afin de protéger le riz".

Durant la période pré-carnavalesque, l’opinion publique était scandalisee par l’atttribution de quotas de riz importé à des sénateurs et députés du parti au pouvoir, des quotas variant entre 4,000 et 20,000 sacs de riz qui auraient occasionné un détournement du fisc de l’ordre de 117 millions de Gourdes.

Enfin, on a observé un certain retrait des grandes entreprises du secteur privé dans le sponsoring des orchestres, laissant leurs places a des "coopératives 12%", qui font beaucoup parler d’elles à cause de leurs taux incroyables de rémunération des placements, et à des tenanciers de "borlette", sorte de loterie populaire.