Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 04 sept. 2019 [AlterPresse] --- Compte tenu de leurs mauvaises conditions socio-économiques et leur psychose de peur, les parents ne sont pas encore prêts pour la rentrée des classes, prévue le lundi 9 septembre 2019 au lycée national de La Saline, estime le directeur de ce dit établissement scolaire, Ralph Vladimir Rameau.
En plus de l’école qui n’a pas encore été peinte, l’effectif des élèves est considérablement réduit, cette année, fait-il savoir dans une interview accordée à AlterRadio 106.1 FM.
Il y a seulement 27 élèves inscrits pour les classes de 7e, 8e et 9e année fondamentale par rapport à 400, l’année dernière, regrette-t-il.
Une seule fiche de paiement de l’écolage a été déposée jusqu’au 3 septembre 2019, par un parent d’élève, par rapport à une centaine de fiches, en 2018, ajoute-t-il.
La situation tendue qui persiste à La Saline et les conditions socio-économiques des familles seraient à la base de ce manque d’intérêt, à en croire le directeur, soulignant combien La Saline est dans l’œil du cyclone à cause de la situation d’insécurité persistante.
Il appelle les autorités étatiques à garantir un climat sécuritaire dans la zone pour gagner la confiance des parents réticents à envoyer leurs enfants à l’école.
Le lycée national de La Saline a été même obligé de fermer ses portes pendant plus de deux mois, suite aux violences entre gangs rivaux, enregistrées dans la zone, au cours du mois de novembre 2018, rappelle-t-il.
Plusieurs événements tels que la manifestation anti-gouvernementale du 17 octobre 2018, la tuerie de novembre 2018, les mouvements de protestation de février 2019 ont, entre autres, perturbé le fonctionnement de l’école.
Le spectre des violences toujours présent
Le quartier de La Saline a été le théâtre de violences armées commises les 1er et 13 novembre 2018 et qui avaient fait au moins 71 morts, selon un rapport du Réseau national de défense des droits humains.
Une enquête policière de la Direction centrale de la police judiciaire avait rapporté que, durant la période allant du 13 au 17 novembre 2018, des hommes, des femmes et même des enfants, âgés de seulement 4 ans, ont été abattus, leur corps étant ensuite dévoré par des chiens et des cochons.
Des femmes ont été violées en présence de leurs maris ou partenaires impuissants, et parfois même en présence de leurs enfants, puis brûlées, selon les enquêteurs de la police.
Certaines familles victimes du massacre de La Saline ont été contraintes de se réfugier sur la place publique d’Italie (à proximité du bord de mer de la capitale), afin d’échapper aux violences meurtrières.
Les affrontements armés entre gangs continuent d’avoir un impact négatif sur le fonctionnement des classes, déplore Rameau, soulignant combien les élèves ont besoin d’un appui psycho-social pour y faire face.
Des initiatives pour tenter de rassurer
Des campagnes de sensibilisation appelant à une trêve ont été effectuées à travers la presse, en vue d’un retour au calme, indique le responsable du lycée de La Saline.
Cette année, l’établissement public avait aussi fait appel à l’Université Quisqueya, pour qu’elle puisse aider 150 élèves de la philo du lycée à préparer les examens officiels.
Ces écolières et écoliers ont été encadrés par une quinzaine d’étudiants finissants à l’Université Quisqueya.
Ce support pédagogique aurait permis à ce lycée d’avoir 63% de réussite aux résultats des examens du secondaire rénové et 98% de réussite au niveau de la 9e année fondamentale, se réjouit Rameau.
« Les parents des zones avoisinantes sont décapitalisés. La situation socio-économique est extrêmement difficile. Il faut plus de sécurité pour faciliter la reprise des activités commerciales, susceptibles de permettre aux familles d’effectuer des rentrées financières », souhaite-t-il. [emb gp apr 04/09/2019 14 :15]