P-au-P, 02 août 2019 [AlterPresse] --- L’Office de protection de la citoyenne et du citoyen (Opc) demande à l’Etat haïtien de renforcer les capacités des institutions, ayant pour mission de combattre la corruption, afin que ces dernières puissent faire la lumière sur le dossier PetroCaribe, dans le rapport annuel 2017-2018, de 108 pages, de l’Opc sur la situation des droits humains en Haïti, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
La responsabilité d’élucider, dans un délai raisonnable, le dossier PetroCaribe doit également être confiée à la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca), à l’Unité de lutte contre la corruption (Ulcc), à l’Unité centrale des renseignements financiers (Ucref) et à la Commission nationale de lutte contre la drogue (Conald).
Deux rapports de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca), respectivement publiés les 31 janvier 2019 et 31 mai 2019, épinglent, entre autres, Jovenel Moïse (qui n’était pas, alors, président de la république), soupçonné d’avoir utilisé, à travers son entreprise dénommée « Agritrans », des « stratagèmes de détournement de fonds publics », pour la réalisation de travaux publics dans le Nord d’Haïti.
Deux anciens ministres sont déjà auditionnés dans le cadre du dossier PetroCaribe.
Il s’agit de l’ancienne titulaire du tourisme, Stéphanie Balmir Villedrouin, qui a repondu, le jeudi 1er août 2019, à une convocation du juge instructeur Ramoncite Accimé, et de l’ancien titulaire de la planification et de la coopération externe, Yves Germain Joseph, entendu le mercredi 31 juillet 2019.
Les recommandations de l’Opc sont formulées, parmi d’autres, dans le rapport annuel 2017-2018 de 108 pages sur la situation des droits humains en Haïti, rendu public, cette semaine, et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Plusieurs thèmes prioritaires y sont traités en rapport à l’état civil, aux droits économiques, sociaux et culturels, à la protection sociale, aux droits humains dans les prisons, à la lutte contre la corruption et l’impunité, à la lutte contre la traite des personnes, aux inégalités de genre et droits des femmes, à la protection de l’enfant, aux personnes à mobilité réduite et aux communautés lesbiennes, gays, bisexuels, transgenre, queer, intersexe (Lgbtqi).
Ces thèmes ont été choisis sur la base d’importantes préoccupations, qu’ils ont soulevés au sein de la société, explique l’Opc, dans ce rapport, qui sera présenté à la presse ce vendredi 2 août 2019.
Globalement, l’Office de protection de la citoyenne et du citoyen réclame de l’État haïtien un engagement, dans le processus de restructuration de l’Etat, par la mise à disposition de ressources suffisantes.
L’Opc appelle l’Etat à contribuer à la professionnalisation du métier d’officier d’état civil et à la garantie d’accès de toutes et de tous aux documents de l’état civil.
Les autorités étatiques doivent également renforcer la protection sociale, opérer une réforme dans les systèmes de santé, de l’éducation, créer un environnement propice à la création d’emplois décents, en vue d’une réduction significative du taux de chômage à travers le territoire national, en Haïti.
Réduire les arrestations illégales et arbitraires ainsi que les détentions préventives prolongées, garantir la sécurité des détenues et détenus, et leur accorder de meilleurs traitements sont parmi les propositions, faites par l’Opc.
Dans la lutte contre la traite des personnes, l’institution estime nécessaire de parvenir à rendre fonctionnel le Comité national de lutte contre la traite des personnes, par la publication d’un nouvel arrêté présidentiel de nomination des membres.
Il faut « renforcer les mécanismes de poursuites judiciaires contre les individus et réseaux de trafiquants, impliqués dans la traite des personnes et le trafic illicite de migrantes et migrants ».
L’Opc conseille de réduire considérablement les orphelinats, de développer une politique répondant concrètement aux problèmes de domesticité, d’insécurité alimentaire, de mortalité et de morbidité, qui touchent particulièrement les enfants de moins de cinq (5) ans.
Face à la discrimination, dont sont victimes les personnes vivant avec des handicaps, l’Opc recommande aux autorités de lancer des campagnes de sensibilisation pour éduquer la population sur les droits fondamentaux et le respect de la dignité des personnes à mobilité réduite.
Par ailleurs, l’Opc plaide en faveur du renforcement des capacités des femmes, de la vulgarisation des instruments de promotion et de défense des droits des femmes et de l’augmentation de la présence des femmes dans les espaces de décision ur le territoire national, en Haïti.
Se disant conscient d’une société foncièrement homophobe, l’Office de protection de la citoyenne et du citoyen réclame aussi le respect et la protection des droits des communautés lesbiennes, gays, bisexuels, transgenre, queer, intersexe (Lgbtqi), au regard du principe de la non-discrimination et des personnes vivant avec le Virus de l’immunodéficience humaine/Syndrome immuno-déficitaire acquis (Vih/Sida). [mj emb rc apr 02/08/2019 12:20]