Par Ronald Colbert
P-au-P, 14 juin 2019 [AlterPresse] --- La capitale, Port-au-Prince, est, ce vendredi 14 juin 2019, à son cinquième jour d’arrêt, de perturbations et de tensions, dans le cadre d’un mouvement exigeant la démission de Jovenel Moïse de la présidence politique en Haïti, observe l’agence en ligne AlterPresse.
« Quelque chose ne va pas, il y a vraiment un problème dans le pays. Sinon, il y aurait un bourdonnement d’activités bruyantes dans les rues, aujourd’hui presque vides et désertées », laissent entendre, dans différents quartiers, des riveraines et riverains, qui se demandent de quelle gestion nationale parle-t-on.
« Il n’y a pas de dirigeants, il n’y a pas de gouvernants. Qu’est-ce qu’ils prétendent gérer, avec ce qui se passe dans les rues depuis plus de 6 jours » ?
Ce vendredi 14 juin 2019, la circulation est fluide partout à Port-au-Prince. Quelques véhicules de transports publics desservent certains circuits, comme sur la grande route de Delmas.
Les véhicules privés et les motocyclettes sont plus nombreux sur des artères presque désertes.
Il y a encore les traces de barricades de pneus usagés enflammés et de grosses pierres, en divers endroits.
Ce qui laisse présager, dans les semaines à venir, une résurgence de nombreux cas de grippe et de fièvre, voire de problèmes de peau et d’atteintes (picotements, démangeaisons, brûlures) aux yeux, des maux de tête, avec les restes de fumée, sans oublier la poussière qui envahit fortement l’environnement, dans une période où les pluies ont cessé.
Conversant autour de la situation, beaucoup d’habitantes et d’habitants campent en différents carrefours. Un certain nombre ainsi que des chauffeurs de motocyclettes alertent les chauffeurs de véhicules privés sur la nécessité d’éviter telle voie, où des pare-brises ont, déjà, été cassés.
Au Champ de Mars, principale place publique de la capitale, aux abords de ce qui reste du Palais national, depuis le tremblement de terre du mardi 12 janvier 2010 (il y aura bientôt 10 ans), la tension tend à grandir. Les personnes les plus prudentes conseillent aux autres d’éviter de s’y rendre. Sauf… pour aller participer aux manifestations contre Jovenel Moïse ?
Des ambulances circulent.
Les chauffeurs des véhicules de médias, lors même qu’ils sont clairement identifiés, doivent faire attention, car les lanceurs de pierres ne font aucune distinction dans leurs expressions de colère et leurs mouvements de frustration.
C’est le retour aux périodes de troubles et d’imprévisions.
Les actes de violence, caractérisée et autre, de mains inconnues, peuvent survenir à tout bout de champ et à tout moment.
Des véhicules de la Police nationale d’Haïti (Pnh), bien identifiés, sont remarqués à des points stratégiques fixes. Avec, à leur bord, des agents spécialisés, d’autres… patrouillent sur différents axes.
La plupart des établissements scolaires restent fermés, quoiqu’ils doivent boucler l’année académique 2018 – 2019 par des évaluations diverses, au cours de ce mois de juin 2019, si la situation politique le permet.
Les portes d’une quantité indéterminée de services, d’organismes, d’institutions publiques et privées restent fermées.
Mais, certaines banques commerciales fonctionnent, dans des zones apparemment « moins chaudes », ou ayant moins de turbulences.
Depuis le lundi 10 juin 2019, au lendemain de la grande mobilisation de plusieurs milliers de personnes, dans les rues, contre la présence de Jovenel Moïse au palais national, c’est ce vendredi 14 juin 2019 que beaucoup d’habitantes et d’habitants ont osé s’aventurer dans les rues.
D’aucuns parlent d’efforts de ravitaillement, en signe de prévention de possibles jours sombres, durant les semaines à venir…
Il y a encore des possibilités de s’approvisionner, avec le peu d’argent disponible, dans les différents marchés publics et certains supermarchés, où les prix, surtout des biens essentiels, sont, tout de même, totalement à la hausse.
De quelle manière et où les agentes et agents économiques, surtout celles et ceux désignés sous le nom de « petites bourses », vont-ils puiser les ressources financières appropriées, pour faire face à la vie chère, aux coûts de plus en plus élevés de la vie en Haïti ?
C’est le silence chez celles et ceux, qui disent être à la tête de la barque nationale.
Il s’agit plutôt d’une barque nationale à la dérive, avec un nombre élevé de passagères et passagers, menacés d’être engloutis…
La république d’Haïti n’avance point depuis plusieurs années.
Elle recule et fait davantage de bonds en arrière, en s’enfonçant, de plus en plus, dans un abîme sans fond…, avancent des spécialistes.
Comme au mois de juillet 2018 (les vendredi 6, samedi 7 et dimanche 8 juillet 2018), comme durant la période de pays « locked », du jeudi 7 février au lundi 18 février 2019, chacune et chacun doivent revoir leurs plans, leurs programmes et agendas de planification préalable.
L’incertitude, autour de ce qui se passe et de ce qui risque d’advenir, pèse irrémédiablement.
Dans les milieux politiques, on parle de discussions sur l’après-Jovenel Moïse, les contours d’une éventuelle nouvelle transition politique, devant rompre avec le système actuel de dilapidation des biens et fonds publics, de corruption, d’exclusion, d’injustices, d’impunité, de privilèges indus…
Comment les voix de toutes et de tous seront prises en compte ?
Quelles articulations avec les aspirations profondes de la population ?
Comment les citoyennes et citoyens, en dehors des actions de mobilisations, toujours présentes quotidiennement, deviendront-ils de véritables protagonistes de la politique globale ou des politiques globales à venir ?
Pas de réponses pertinentes, jusqu’à date.
Rien n’est sûr, ni clair.
Personne ne sait de quoi demain sera fait…
Des voix suggèrent des concertations sectorielles et multisectorielles.
Par quelles voies et par quels moyens ? [rc apr 14/07/2019 16:00]