P-au-P., 19 avr.05 [AlterPresse] --- L’association des divers groupes criminels armés, dont les anciens militaires dits démobilisés, contribue à la recrudescence des actes de violence et d’insécurité qui frappent systématiquement la population haïtienne à divers endroits du territoire national, particulièrement Port-au-Prince.
C’est ce qu’estime l’organisation internationale de défense des droits humains, Human Rights Watch » (HRW), au terme d’une mission d’observation conduite du 4 au 20 avril 2005 dans l’Ouest, le Plateau Central, le Nord, le Nord-Est et l’Artibonite, 5 des dix départements géographiques d’Haïti.
« Chaque mois, ce sont des dizaines de citoyennes et citoyens haïtiens qui meurent dans des actes de brutalité des groupes armés du pays. Se joignant
aux anciens militaires, les groupes criminels commettent divers actes répréhensibles sur la population. Et les organisations avec lesquelles nous travaillons, comme la Commission Nationale Justice et Paix (citée à titre d’exemple) l’ont confirmé », a martelé Anna Neistat de HRW.
Ce climat d’insécurité est dû à la présence des divers groupes armés qui fonctionnent dans le pays parallèlement aux forces de l’ordre. De plus, il y a une absence remarquée de l’Etat dans certaines villes de province.
« Comment est-ce possible qu’il y a seulement 5 policiers à Belladère, une zone frontalière du pays », s’est demandée Anne Fuller, consultante à HUMAN
RIGHTS WATCH sur Haïti, qui a profité pour dénoncer la lenteur de l’appareil judiciaire et la non présence de policiers dans des villes clés du
pays.
Sans les nommer explicitement ni les zones où de tels cas ont été enregistrés, Human Rights Watch a relevé des cas d’abus perpétrés sur la population civile par des policiers en exercice.
La situation, qui avait commencé à se normaliser, est devenue chaotique après le déclenchement de l’opération Bagdad, fin septembre 2004 dans la
capitale haïtienne, par des supporteurs armés de l’ancien régime lavalas de l’ex-dictateur Jean-Bertrand Aristide en exil en Afrique du Sud depuis
2004.
« Le gouvernement a consenti beaucoup d’efforts, mais cela n’a pas suffi à faire baisser la tension », a précisé Anna Neistat.
"L’Etat haïtien s’est beaucoup engagé, mais les résultats se font toujours attendre", a-t-elle poursuivi.
Pour Human Rights Watch qui n’impute pas la violence au gouvernement de mars 2004, les réalités des droits humains se sont améliorées sous le régime de transition, grâce à ce qu’elle appelle la "présence de la Mission de Stabilisation en Haïti".
L’organisation internationale de défense des droits humains promet de rendre publics les résultats des observations faites en Haïti pour le mois de juin
2005.
A rappeler que dans l’invitation adressée le 18 avril 2005 aux médias par le biais de la branche locale de l’Organisation des Etats Américains, Human Rights Watch avait évoqué différentes conclusions préliminaires de la mission effectuée, dont : « la violence criminelle et politique qui produit des centaines de victimes ; l’échec du gouvernement à protéger la population et à sanctionner les coupables ; la faiblesse des institutions étatiques de justice et de maintien de l’ordre dans les provinces, laissant la place à de
nombreux groupes armés irréguliers, créant ainsi un climat d’insécurité ; un harcèlement des militants et supporteurs du parti Fanmi Lavalas dans plusieurs zones, remettant en question les possibilités pour ce parti de participer pleinement aux élections ; les problèmes critiques qui ont compromis jusqu’à présent la capacité de la Mission des Nations Unies de Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) à mettre un terme à la crise ».
[ lf rc apr 19/04/05 18 : 40]