P-au-P., 23 avril 05 [AlterPresse] --- La Commission Interaméricaine des Droits Humains (CIDH) de l’Organisation des Etats Américains (OEA) a exprimé ce 22 avril des préoccupations vis-à -vis de la situation générale en Haiti, à l’issue d’une mission de 5 jours dans le pays.
Lors d’une conférence de presse à Port-au-Prince, le président de la commission, Clare K. Roberts, a estimé que la sécurité s’est « considérablement dégradée » depuis la dernière visite de la commission dans le pays en septembre 2004.
Selon des estimations de la CIDH, plus de 600 personnes, dont 19 policiers, ont été tuées dans des actes de violence depuis le 30 septembre 2004, date du déclenchement de l’opération violente appelée Bagdad. Elle a souligné des cas d’enlèvement de personnes dans leurs voitures, la multiplication d’incidents violents et des cas d’ « exécutions extrajudiciaires » par les forces de police.
Cette situation affecte particulièrement les défenseurs des droits de l’homme, le personnel des médias et ceux qui se consacrent à faire respecter les « droits fondamentaux et la gouvernance démocratique » a poursuivi Roberts.
La commission s’est dit préoccupée par « la menace » que représente la « violence généralisée » pour la tenue de bonnes élections prévues pour la fin de l’année. Elle a plaidé en faveur d’un climat sur, permettant des débats politiques, la réalisation des campagnes électorales et le processus de vote nécessaire pour la concrétisation des compétitions d’octobre, de novembre et de décembre 2005.
La CIDH a invité les autorités du gouvernement de transition à adopter des mesures urgentes pour éliminer la violence, et assurer que le processus électoral puisse aller de l’avant « sans délai ».
Mettant l’accent sur la circulation de milliers d’armes illégales et la proliférations des gangs armés dans le pays, la commission a appelé le gouvernement à activer le processus de désarmement, la démobilisation et la réinsertion sociale de tous les groupes illégaux.
Selon le président de la commission, la question de la sécurité a aggravé les problèmes relatifs au fonctionnement de la justice. « Des 1054 détenus visités au pénitencier national, seulement 9 ont été condamnés » s’est-il indigné.
La CIDH a souligné également la grave situation économique d’Haiti et a invité la communauté internationale à décaisser les fonds promis en juillet dernier à Washington pour la réalisation des projets de développement et la création d’emplois dans le pays. « Seulement 10 % des 1,4 milliards de dollars promis ont été débloqués pour Haïti, et la population fait face à de sérieuses difficultés économiques » a indiqué Roberts.
« 80 % de la population haïtienne vivent sous le seuil de la pauvreté et plus des deux tiers des ouvriers n’ont pas d’emplois réels » a insisté la CIDH.
Le décaissement des fonds devrait permettre à l’Etat haïtien de subvenir à certains besoins pressants de la population comme la santé, l’éducation, la création d’emplois, et le renforcement de la capacité étatique à résoudre les problèmes liés à l’insécurité. [fl gp apr [23/04/2005 00:15]