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Haïti-Crise : Sans vouloir démissionner, Jovenel Moïse met en cause le « système » dans la situation actuelle

P-au-P, 15 oct. 2019 [AlterPresse] --- Les mécontentements populaires légitimes, enregistrés, depuis le 15 septembre 2019, sur le territoire national, en Haïti, doivent être mis sur le compte d’un « système » corsé, qui tente de « se régénérer » et qui bloque le pays, a tenté de se justifier le président Jovenel Moïse, dans un discours, présenté, ce mardi 15 octobre 2019, sous forme d’une conférence de presse, au palais national, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

« Suivez mon regard »..., a fait savoir Jovenel Moïse, comme réponse aux journalistes, sans vouloir identifier nommément les commanditaires du « système », excepté qu’il a évoqué des compagnies, qu’il n’a pas précisées, bénéficiaires de contrats d’approvisionement de l’Electricité d’Haïti (Ed’h) en énergie...

Comme d’habitude, Jovenel Moïse a invité, de nouveau, les protagonistes politiques au dialogue, pour sortir de la crise actuelle.

« Ce serait irresponsable, de ma part, de remettre ma lettre de démission, alors que le système continue de se régénérer », déclare Jovenel Moïse.

Il serait difficile, à n’importe qu’elle personne, de faire face à « ce système », qui a « ses gardiens et héritiers », souligne-t-il, insinuant qu’il ne ferait pas partie prenante de « ce système », qu’il met en cause.

Un système, qui lui a permis de disposer de prépositionner tôles, planches et autres, la veille du passage du cyclone Matthew, en octobre 2016, dans la Grande Anse (une partie du Sud-Ouest d’Haïti).

Rappelant qu’il a trouvé « sa légitimité » à travers les élections, Jovenel Moïse affirme ne pas avoir l’intention de démissionner, que réclament, pourtant, quotidiennement, des milliers de manifestantes et manifestants sur le territoire national.

« Aujourd’hui, la seule façon de faire face aux problèmes est dans la sérénité et dans le calme », ajoute-t-il, indiquant que plusieurs cellules sont mises sur pied, en ce sens.

Avançant différents chiffres, de contrats qu’il a résiliés ou d’actions qu’il aurait entamées, il invite les forces économiques et sociales à venir sur la table des négociations, en vue d’une issue à la crise.

Les journalistes, présents au palais national, ont fustigé le comportement du nouveau directeur général de la station d’Etat, Radio nationale d’Haïti (Rnh), Daniel Joseph, jouant le rôle de modérateur à la conférence de presse du 15 octobre 2019 et qui s’est avisé d’empêcher les journalistes d’exercer leur métier et d’adresser des questions pertinentes à Jovenel Moïse...

Pendant que Jovenel Moïse s’exprimait, des tirs nourris d’armes à feu étaient entendus, dans les parages du palais national, au Champ deMars (principale place publique dans la capitale), où se déroulait le discours-conférence de presse.

Le discours-conférence de presse de Jovenel Moïse, ce mardi 15 octobre 2019, a été prononcé la veille de la mise en place, à partir du mercredi 16 octobre 2019, du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), qui remplace la Mission des Nations unies d’appui à la justice en Haïti (Minujusth).

Quelques minutes après l’intervention du président, des protestataires en colère ont
bloqué plusieurs routes au niveau de la capitale, Port-au-Prince, et sur les routes nationales.

Jojo dòmi deyò. Ale w prale seksi ooo, scandent, en divers endroits, des manifestantes et manifestants, estimant que la population a été, de nouveau, ce mardi 15 octobre 2019, agacée, voire « provoquée » et incitée, par les propos de de Jovenel Moïse, qui ont « mis de l’huile sur le feu de la poursuite de la mobilisation intense » contre Jovenel Moïse.

A l’annonce de la prise de parole de Jovenel Moïse, beaucoup d’employés, qui travaillaient dans plusieurs bureaux et services, ont pris les dispositions nécessaires pour regagner sans délai leurs domiciles, craignant un renforcement brutal de la mobilisation dans les rues.

Immédiatement après la prise de parole de Jovenel Moïse, les succursales de banques commerciales, qui avaient ouvert leurs portes, ont suspendu leurs activités.

Dans la matinée de ce mardi 15 octobre 2019, une foule immense de personnes ont gagné les rues de la ville de Saint-Marc (département de l’Artibonite), à l’appel d’un collectif d’artistes de la ville, pour continuer d’exiger la démission de Jovenel Moïse de la présidence politique.

A la mi-octobre 2019, l’opposition politique est à sa cinquième semaine de mobilisations, dans la capitale et les villes de provinces, contre le régime politique en place.

Des mouvements de protestations, rassemblant des milliers de manifestantes et manifestants ont lieu, le dimanche 13 octobre 2019, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, à l’appel d’un collectif d’artistes, pour exiger la démission de Jovenel Moïse. [emb rc apr 15/10/2019 13:25]