P-au-P, 09 sept. 2019 [AlterPresse] ---Le Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp), a lancé le lundi 9 septembre 2019, l’année académique 2019-2020 dans un contexte de crise socio-politique et économique, en particulier une pénurie persistante de carburant.
« Chaque année, la rentrée se fait sur fond de crise », a déclaré le titulaire démissionnaire du ministère de l’éducation nationale, Pierre Josué Agénor Cadet, lors d’une cérémonie officielle, déroulée à l’École nationale de Frères, localité de Pétionville (périphérie est) et à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Cadet a recommandé aux acteurs politiques de ne pas mélanger la politique et l’éducation, car, dit-il, pour avoir une meilleure éducation en Haïti, « il faut dépolitiser l’école », qui « ne doit pas être prise en otage par une classe politique ».
Il a pointé du doigt les « parlementaires, qui croient pouvoir faire des nominations dans le système », en soulignant combien le système fait face à un surplus d’enseignants, tandis que de nombreuses écoles sont hors de contrôle de l’État haïtien.
Il a fait savoir que 35,000 enseignantes et enseignants sont répertoriés dans le public, alors que le système n’a besoin que de 28,000. Voilà pourquoi, a-t-il ajouté, on enregistre des mouvements de protestations de la part des enseignantes et enseignants qui réclament leurs lettres de nomination.
Parallèlement, plusieurs dizaines d’enseignantes et d’enseignants ont gagné les rues, tant à la capitale, Port-au-Prince, que dans diverses autres villes du pays, en vue d’exiger des autorités haïtiennes l’adoption de mesures, visant l’amélioration du cadre de l’enseignement et de la condition enseignante, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
Cette marche, souligne le coordonnateur général de l’Union nationale des normaliens et éducateurs haïtiens (Unnoeh), Georges Wilbert Franck, entre dans le cadre d’une série d’activités de sensibilisation, qui prendront plusieurs formes, afin de porter les responsables d’Etat à se pencher sur la problématique de l’éducation en Haiti.
Voulant prendre le contre-pied du titulaire démissionnaire du ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle, qui se félicite de la nomination, dans le secteur public, de plusieurs milliers d’enseignantes et d’enseignants, le coordonnateur de l’Unnoeh estime que Josué Agénor Cadet a procédé à ces nominations, dans l’unique objectif de pouvoir entrer dans les bonnes grâces de certains parlementaires.
Par ailleurs, des responsables d’écoles et parents d’élèves se plaignent de la situation sociale et économique désastreuse, dans laquelle s’effectue cette rentrée, avec une inflation estimée à plus de 19%.
Très peu d’élèves ont été remarqués dans les rues. L’effectif, au niveau de certaines écoles, n’a pas dépassé quelques élèves par classe.
A Delmas, une directrice d’école fondamentale a confié à AlterPresse combien l’effectif total a été une quinzaine d’élèves, espérant que la situation s’améliorerait d’ici lundi prochain 16 septembre 2019.
Une parente, rencontrée sur place, a exprimé son ras-le-bol, par rapport à la dégradation de la situation économique.
« Auparavant, avec 10,000.00 gourdes, je pouvais payer l’écolage et faire des préparatifs pour la rentrée. Maintenant, cette somme suffit seulement à acheter des livres » souligne-t-elle. [mj gp apr 09/09/2019 17:00]