P-au-P, 18 oct. 2019 [AlterPresse] --- Plusieurs secteurs socio-politiques expriment de vives indignations face au discours, maintes fois renouvelé, du président Jovenel Moïse contre un « système », qui serait, selon lui, responsable du blocage d’Haïti, dans des interviews à l’ageence en ligne AlterPresse.
Le président est en contradiction avec lui-même, quand il affirme que c’est le peuple qui donne le pouvoir, alors qu’il refuse de démissionner, comme le souhaite la population.
C’est, du moins, l’analyse du secrétaire général du parti Fusion des sociaux-démocrates (Fusion), Rosemond Pradel, interrogé par l’agence en ligne AlterPresse.
L’attitude du président, consistant à pointer du doigt « un système », qui l’aurait empêché d’accomplir ses grands projets pour la nation est dénué de sens, critiquele parti Fusion
C’est également « ce même système », qui a permis à Jovenel Moïse d’accéder au pouvoir au profit d’une minorité.
« Jovenel Moïse n’avait ni la capacité, ni les compétences nécessaires pour devenir le président du pays. Il est le produit du système et son défenseur. La seule victime du système, c’est la masse populaire », poursuit la Fusion.
Le président Jovenel Moïse a indexé un « système » corsé, qui tenterait de « se régénérer » et qui bloquerait le pays, dans un discours, présenté, le mardi 15 octobre 2019, sous forme d’une conférence de presse, au palais national.
L’ancienne titulaire du Ministère de la culture et de la communication, Magali Comeau Denis, membre du Rasanbleman pou diyite Ayiti (Radi), s’est montrée outrée de la déclaration de Jovenel Moïse, qui parle d’échec du mouvement populaire de 1986 contre la dictature des Duvalier.
C’est le modèle du régime dictatorial, que Jovenel Moïse voudrait instaurer dans le pays, pour faire son prétendu développement, dénonce-t-elle.
« Un président de la république ne peut pas connaître aussi peu l’histoire de son pays. Aujourd’hui, nous sommes au 21e siècle. Comment un président peut-il remettre en question une bataille pour la libération, pour l’émancipation d’une population ? », fustige-t-elle.
« L’instabilité peut être nécessaire et même salutaire pour l’avenir d’une nation. C’est ce qui a permis aux Haïtiennes et Haïtiens de connaître une ère démocratique », avance-t-elle.
Depuis le 15 septembre 2019, les mouvements de protestations, pour réclamer le départ de Jovenel Moïse, se multiplient à travers le territoire national d’Haïti, à l’appel de l’opposition politique et de plusieurs autres secteurs de la vie nationale.
2 personnes mortes, parmi plusieurs blessées par balles, des institutions publiques et des édifices privés incendiés : tel est le bilan, ce jeudi 17 octobre 2019, des mouvements de protestations, à Port-au-Prince et dans des plusieurs villes de province, visant à réclamer le départ de Jovenel Moïse.
Intervenant en marge de la brève cérémonie officielle de commémoration du 213e anniversaire de la mort de Jean-Jacques Dessalines, Jovenel Moïse a, de nouveau, pointé ce qu’il appelle le « système », comme le véritable ennemi du pays, en appelant les citoyennes et citoyens à empêcher ce « système » de se régénérer. [emb rc apr 18/10/2019 11:30]