P-au-P, 22 juil. 2019 [AlterPresse] --- La situation socio-économique actuelle risque d’éclater à tout moment en Haïti, prévient Me Samuel Madistin, président de la Fondasyon je klere (Fjkl), qui intervenait à l’émission Tichèzba sur AlterRadio 106.1 F.M.
Ce risque de situation explosive est « inacceptable », déplore Madistin, convaincu qu’il serait impossible pour le président Jovenel Moïse de rester au pouvoir dans un tel contexte.
Il arrivera un moment, où la population ne pourra plus supporter l’état actuel des choses, avertit le président de la Fjkl.
Un pays, qui déciderait de donner asile politique à Jovenel Moïse, accusé de corruption, s’exposerait à provoquer une grave crise chez lui, en raison du fait que l’opinion publique désapprouverait le geste, fait-il remarquer.
A travers son entreprise, dénommée « Agritrans », bénéficiaire d’une partie de fonds PetroCaribe, Jovenel Moïse est soupçonné d’avoir utilisé « des stratagèmes de détournement de fonds publics », pour des travaux publics dans le Nord d’Haïti, dans un rapport d’audit, rendu public le 31 mai 2019 par la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca).
Les branches politiques, dans l’opposition, continuent d’appeler à la poursuite de la mobilisation pour réclamer la démission de Jovenel Moïse et le renvoi du système politique en place.
La Fjkl dénonce un contexte, marqué par une insécurité généralisée, une grande impunité et une absence de justice et de l’État en Haïti.
Au moins 20 personnes sont mortes, 2 sont portées disparues et 6 autres blessées par balles, lors des violences armées dans le quartier de La Saline (non loin du bord de mer, à Port-au-Prince), au cours de la période allant du vendredi 5 au samedi 13 juillet 2019, selon un nouveau rapport du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), publié le jeudi 18 juillet 2019.
Un autre rapport, publié par le Rnddh, le jeudi 20 décembre 2018, avait fait état d’au moins 71 morts, lors de la tuerie, commise les 1er et 13 novembre 2018 au quartier de La Saline.
Plus de 70 personnes, dont des autorités étatiques et deux anciens policiers nationaux, devraient être arrêtées pour « actes répréhensibles », liés à la tuerie, perpétrée le 13 novembre 2018, au quartier La Saline,, a recommandé une enquête interne de la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj) en Haïti.
Jusqu’à date, aucun potentat, cité dans un rapport de la Dcpj, en relation avec les massacres à la Saline, n’a été convoqué par la justice.
Par ailleurs, la Fondasyon Je Klere demande à la justice de poursuivre l’ancien président Michel Martelly pour son implication dans les détournements de fonds, qui devaient être alloués à la reconstruction de plusieurs quartiers, comme Fort national (à Port-au-Prince), suite au tremblement de terre du mardi 12 janvier 2010.
Lors d’un Conseil des ministres, l’administration politique d’alors avait décidé d’allouer ces fonds, en contravention avec la loi, à d’autres projets sociaux, comme la construction de terrains de football, qui s’est révélé un véritable fiasco.
Martelly aurait commis un abus de fonction, dans le cadre de ce dossier de reconstruction de quartiers, qui devrait être réalisée avec l’argent du programme PetroCaribe, précise la Fjkl.
Dans deux rapports d’audit, publiés, respectivement, les 31 janvier et 31 mai 2019, la Cscca a pointé du doigt de hauts fonctionnaires de l’État, dont des proches de l’actuel président, dans la dilapidation de plusieurs milliards de dollars américains du programme PetroCaribe (Ndlr : US $ 1.00 = 96.00 gourdes ; 1 euro = 111.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.00 gourdes aujourd’hui).
Peu d’efforts ont été accomplis « pour traduire les auteurs des faits en justice et recouvrer les fonds détournés », a critiqué le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), le Portugais António Manuel de Oliveira Guterres, dans un rapport adressé au Conseil de sécurité de l’Onu et rendu public le mercredi 17 juillet 2019. [emb rc apr 22/07/2019 16:30]