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Haïti : Confusion sur la situation de l’ancien premier ministre Neptune, emprisonné à Port-au-Prince

P-au-P., 1 mai. 05 [AlterPresse] --- Une certaine confusion régnait en début de soirée de ce 1er mai sur le cas de l’ancien premier ministre Yvon Neptune, emprisonné à Port-au-Prince en rapport avec une tuerie effectuée sous son gouvernement à Saint-Marc (Nord) en février 2004, peu avant la chute de l’ancien régime.

Selon des sources concordantes, un transfert de Neptune à l’étranger était fortement envisagé par le gouvernement, suite à une brusque aggravation de son état de santé, à cause d’une grève de la faim observée depuis quelques jours.

Tout paraissait calme en début de soirée dans le quartier résidentiel de Pacot (sud de la capitale) où Neptune est gardée dans une maison appelée « annexe du pénitencier national ». Les journalistes n’ont pas pu vérifier si Neptune se trouvait toujours à l’intérieur de cette résidence.

Plus tôt, des mouvements avaient été observés dans le quartier, avec une présence remarquée de véhicules de la police et de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH).

Un communiqué du gouvernement en date du 1er mai a fait savoir que la santé de Neptune continuait de se détériorer alors que ce dernier refusait de se nourrir, au point de compromettre sa vie, a souligné le gouvernement.

Le communiqué a indiqué que le gouvernement est confronté à des « choix difficiles », étant conscient de la nécessité de la justice, mais aussi concerné par « le droit à la vie » et le respect des droits humains.

Le gouvernement s’est dit prêt, dans ces circonstances, à prendre « toutes les dispositions qui s’imposent, au nom de la raison d’Etat » et a appelé le peuple à « laisser de coté toute passion ».

L’ancien maire Evans Paul, de la Confédération Unité Démocratique (KID), a estimé que le gouvernement se trouve face à un « dilemme ». Selon Paul, il ne peut pas décider sur un cas qui est déjà soumis à la justice, ce qui pourrait favoriser la persistance de l’impunité. Mais en même temps, selon Paul, si Neptune mourrait en prison, cela pourrait avoir des « conséquences sur la stabilité du pays ».

Le coordonnateur de la Plate forme des Organismes Haïtiens de Défense des Droits Humains (POHDH), Maxime Rony, a également estimé que la situation était « compliquée ». Il a reconnu le droit de Neptune de bénéficier de soins, avec l’autorisation de la justice. « Tout doit passer par la justice », a-t-il déclaré.

Si dans ce dossier, le gouvernement prenait une quelconque décision en dehors de la justice, ce serait « une gifle » pour le système judiciaire haïtien, selon Maxime Rony. L’exécutif serait « responsable de toutes les conséquences » qu’une telle décision pourrait provoquer, a-t-il ajouté.

L’ancien Premier Ministre a été transféré le 21 avril dans la maison de Pacot, après avoir été soigné pendant environ un mois à l’hôpital argentin de la MINUSTAH, suite à une première grève de la faim observée à partir du 22 février. Sa santé s’était améliorée, avaient indiqué les responsables de la MINUSTAH.

Le 22 avril, Neptune a été conduit pour la première fois à Saint-Marc où il devait être entendu par la juge d’instruction Cluny Pierre-Jules. Cette audience n’avait pu avoir lieu à cause de l’absence de la juge qui n’avait pas convoqué Neptune pour cette date, mais plutôt le 18 avril.

Des rumeurs, confirmées par la suite, circulaient déjà sur une reprise de la grève de la faim de Neptune, afin d’obtenir sa libération pure et simple. [gp apr 01/05/2005 18:00]