Article de la Cellule de Vigiles de la Région (Cvre)
Document soumis à AlterPresse
Ville remarquable sur l’échiquier politique, Petit-Goâve semble s’inspirer de l’affaire PetroCaribe, pour lancer une lutte classique contre la corruption et le banditisme d’État, en s’appuyant sur des instances officielles de lutte contre la corruption et en prenant la voie du Parquet.
L’affaire PetroCaribe, en ouvrant une grande fenêtre sur les pratiques de corruption des responsables de deniers publics, des hommes d’affaires et des politiciens dans le pays, donne plus de visibilité à des institutions comme l’Unité centrale de renseignements financiers (Ucref), l’Unité de lutte contre la corruption (Ulcc) et la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca). C’est peut-être ce même vent d’indignation contre la corruption, qui introduit des riverains de l’Avenue Solidarité (12e section de Petit-Goâve) à la porte de l’Ulcc pour dénoncer les irrégularités d’un projet d’aménagement du chemin d’exploitation de la zone en cours d’exécution.
Voici cinq (5) d’une liste de onze (11) motifs, qu’ils ont fait valoir auprès de l’Ulcc, le 25 juin 2019, pour soutenir leur hypothèse de crimes financiers, en lien avec l’exécution dudit projet public :
L’opacité du projet (pas de tableau de renseignements et mépris des lois en vigueur portant sur la prévention et la répression de la corruption) ;
L’arrêt de l’exécution du projet sans explication ;
Les différents actes d’abus de fonction de l’ingénieur du Ministère des travaux publics, transports et communications (Mtptc), réprimés par la loi anti-corruption du 12 mars 2014, en son article 5.5 ;
Soupçon de trafic d’influence, de favoritisme et de passation illégale de marché public condamnés par cette même loi dans ses articles 5.9, 5.10 et 5.12 ;
Enfin, le récent rapport de la Cscca sur la dilapidation des fonds PetroCaribe nous met en garde contre le mode opératoire irrégulier et corrompu du Mtptc.
“Cette démarche, à l’ère de la marche vers le procès PetroCaribe, mérite de capter l’attention des Petrochallengers”, selon un riverain qui veut garder l’anonymat. “Car le robinet de la corruption ne va pas se fermer avec le Petro-procès, si la lutte n’est pas systématique, comme en Suède, par exemple”. Toujours, selon lui, la présence des engins de la “Caravane Changement” et d’hommes à filmer, lors du lancement du projet routier de l’Avenue Solidarité, impliquerait le Palais national, déjà décrié pour gaspillage de deniers publics et pour corruption en général.
Il importe de rappeler que cette affaire est par devant le Commissaire du Gouvernement près le Tribunal de première instance de Petit-Goâve, où des hommes politiques, des hommes d’affaires et des fonctionnaires de l’État sont attendus pour que la lumière soit faite, à propos des attentats, perpétrés, dans le quartier, depuis le 9 mai 2019, contre la propriété privée en lien avec l’exécution de ce projet. Parmi les six (6) justiciables, figurent le nom du Député Germain Fils Alexandre et celui du Maire Principal de la commune Jean Samson Limongy. Rappelons que ce dernier a été dénoncé par Me Justin O. Fièvre, récemment (à la radio Prévention), comme acteur important d’un réseaux d’hommes puissants, qui met en œuvre une politique d’expoliation à Petit-Goâve.
“Espérons que les plaignants trouveront satisfaction pour éviter que l’affaire ne devienne un scandale international,” nous a confié l’un des membres du comité des riverains indignés. “Haïti est signataire de traités en lien avec la corruption et le respect de la propriété privée”, rappelle-t-il.
Quel sera l’issue de ces pertinentes initiatives citoyennes ? Est-ce que l’Ulcc va faire son travail en toute professionnalisme ? Le Commissaire du Gouvernement qui est chef de la poursuite, facilitera-t-il que justice soit faite, quand on sait que l’exécutif aurait des explications à fournir sur le degré de sa responsabilité dans la démolition manu militari des biens immeubles de plus d’une trentaines de riverains de la zone ? Autant de questions en circulation sur les 620 mètres de route, qui divisent le quartier en deux.