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Haïti : les déplacés internes, une nouvelle catégorie de migrants en 2004

P-au-P., 18 avr. 05 [AlterPresse] --- Plus de trente milles (30,000)personnes auraient été forcées de laisser leurs résidences au cours du premier trimestre 2004 et à chercher refuge dans d’autres localités pour cause de violence politique en Haïti.

Les déplacés internes ont été la catégorie la plus remarquable dans le mouvement de population enregistré l’année dernière dans le pays, a indiqué
le Groupe d’Appui aux Réfugiés et Rapatriés (GARR) dans un rapport annuel sur la migration et les droits humains à la frontière haïtiano-dominicaine
rendu public le 14 avril 2005 à Port-au-Prince.

Le GARR a avancé que la crise politique en Haiti a accouché d’une nouvelle catégorie de migrants : les "déplacés internes", a indiqué
Colette Lespinasse, coordonnatrice du GARR.

Par contre, trois mille (3,000) ressortissants nationaux ont dû se rendre en terre étrangère, durant la première moitié de l’année 2004, par suite des catastrophes naturelles ayant frappé le pays. De ce chiffre, le GARR a relevé que 1,900 personnes se sont dirigées vers les Etats-Unis d’Amérique,512 vers la Jamaïque, 400 vers les Bahamas, 30 vers Cuba, tandis que 300 ont produit des demandes d’asile politique en République Dominicaine.

Les chiffres avancés sont loin, pourtant, de rivaliser avec ceux de l’exode massif constaté pendant la période du Coup d’Etat militaire de 1991 à 1994,a tenu à préciser le GARR.

Au cours de l’année 2004, en dépit de la crise politique, la République Dominicaine a expulsé vers Haïti un total de 15,000 personnes, dont 71 % ont ete rapatriees par Belladère et Ouanaminthe. Le nombre de personnes rapatriées était de l’ordre de 36,000 en 2003, a signalé le GARR.

Le Groupe d’Appui aux Réfugiés et Rapatriés a profité de la présentation de son rapport annuel 2004 pour dénoncer les opérations d’embauchage clandestin qui se poursuivent le long de la ligne frontalière entre les deux pays qui partagent l’île d’Haïti.

"18,000 cas d’haïtiens embauchés clandestinement ont été répertoriés sur la zone frontalière pendant l’année 2004" par le GARR.

Ces opérations de recrutement clandestin de main-d’œuvre ont coïncidé avec une recrudescence d’autres cas de violations des droits humains sur la frontière, due à la présence de groupes armés et l’absence de l’Etat haïtien dans tous les points stratégiques de passage.

« 91 cas graves ont été portés à l’attention du GARR en 2004, dont plusieurs sont liés à la crise politique haïtienne et l’absence d’autorité dans la
zone frontalière », a fait remarquer Colette Lespinasse, coordonnatrice du GARR.

Il s’agit surtout « d’assassinats, de blessés par balles, d’atteintes à l’intégrité physique des personnes, de différents incidents qui ont entravé
les efforts de rapprochement et de respect mutuel ». a poursuivi Colette Lespinasse.

Rappelant que 2004 a été une année difficile pour tout le peuple haïtien, et particulièrement pour les riverains de la zone frontalière, le GARR convie toutes les citoyennes et tous les citoyens du pays à faire un dépassement de soi, afin de trouver un consensus pouvant faciliter la stabilité et la bonne gouvernance d’Haïti, et éviter ainsi les compatriotes à exposer leur vie dans des aventures regrettables, comme les traversées clandestines par terre de la ligne frontalière ou par mer sur des embarcations de fortune en direction de pays jugés plus hospitaliers.[lf rc apr 18/04/05 17 : 20]