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Haïti-Crise : Des milliers de manifestantes et manifestants, le 4 octobre 2019, à Port-au-Prince et en province, pour forcer Jovenel Moïse à quitter le pouvoir

Actualisé à 16:00

P-au-P, 04 oct. 2019 [AlterPresse] --- Des milliers de manifestantes et manifestants défilent, ce vendredi 4 octobre 2019, dans les rues de la capitale, Port-au-Prince, et dans plusieurs villes en province, à l’appel de l’opposition politique, en vue d’exiger le départ sans conditions du président Jovenel Moïse, observe l’ageence en ligne AlterPresse.

Femmes et hommes, incluant des manifestants à handicap sur chaise roulante, réclament à tue-tête la démission du président Jovenel Moïse, qu’ils qualifient d’ « inculpé », au sein d’une marée humaine, qui exprime ses revendications, notamment sur la route de l’aéroport international de Port-au-Prince.

Informés de la poursuite des mouvements de protestation contre Jovenel Moïse, la plupart des responsables d’entreprises et de divers commerces ont gardé leurs portes fermées, ce vendredi 4 octobre 2019.

Beaucoup de citoyennes et de citoyens, qui ne pouvaient pas se rendre dans les manifestations, ont préféré suivre l’évolution de la situation, à travers les médias formels et les réseaux sociaux.

Portant des gilets pare-balles, munies de boucliers et de canons à eau, des unités du Corps d’intervention et de maintien d’ordre (Cimo) de la Police nationale d’Haïti (Pnh) sont sur place, à côté de leurs barrages de véhicules en certains points stratégiques.

Des branches de manifestations, issues de divers quartiers de la capitale, dont Nazon, Solino, Bel-Air, Fort national et Delmas, viennent grossir la foule de protestataires à l’intersection des routes de Delmas et de l’aéroport international de Port-au-Prince.

Des sénateurs et plusieurs représentants d’organisations politiques sont remarqués dans le mouvement de protestatiions, qui a pour objectif de porter un message clair à l’Organisation des Nations unies (Onu) : le départ de Jovenel Moïse de la présidence politique en Haïti.

La manifestation de milliers de personnes a pu parvenir à Clercine (vers le nord-est de Port-au-Prince), dans la zone de « Logistic base » ou « Log base », le quartier général de la Mission des Nations unies d’appui à la justice en Haïti (Minujusth), où des représentants de l’opposition ont pu accéder pour remettre un message écrit, adressé au secrétaire général de l’Onu, le Portugais Antonio Guterres.

C’est dans la zone de « Log base » qu’une journaliste de la station Voice of America (La Voix de l’Amérique / Voa), Matiado Vilmé, a rapporté avoir subi, ce vendredi 4 octobre 2019, des brutalités policières, durant lesquelles son trépied de travail (pour recueillir des images) a été cassé [1].

A la mi-journée, de ce vendredi 4 octobre 2019, des agents du Cimo ont lancé des gaz lacrymogènes et des jets d’eau pour disperser la foule, après avoir essuyé des coups de pierres par un groupe de manifestantes et manifestants.

Eparpillés en divers points, les manifestantes et manifestants se sont reconstitués rapidement.

L’immense foule, devenue de plus en compacte, entame, à présent, son défilé sur la route de l’aéroport international de Port-au-Prince.

Cette manifestation, qui s’est ébranlée à l’angle des routes de Delmas et de l’aeroport international de Port-au-Prince, devrait terminer sa course devant les locaux de l’Onu en Haïti, situés à Clercine (vers le nord-est de la capitale).

Les manifestantes et manifestants se sont montrés très hostiles vis-à-vis du Core Group, pour son récent appel au dialogue, à l’endroit de l’opposition.

Si le Core Group ne change pas de position, il y aura des émeutes dans le pays, d’ici la semaine prochaine, lâche un manifestant en colère.

Les Etats-Unis d’Amérique, la France et le Canada s’affichent comme « des réseaux de gangs, en cautionnant les actes de corruption et massacres du régime politique au pouvoir dans le pays », s’insurgent des protestataires.

« Aujourd’hui, nous menons la bataille pour la libération et le bien-être du peuple haïtien », exprime un autre, tout en appelant Jovenel Moïse à démissionner et se mettre à disposition, pour répondre de ses crimes devant la justice.

Des manifestantes et manifestants exhortent aussi le directeur général a.i de la Police nationale d’Haïti (Pnh), Rameau Normil, à procéder à l’arrestation de Jovenel Moise, s’il ne veut pas être responsable de ses actes.

Entre-temps, des barricades de pneus usagés enflammés sont dressées sur la route de Delmas, notamment à l’entrée de Delmas 47.

Après les grandes manifestations des vendredi 20 et 27 septembre 2019, ce 4 octobre 2019 est le troisième vendredi consécutif de grand mouvement de protestations dans les rues, dans le cadre d’actions revendicatives populaires, ayant amené à un retour au pays « locked », au territoire national totalement fermé et bloqué, à partir du dimanche 15 septembre 2019.

Des milliers de personnes ont également fait entendre leurs voix en faveur de la démission de Jovenel Moïse, dans diverses villes en province, comme au Cap-Haïtien (département du Nord), aux Gonaïves et à Saint-Marc (département de l’Artibonite), à Mirebalais (Plateau central), à Miragoane, (département des Nippes, une partie du Sud-Ouest d’Haïti).

Cependant, au moins une personne a été d’une balle à la tête au Cap-Haïtien, tandis que 6 manifestants ont été blessés par balles, à Jérémie (département de la Grande Anse, une partie du Sud-Ouest d’Haïti), ce vendredi 4 octobre 2019, lors du mouvement de protestations, qui continue d’exiger la démission de Jovenel Moïse.

Ce vendredi 4 octobre 2019, à Port-au-Prince et en diverses villes de province, les activités globales étaient paralysées, dans le cadre de la poursuite des actions de contestation contre la présence de Jovenel Moïse à la présidence politique en Haïti. [ac emb rc apr 04/10/2019 12:40]


[1Ndlr : A rappeler, le 23 septembre 2019, qu’un photojournalsite d’Associated Press, Dieu Nalio Chéry, a été blessé par balle, au parlement haïtien, après des tirs du sénateur du Nord, Jean-Marie Ralph Féthière, lors de protestations contre la tenue d’une séance au sénat devant aboutir à la ratification du gouvernement de Fritz William Michel, sur qui pesaient des soupçons de corruption.

Au matin du 16 septembre 2019, le confrère Elmond Zidor, journaliste à la station privée Radio Hosanna et correspondant pour Horizon 2000 dans le Sud-Est, a été blessé à coups de couteau, à Meyer (Jacmel, Sud-Est), par des agresseurs identifiés, qui ont également roué de coups 2 autres collègues journalistes, qui assuraient la couverture des mouvements de protestation à Jacmel.

Le mercredi 18 septembre 2019, le pare-brise du véhicule du correspondant de Radio Vision 2000 à Petit-Goâve (à 68 km au sud de Porrt-au-Prince) a été brisé, par des mains inconnues, lors des protestations contre Jovenel Moïse.