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Haïti-Crise : De nombreux cas d’agressions par balles, le 17 octobre 2019, dans les manifestations contre Jovenel Moïse

Plusieurs cas de braquage, recensés dans les rues de Port-au-Prince

P-au-P, 17 octobre 2019 [AlterPresse] --- Au moins 1 personne est décédée, parmi un nombre de 6 personnes atteintes par balles, dans des circonstances non encore élucidées, ce jeudi 17 octobre 2019 (213e anniversaire de l’assassinat le 17 octobre 1806, [1] de Jean-Jacques Dessalines, l’un des principaux fondateurs de la nation haïtienne), à l’occasion d’une nouvelle journée de mobilisation générale, sur le territoire national, contre la présence de Jovenel Moïse à la présidence politique, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

Agressions par balles et assassinats aveugles dans divers quartiers

A Port-au-Prince, 4 jeunes hommes ont été atteints par balles, dont 2 à la rue Rivière et 2 à l’avenue Christophe.

Deux de ces personnes auraient succombé de leurs blessures paar balles, dans l’après-midi de ce jeudi 17 octobre 2019, selon des sources journalistiques concordantes.

Aux Gonaïves (à 171 km au nord de la capitale), un jeune homme, qui gagne sa vie dans le dépannage de pneus, a reçu une balle d’un homme, qui circulait à bord d’une motocyclette.

A Léogane (à 35 km au sud de Port-au-Prince), 1 jeune homme a été également touché par balle.

A Ouanaminthe (département du Nord-Est d’Haïti), un autre cas d’agression par balle est également signalé, lors des manifestations contre Jovenel Moïse.

Durant cette cinquième semaine de mobilisation contre Jovenel Moïse, sont aussi répertoriés différents cas d’assassinats aveugles de personnes, perpétrés par des bandits armés, circulant à bord de motocyclettes, comme dans les quartiers de Carrefour Feuilles (au sud-est de la capitale) et de Frères (à l’est de Port-au-Prince).

La population assiste-t-elle à la persistance de la prépondérance de “snipers”, de ces tireurs embusqués ou francs-tireurs, qui exécutent les citoyennes et citoyens avec une balle à la tête, dans un contexte de présence d’ ”évaluateurs” étrangers de sécurité de Jovenel Moïse, lourdement armés ?

La présence des snipers était déjà dénoncée dans les manifestations antigouvernementales de l’année 2018.

Accentuation du phénomène de braquage et de rançonnage

A partir de la reprise, le dimanche 15 septembre 2019, des protestations contre Jovenel Moïse, un nombre indéterminé de bandits armés ont résolu de profiter de la pagaille et de l’absence de dispositifs de sécurité institutionnelle, pour braquer et rançonner passantes et passants.

Ces gangs armés n’ont aucun scrupule à exhiber les armes à feu, dont ils disposent impunément, et à révéler qu’ils comptent utiliser l’argent, ainsi récolté, dans l’acquisition de balles et d’armes à feu.

Ce jeudi 17 octobre 2019, sous menace d’exécution, trois membres de l’équipe des nouvelles de la station privée Radio Ibo ont été dépouillés de leurs portefeuilles et pieces d’identité, pendant que se déroulait le mouvement de protestation dans les rues.

Des manifestants ont également rapporté avoir été victimes de vols et d’actes de braquage, lors des manifestations antigouvernementales.

Graves atteintes aux journalistes et médias

En plus des cas de rançonnage, la plupart des journalistes, de différents médias, qui déploient beaucoup d’efforts pour informer la population de la situation, dans un contexte de plus en plus difficile, sont contraints, quotidiennement, de rebrousser chemin, par les initiateurs de barricades, en plusieurs endroits.

Dans la matinée de ce jeudi 17 octobre 2019, un journaliste de la station privée Signal Fm, Rénald Petit-Frère, a été malmené par un agent de l’Unité de sécurité générale du palais national (Usgpn), qui a déclaré interdit l’accès au Champ de Mars.

Aux Cayes (département du Sud), le journaliste Jacquelin François, correspondant de la station privée Radio Zénith, a été bastonné par des policiers nationaux encagoulés.

A Léogane, des manifestants en colère ont saccagé le local de la ststion privée Radio Excellence, propriété du député Jean Wilson Hyppolite.

Brève présence officielle au Mupanah

Face à la révolte, à la manifestation gérale d’hostilité contre sa personne, Jovenel Moïse a décidé de faire quadriller, très tôt, le 17 octobre 2019, l’aire du Champ de Mars, où se trouve le Musée du panthéon national (Mupanah).

Jovenel Moïse est allé symboliquement déposer une grebe de fleurs au Mupanah, en souvenir de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, le 17 octobre 1806, au Pont Rouge.

Mais, il ne s’est pas risqué à se rendre au Pont Rouge (au nord de la capitale), une zone où est établi un monument (géneralement entretenu à l’occasion du 17 octobre, chaque année), à la mémoire de Jean-Jacques Dessalines, mais qui était envahie d’immondices et de débris divers, après les fortes pluies dans la soirée du mercredi 16 octobre 2019.

Les habitantes et habitants, au Pont Rouge, ont déclaré aux médias qu’ils attendaient, de pied ferme, l’arrivée de Jovenel Mose et de sa délégation officielle, ce 17 octobre 2019.

Jovenel Moïse n’était pas, non plus, à Marchand Desssalines (département de l’Artibonite), pour une cérémonie officielle de souvenir.

Beaucoup de protestataires avaient érigé des barricades-pièges, sur la route nationale No. 1, comme à Saint-Marc, pour empêcher le passage de toutes délégations officielles, en provenance de Port-au-Prince.

Poursuite des manifestations d’hostilité contre Jovenel Moïse

Contrairement au souhait de Jovenel Moïse, pour une journée de “réflexion”, à l’occasion du 17 octobre 2019, 213e anniversaire de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, des milliers de personnes ont plutôt gagné les rues, de nouveau, pour lui demander de laisser la présidence politique en Haïti.

A Port-au-Prince, plusieurs branches, issues de plusieurs quartiers, y compris de la grande agglomération de Cité Soleil (au nord de la capitale) – où sont aggravés les problèmes d’insalubrité et d’évacuation des eaux, particulièrement après chaque période de pluies -, ont convergé vers la grande place publique du Champ de Mars.

Après avoir déposé une gerbe de fleurs au pied du monument de Jean-Jacques Dessalines, au Champ de Mars, l’opposant Jean-Charles Moïse, de la plateforme politique Pitit Dessalines, a entraîné une des branches de protestataires vers l’ambassade américaine à Tabarre (au nord-est de Port-au-Prince), devant laquelle il a délivré un message verbal. Des unités spécialisées de la Police nationale d’Haïti (Pnh) montaient la garde, devant l’ambassade, pour prévenir d’éventuels dérapages.

Symboliquement, Jean-Charles Moïse s’en est allé, accompagné d’un de ses camarades, sur un cheval, après avoir fustigé la bourgeoisie nationale et la communauté internationale, pour leur grande implication dans les mauvaises conditions d’existence actuelle en Haïti.

Un peu partout, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, étaient installées des barricades de pneus usagés enflammés, de pierres, de troncs d’arbres, en signe de protestation contre la présence de Jovenel Moïse à la présidence politique.

En province, les manifestantes et manifestants étaient également nombreux, le jeudi 17 octobre 2019, pour exiger la démission de Jovenel Moïse.

Au Cap-Haïtien (Nord), des manifestants ont menacé d’attaquer des entreprises privées, en marge des manifestations.

Aux Cayes (Sud), les routes ont été bloquées, au nord et au sud de la ville, à l’occasion d’une nouvelle journée de protestations de plusieurs milliers de personnes.

Aux Gonaïves (département de l’Artibonite), un jeune homme de 16 ans, qui s’adonne au dépannage de pneus, a a été blessé par balles, provenant de tirs d’armes d’un homme à bord d’une motocyclette.

A Saint-Marc (Artibonite), les milliers de manifestantes et manifestants ont profité des funérailles de Carlos Emmanuel François (16 ans), tué, le vendredi 11 octobre 2019, dans les mouvements de protestations précédentes, pour exprimer leur ras-le-bol, avec des barricades de pneus usagés enflammés, en plusieurs endroits. La police locale a riposté en lançant des gaz lacrymogènes, pour disperser la foule de protestataires.

A Petit-Goâve (à 68 km au sud de Port-au-Prince), des milliers de manifestantes et manifestants ont fait entendre leurs voix, pendant plusieurs heures, à l’intérieur de la ville et sur la route nationale No. 2.

A Mirebalais (Plateau central), à l’initiative de l’Association des journalistes indépendants d’Haïti (Ajih), une marche a réuni des milliers de personnes, qui réclamaient justice et réparation pour le journaliste Néhémie Joseph, retrouvé assassiné, dans le coffre de sa voiture, dans la localité de Bayas, dans l’après-midi du jeudi 10 octobre 2019. Environ une heure, après la fin de la marche, plusieurs groupes de personnes ont, de nouveau, manifesté dans les rues de Mirebalais, avec la même revendication : la démission de Jovenel Moïse.

Des actions de protestation ont également eu lieu à Ouanaminthe (département du Nord-Est d’Haïti), à Miragoane et Fond des Nègres (département des Nippes). [rc apr 17/10/2019 17:30]


[1La date du 17 octobre est géneralement un jour férié en Haïti. Mais, en 2019, c’était un autre jour spécial de protestations antigouvernementales, durant lesquelles les cérémonies officielles traditionnelles de souvenir de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines n’ont pas eu lieu, sauf une gerbe de fleurs déposées au Musée du pnathéon national / Mupanah par le président décrié Jovenel Moïse.