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Crise / Mobilisations antigouvernementales : Activités toujours paralysées, le 8 octobre 2019, en Haïti

P-au-P, 08 oct. 2019 [AlterPresse] --- La paralysie des activités globales persiste encore, ce mardi 8 octobre 2019, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, et dans diverses autres villes, en province, durant la quatrième semaine de mobilisations visant à exiger le départ sans conditions du président Jovenel Moïse, observe l’agence en ligne AlterPresse.

« Poser des scellés populaires » sur les organismes publics est la nouvelle stratégie, mise en oeuvre dans le cadre de la quatrième semaine de protestations contre la présence de Jovenel Moïse à la présidence politique en Haïti.

Après Miragoane (département des Nippes, une partie du Sud-Ouest), le lundi 7 octobre 2019, manifestantes et manifestants ont mis des cadenas, ce mardi 8 octobre 2019, à Saint-Marc (Bas Artibonite), aux portes de différents organismes publics (Direction générale des impots / Dgi, Autorité portuaire nationale / Apn, mairie, etc.).

A Port-au-Prince, l’apparence d’accalmie, en début de matinée du 8 octobre 2019, est vite retombée, pour devenir une situation tendue, avec des barricades de pneus usagés enflammés, comme un des éléments de manifestation de la colère, de la révolte et du sentiment de ras-le-bol de la population contre le système politique en place.

Dans la zone métropolitaine de la capitale, beaucoup d’habitantes et d’habitants déplorent une série d’assassinats par bales, dont plusieurs sont attribués à des unités de la Police nationale d’Haïti (Pnh).

La matinée du 8 octobre 2019 est aussi marquée par l’intervention, à visière levée, de gangs lourdement armés, dans la zone de Martissant, une zone transformée en « territoire occupé par les bandits » depuis plusieurs mois. Ces gangs lourdement armés s’avisent, encore plus, d’interdire la circulation à Martissant, sur la route nationale No. 2, empêchant l’accès et l’arrivée de citoyennes et citoyens de quatre départements géographiques (Sud-Est, Nippes et Grande Anse, Sud d’Haïti).

Les activités scolaires continuent d’être complètement suspendues, depuis début septembre 2019.

Plusieurs pompes à essence sont restées fermées, alors que des banques commerciales et des supermarchés fonctionnent au ralenti, en divers endroits de la capitale, Port-au-Prince.

Le transport en commun est paralysé, notamment sur la route nationale No. 1 (au nord de la capitale), au niveau de Bon Repos, de Lizon et de Lathan, où des branches d’arbres, mêlées de fatras et de débris divers, sont dressées.

Un blocage de route ainsi qu’une situation de tension ont été enregistrés au niveau du Boulevard 15 octobre, à Tabarre 68 et à Torcelle, où un jeune homme de 19 ans, Denisson Denoyer, dans la soirée du 7 octobre 2019, a été tué par balles, attribuées à une unité de la Pnh.

Des pneus usagés enflammés sont constatés à Gérald Bataille, à Caradeux et à l’intersection de Gérald Bataille et Delmas 33.

Des pneus usagés enflammés et des jets de pierre sont remarqués dans la zone de l’avenue John Brown (plus connue sous le nom de Lalue), à l’intersection de l’avenue Martin Luther King, communément appelée « Nazon ».

De grosses branches d’arbres ont été déposées sur la route de Nazon, tout près de l’entrée de la rue Brun Ricot.

Des patrouilles policières n’ont fait que frayer un petit passage, à côté, pour circuler.

Des barricades sont aussi installées, sur les routes du Canapé Vert (vers l’est de Port-au-Prince) et de Nazon.

Tensions constantes au Bicentenaire et ses environs

Un vent de panique a encore soufflé dans le quartier du Bicentenaire, communément appelé Boulevard Harry Truman (au sud de la capitale), suite à des tirs nourris d’armes à feu.

Des chauffeurs de transport en commun se sont empressés de rebrousser chemin et de débarquer les passagères et passagers.

Plusieurs personnes, qui tentaient de se rendre sur leurs lieux de travail, sont, de nouveau, contraintes de prendre refuge quelque part.

Des pneus usagés enflammés ont été remarqués au niveau de Portail Léogane et du Bicentenaire, alors que des pierres ont été éparpillées à la rue Nicolas et près du stade de football Sylvio Cator.

Une grande barricade est installée à quelques mètres du commissariat de Portail Léogane.

La route nationale # 2 est bloquée au niveau de Diquini, dans la commune de Carrefour (sud de la capitale), de Martissant de la 5e avenue Bolosse et de Fontamara.

Par ailleurs, la route nationale No. 3, entre Mirebalais et Hinche (département du Plateau central), est également bloquée.

La veille, les activités demeuraient encore paralysées notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, y compris Pétionville (municipalité à l’est de la capitale) et Delmas (municipalité au nord-est), au début d’une quatrième semaine de mobilisations visant à exiger le départ sans conditions du président Jovenel Moïse.

Un jeune homme a été tué par balle, dans l’après-midi du lundi 7 octobre 2019, au Champ de Mars (principale place publique dans la capitale), lors d’une vive tension éclatée, après un affrontement entre des manifestants, qui réclamaient la démission de Jovenel Moïse, et des individus se réclamant du Parti haïtien tèt kale (Phtk).

Le porte-parole du Secteur dit démocratique et populaire, Michel André dit condamner cet assassinat par balles de ce militant politique « bien connu et très engagé », surnommé Ronald, dans une note dont a pris connaissance AlterPresse. [emb rc apr 08/10/2019 12:00]