P-au-P., 30 avril 2005 [AlterPresse] --- « Le recours sans discrimination à la violence meurtrière par des policiers pour disperser et réprimer des manifestants ne fait qu’accroître la tension dans un pays déjà en proie à la violence », a déclaré ce 29 avril Amnesty International (AI), dans un communiqué transmis à AlterPresse.
AI a condamné « la répression » exercée à l’encontre de partisans du parti Fanmi Lavalas par la police à Port-au-Prince le 27 avril écoulé. Selon les informations parvenues à AI, des policiers auraient ouvert le feu contre des partisans de l’ancien président Jean Bertrand Aristide qui manifestaient près du bâtiment abritant la mission des Nations unies à Bourdon (Est de la capitale).
Au moins cinq personnes seraient mortes au cours de la manifestation et quatre autres seraient décédées des suites de leurs blessures un peu plus tard, selon AI. Plusieurs manifestants et passants auraient également été blessés.
« La répression de cette manifestation pacifique n’est pas un cas isolé. L’insécurité et les confrontations en cours avec des groupes armés ne doivent pas servir de prétexte à la répression des manifestants et à une limitation du droit à la liberté d’expression et d’association », a déclaré Amnesty International.
Selon la version de la police, une patrouille policière a répliqué aux tirs des partisans d’Aristide. Interrogée par AlterPresse, la porte-parole de la police, Gessy Cameau Coicou, n’a pas voulu parler de manifestation, vu que celle-ci, selon elle, n’a pas été notifiée à la Police. Elle a parlé de préférence d’“opération de casse†. Et pour cause, un pistolet 9 millimètres et plusieurs autres objets volés dont le passeport d’un ressortissant étranger ont été retrouvés sur les victimes, a-t-elle précisé.
Amnesty International appelle la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (MINUSTAH) à se conformer pleinement à son mandat qui est de « protéger les civils de toute menace imminente de violence physique » et à renforcer sa capacité de supervision de toutes les opérations de la police nationale.
« Nous craignons une escalade de la violence à mesure que s’engage le processus électoral et appelons toutes les parties à la crise politique actuelle, y compris les forces de police, à faire des efforts pour résoudre pacifiquement leurs différends », a déclaré AI.
L’organisation a réclamé une enquête publique, indépendante et approfondie de la part de la mission des Nations-Unies « sur les homicides » et la poursuite en justice des auteurs présumés de ces actes.
D’autre part, AI a évoqué « le risque d’une violence politique accrue » avant les prochaines élections, « tandis que la mise en place d’un programme global de désarmement, démobilisation et réinsertion, dont la nécessité est criante, est repoussé de façon inexcusable ». [gp apr 30/04/2005 12:40]