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Haïti-Politique : L’attente se poursuit pour Jean Michel Lapin

P-au-P, 30 mai 2019 [AlterPresse] --- La séance, qui devait avoir lieu, dans la matinée du jeudi 30 mai 2019, au sénat de la république, pour la ratification ou non de la déclaration de politique générale du premier ministre Jean Michel Lapin, a été finalement annulée, suite à de vives tensions aux abords du parlement, où des tirs d’armes ont été entendus, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.

Au début de la matinée, la salle devant accueillir, aux environs de 8:00 am (12:00 gmt), la séance au sénat, a été mise sens dessus dessous par des sénateurs de l’opposition (Nènel Cassy, Antonio Chéramy, Evalière Beauplan et Ricard Pierre).

Des bureaux, pupitres et chaises ont été renversés au sénat. D’autres ont été déplacés et installés sur la cour du parlement.

Un début de mobilisation a été également signalé, dans la zone du bicentenaire, en signe de solidarité aux sénateurs de l’opposition, provoquant une intensification des tensions.

En début d’après-midi, plusieurs barricades de pneus usagés enflammés ont été remarquées sur certains artères, au centre-ville de Port-au-Prince, notamment au niveau du Champ de Mars (principale place publique de la capitale Port-au-Prince).

Carl Murat Cantave, le président du sénat, qui tentait d’organiser une conférence des présidents à l’extraordinaire, ce jeudi 30 mai 2019, a dû laisser tomber, parce que certains sénateurs et le personnel ne se sentaient pas en sécurité, informe le sénateur Pierre François Sildor, joint au téléphone par l’agence en ligne AlterPresse.

Sildor dénonce « les actes de sabotage, d’anarchie et de banditisme », qui ne cadrent pas, selon lui, avec la mission d’un parlementaire.

Pour sa part, le sénateur Jean Rigaud Bélizaire qualifie ce qui s’est passé au sénat de la république « d’actes de vandalisme ».

Bélizaire condamne le niveau d’agressivité de ses collègues et leurs pratiques, qui risquent d’envenimer la situation.

Après deux rendez-vous avortés, les dimanche 12 mai et mardi 14 mai 2019, la salle de séance du sénat devait accueillir, ce 30 mai 2019, une troisième tentative d’audition de la politique générale du gouvernement, en attente de ratification par-devant les deux chambres, du premier ministre nommé Jean Michel Lapin.

Lapin est un ancien premier ministre intérimaire, à partir du jeudi 21 mars 2019, après la censure, à la chambre des députés, le lundi 18 mars 2019, du gouvernement de Jean Henry Céant (Premier ministre d’Haïti, du 17 septembre 2018 au 18 mars 2019), au sein duquel il était titulaire du Ministère de la culture et de la communication (Mcc).

Une circulaire du secrétariat du sénat, en date du mercredi 29 mai 2019, avait annoncé des dispositions particulières de sécurité, très questionnées dans l’opinion publique.

Dans une apparence de décision unilatérale, sans une entente, au préalable, avec les différents blocs politiques au sénat, notamment avec ceux de l’opposition, Carl Murat Cantave avait convoqué, à nouveau, une séance de ratification du premier ministre nommé pour ce 30 mai.

Arguant d’une séance en continuation, Cantave considérait qu’il n’est pas nécessaire de s’asseoir avec les présidents des différentes commissions sénatoriales, afin de déterminer les voies à suivre dans ladite séance annoncée.

Dans une déclaration publique, Carl Murat Cantave avait même menacé de fermer le sénat pour restructuration, au cas où la prochaine séance ne pourrait pas avoir lieu.

Jean Michel Lapin avait complété son cabinet ministériel, composé maintenant de 18 ministres, sans cumul de postes, comme l’exigeaient les sénateurs de l’opposition.

Ces derniers avaient aussi demandé le retrait, du cabinet ministériel, des personnalités, ayant fait partie du gouvernement de Jean Henry Céant, une exigence non prise en compte dans la nouvelle composition du cabinet.

Or, huit personnalités, qui étaient ministres sous l’administration de Jean Henry Céant, figurent encore dans la composition du cabinet ministériel de Lapin, en attente de ratification.

Un entêtement du président Jovenel Moïse, selon le point de vue des 4 sénateurs de l’opposition.

Pour sa part, le groupe majoritaire au niveau du sénat avait rejeté les exigences de leurs collègues de l’opposition. [emb gp apr 30/05/2019 15:20]