P-au-P., 09 juil. 2019 [AlterPresse] --- La mort de l’historien et professeur d’université, Michel Hector, constitue une réelle perte pour le pays et pour les sociétés d’histoire, de l’avis de plusieurs chercheurs et professeurs d’université, interrogés par l’agence en ligne AlterPresse.
C’est une disparition terrible pour la société haïtienne, car le travail de Michel Hector fournissait un éclairage historique d’une grande importance, fait valoir le professeur Hérold Toussaint, vice-recteur à l’Université d’État d’Haïti (Ueh).
« C’est un mapou, qui est tombé. C’est un grand historien, qui est parti à un moment décisif ».
Michel Hector a été un « chercheur et un professeur d’université, à la fois généreux et rigoureux, extrêmement aimé de ses étudiantes et étudiants, de ses élèves. Ce fut un homme simple, d’une rare humilité, tantôt profond, et toujours accessible », témoigne l’enseignant-chercheur à l’Université d’État d’Haïti, Jhon Picard Byron.
Il rappelle qu’Hector est un « pionnier dans l’institutionnalisation de la recherche à l’Ueh ».
Michel Hector a fondé, à la Faculté des sciences humaines (Fasch), le Centre de recherches historiques et sociales (Crehso) et sa revue Itinéraires.
En tant qu’historien, Michel Hector étudiait le passé pour mieux cerner le présent, alors qu’il se préoccupait de l’avenir, déclare Émile Eyma Junior, président de la société capoise d’histoire, dans une interview accordée à AlterRadio 106.1 FM.
Originaire du Cap-Haïtien, un des sites historiques les plus importants du pays, Michel Hector a ponctuellement collaboré avec l’équipe de la société capoise d’histoire. Son départ plonge plus d’un dans la consternation, exprime Émile Eyma Junior.
« Michel Hector, connu aussi sous le pseudonyme de Jacques Doubout, était comme un personnage mythique », se souvient le professeur Roosevelt Millard, qui se reporte au lendemain de la chute de la dictature de Jean-Claude Duvalier, en 1986, au moment où il était étudiant.
« On se bousculait pour le voir, lui parler et le toucher. On s’étonnait de sa simplicité. On remplissait ses salles de cours et de conférence », témoigne Roosevelt Millard.
« Michel Hector laisse, à notre disposition, une œuvre que nous aurons toujours du plaisir à lire et à relire, à méditer, mais aussi et surtout à diffuser auprès de la nouvelle génération, qui en a tant besoin », se console Millard.
« Historien remarquable et prestigieux », « chercheur et professeur d’université à la fois généreux et rigoureux », Michel Hector a été « extrêmement aimé de ses étudiants, de ses élèves », souligne le Ministère de la culture et de la communication, qui exprime sa peine.
L’historien a rendu l’âme, le vendredi 5 juillet 2019, à l’âge de 88 ans, en sa résidence à Pétionville (est de la capitale, Port-au-Prince)
Auteur de plusieurs ouvrages, dont Syndicalisme et socialisme en Haïti, Michel Hector a eu une longue carrière d’enseignant, après sa formation à l’École normale supérieure (Ens) de l’Ueh à Port-au-Prince.
Michel Hector a, parallèlement, milité au sein du parti communiste haïtien, durant la terrible période de la dictature des Duvalier, et dédié une bonne partie de son temps à l’accompagnement du mouvement syndical, à travers sa fondation Ulrick Joly (du nom d’un syndicaliste emprisonné et rescapé de la dictature). [mj emb apr 09/07/2019 04:00]