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Politique/PetroCaribe : La capitale, Port-au-Prince, à nouveau « locked », suite à la mobilisation anti-corruption du 9 juin 2019 en Haïti

P-au-P, 10 juin 2019 [AlterPresse] --- Quatre mois après le mouvement de pays « locked », du 7 au 18 février 2019, les activités commerciales et scolaires demeurent globalement paralysées, ce lundi 10 juin 2019, à Port-au-Prince, au lendemain de la mobilisation anti-corruption de plusieurs dizaines de milliers de personnes, le dimanche 9 juin 2019, en Haïti, visant à réclamer le départ du président Jovenel Moïse, observe l’agence en ligne AlterPresse.

La plupart des institutions publiques et privées, les banques commerciales, des supermarchés et des stations de vente de produits pétroliers ne fonctionnent pas, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.

Des élèves ont dû retourner chez eux, en raison du fait que les portes de nombreuses écoles sont fermées.

Le commerce informel fonctionne timidement.

Beaucoup de petites commerçantes et de petits commerçants ont, tout de même, étalé leurs produits alimentaires, dans les marchés publics d’approvisionnement.

Le constat, les prix des produits essentiels à la consommation tendent à grimper.

Une grande marmite (plus de 5 livres) de maïs moulu local, qui coûtait 175.00 gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 96.00 gourdes ; 1 euro = 110.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.00 gourdes aujourd’hui), il y a une semaine, est débitée aujourd’hui à 200.00 gourdes, soit plus de 14% d’augmentation.

Une grande marmite de petit mil local, qui était achetée à 300.00 gourdes, coûte désormais 350.00, soit environ 17% d’augmentation.

Une grande marmite de fruits de tamarin, qui était à 100.00 gourdes, est vendue maintenant à 150.00 gourdes, soit 50% d’augmentation.

Parallèlement, depuis le vendredi 7 juin 2019, les autres prix de produits alimentaires connaissent également une hausse, dans les marchés publics et les supermarchés, face à la perspective de pays à nouveau « locked », à compter du lundi 10 juin 2019.

Beaucoup de citoyennes et citoyens tentent de se rendre à pieds, pour aller s’approvisionner en différents produits.

Dans les différents quartiers, les riveraines et riverains trouvent, tout de même, à acheter : dans les boutiques et différents étalages de commerce informel.

Quelques barricades de pneus usagés enflammés ont été remarquées, ce matin, dans plusieurs endroits, notamment à l’avenue Martin Luther King (plus connue sous le nom de « Nazon »), à Delmas 31 et Delmas 45.

Des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) sont présents à des points fixes. D’autres patrouillent les rues de la capitale.

Des manifestantes et manifestants se sont rassemblés, ce 10 juin 2019, au niveau de l’intersection des routes de l’aéroport international de Port-au-Prince et de Delmas, plus connue sous le nom de « Carrefour de l’aéroport » international de Port-au-Prince.

Les protestataires continuent d’appeler à la démission de Jovenel Moïse, épinglé dans le deuxième rapport d’audit de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca), à travers sa firme dénommée « Agritrans », soupçonnée d’avoir utilisé des « stratagèmes de détournements de fonds », dans le cadre du programme PetroCaribe de l’aide vénézuélienne à Haïti.

A l’exception de quelques circuits, plutôt intérieurs, non pas sur les grands axes de circulation, les véhicules de transports publics sont généralement absents dans les rues, ce lundi 10 juin 2019, contrairement aux taxis-motos et quelques rares véhicules privés, qui y circulent.

Toutefois, des individus non identifiés ont lancé des pierres sur des véhicules de l’État et privés, dans certaines zones, rendant difficile la circulation automobile.

Des tracts, largués un peu partout, dans les rues, annoncent d’éventuels troubles dans le pays, pour forcer Jovenel Moïse à laisser le pouvoir.

Du jeudi 7 au lundi 18 février 2019, il y a eu également une paralysie totale des activités en Haïti.

La paralysie des activités de ce lundi 10 juin 2019 fait suite à un appel à la grève générale, lancé par des organisations syndicales et sociopolitiques, pour continuer de réclamer le départ de Jovenel Moïse, après la grande mobilisation du 9 juin 2019, initiée par les petrochallengers.

Depuis la mi-août 2018, les petrochallengers sont les principaux fers de lance, particulièrement à travers les réseaux sociaux et dans différents types de manifestations, de la mobilisation anticorruption, en exigeant une reddition de comptes sur l’utilisation des fonds PetroCaribe. Ils avaient mobilisé des centaines de milliers de personnes protestataires, le mercredi 17 octobre 2018, à travers Haïti.

La grande manifestation du 9 juin 2019 demandait des comptes sur la dilapidation présumée de plusieurs milliards de dollars américains (plus de 4 milliards) des fonds PetroCaribe et exigeait aussi la démission de Jovenel Moïse.

2 morts par balles, 4 blessés et deux maisons incendiées ont été enregistrés dans le département de l’Ouest, lors de cette journée de manifestations, fait savoir le porte-parole de la Pnh, Michel-Ange Louis Jeune.

L’opposition politique fait état, de son côté, de 5 morts par balles, de plus d’une centaine de personnes blessées et de plusieurs dizaines d’arrestations, comme bilan partiel de la journée de protestation du 9 juin 2019 sur le territoire national.

Cette nouvelle série de manifestations fait suite aux révélations, contenues dans le deuxième rapport d’audit, de 612 pages, de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca), remis au sénat le vendredi 31 mai 2019.

Après le premier, rendu public le 31 janvier 2019, le deuxième rapport d’audit de la Cscca épingle, notamment, Jovenel Moïse (devenu président d’Haïti le 7 février 2017).

Jovenel Moïse aurait utilisé « des stratagèmes de détournements de fonds », à travers sa firme dénommée « Agritrans », dans la gestion de fonds publics du programme PetroCaribe de l’aide vénézuélienne à Haïti, suivant le rapport d’audit de la Cscca.

De hauts dignitaires de l’État, dont des premiers ministres, ainsi que d’anciens ministres, d’anciens directeurs généraux et des responsables de firmes de constructions dans la mauvaise gestion de plusieurs milliards de dollars américains des fonds publics de PetroCaribe. [emb rc apr 10/06/2019 11:50]