P-au-P., 18 sept. 2019 [AlterPresse] --- Les activités demeuraient globalement paralysées, en Haïti, au troisième jour du mouvement de protestation, appelé par les syndicats et les mouvements sociaux, alors qu’au moins cinq morts, dont un policier nationl, ont été enregistrés, selon un bilan partiel de la police, observe AlterPresse.
L’annonce par le premier ministre démissionnaire, Jean Michel Lapin, le 17 septembre 2019, de l’arrivée de 140 mille barils de carburant, après plus de trois semaines de pénurie, n’a pas fait évoluer la situation.
Visiblement, les produits pétroliers en question n’ont pas encore été distribués aux stations d’essence, dont une partie demeurait fermée.
Un calme précaire a été observé, durant la journée du mercredi 18 septembre 2019, avec quelques points de tensions à Port-au-Prince et dans plusieurs villes de provinces.
Des tirs, des jets de pierres, des barricades de pneus usagés enflammés et des manifestations ont été rapportés dans divers quartiers de la zone métropolitaine ainsi qu’à Arcahaie (Ouest), Jacmel (Sud-Est) et à Port-de-Paix (Nord-Ouest).
L’annonce d’une perspective d’ « ajustement », par le premier ministre Lapin, à une date non précisée, a vite été rejetée par plusieurs organisations syndicales et populaires.
Jocenel Civil, président de la Confédération des chauffeurs de motocyclettes (Kcm), un des principaux moyens de transport à travers le pays, dénonce une rareté « artificielle », qui met les chauffeurs de motos au chômage depuis plusieurs semaines. Il s’insurge à l’avance contre toute éventuelle augmentation.
C’est la même réaction, qui a été enregistrée du coté de l’Association des propriétaires et chauffeurs d’Haïti (Apch), dont le président Méhu Changeux, minimise la portée de l’arrivée annoncée d’une cargaison de carburants.
Tout en réprouvant une quelconque augmentation des prix des produits pétroliers, Changeux estime que la crise résulte de la gestion, laissée au secteur privé, d’une ressource stratégique.
L’Apch exige la reprise en main de l’importation et la distribution du carburant par le gouvernement.
Olrich Jean-Pierre du Konbit des organisations politiques, syndicales et populaires pointe du doigt un conflit d’intérêt, qui affecterait les transactions liées aux carburants, car, critique-t-il, des membres de l’actuel pouvoir seraient de nouveaux acteurs sur le marché des produits pétroliers.
Pour le moment, le carburant ne sera pas taxé, de manière à ne pas provoquer de variation de prix à la hausse pour la consommatrice finale et le consommateur final, avait assuré le premier ministre démissionnaire.
Mais, l’État ne pourra pas continuer à renoncer à des taxes sur le carburant, avait-il prévenu.
Les tensions et troubles, enregistrés à travers le pays, ont déjà causé la mort par balles d’au moins cinq personnes, dont le jeune Vladimy Fédé, abattu par la police, le lundi 16 septembre 2019, à Carrefour (périphérie sud), selon des témoins.
Une enquête est en cours au niveau de l’Inspection générale de la police nationale d’Haïti (Igpnh), confirme Gary Desrosiers, porte-parole adjoint de l’institution policière.
Un policier, Robinson Marcelin, a été également tué, le mardi 17 septembre 2019, par des inconnus armés, à Canaan (périphérie nord), déplore Desrosiers.
En dernière minute, on apprend que la police nationale se préparerait à faire face à toute poussée de tension, en prévision de troubles qui pourraient se produire lors de la montée des prix du carburant.
Les conséquences de la persistance de la pénurie des produits pétroliers, partout sur le territoire national, paraissent incalculables, sur toutes les couches et dans différents types de services. [apr 18/09/2019 19:00]