P-au-P, 25 avril 2019 [AlterPresse] --- Six personnes ont été assassinées et une vingtaine d’autres blessées, dans la nuit du mercredi 24 avril 2019, dans le quartier de Carrefour Feuilles (sud-est de Port-au-Prince), lors d’une attaque perpétrée par un groupe d’individus armés, dirigé par le chef de gang Tije ainsi connu, selon les informations rassemblées par AlterPresse.
Le gang, dirigé par Tije, se serait mis à la recherche d’un policier national. Ne l’ayant pas trouvé, il s’en est pris à des membres de la population de Carrefour Feuilles.
Des photos, circulant sur les réseaux sociaux, montrent quatre (4) cadavres, dont trois (3) hommes et une femme, étendus sur le sol.
Depuis de nombreux mois, les gangs armés font la loi dans plusieurs quartiers populaires, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, ainsi que dans certaines autres zones, sans être inquiétés.
Une fusillade entre des gangs armés aurait fait 2 morts et plusieurs blessés à Delmas 19, dans la nuit du dimanche 21 avril 2019, ont rapporté des médias.
Plusieurs cas d’assassinats ne sont pas mentionnés dans la presse. Les victimes ou leurs proches ne témoignent pas toujours. Très souvent, l’institution policière, dont la mission est de protéger et servir, n’informe pas sur ces crimes, qui sont loin d’être des faits isolés.
Pierre Espérance du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) maintient ses accusations contre les autorités étatiques, qui seraient, selon lui, de connivence avec les bandits armés, en dépit d’une note de dénonciation du Ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales (Mict).
Le Rnddh critique la justice, qui, sur l’intervention des autorités gouvernementales, procède à la libération de bandits notoires. Ce qui anéantit les efforts de la police nationale pour les neutraliser, regrette le Rnddh.
Le président de la Commission sécurité et justice du Sénat, Jean Renel Sénatus, a fait savoir que le sénateur Garcia Delva communiquerait fréquemment par téléphone avec Arnel Joseph, un chef de gang recherché par la police, mais retranché, depuis mars 2019, à Marchand Dessalines.
Garcia Delva n’a eu aucune peine à confirmer ses relations avec Arnel Joseph, qui est, en même temps, un évadé de prison.
L’impuissance des autorités face à l’insécurité
Des individus armés, sous la commande du présumé chef de gang Arnel Joseph, activement recherché par la Police nationale d’Haïti, continuent de terroriser la population dans le département de l’Artibonite.
Arnel Joseph s’est retranché dans la commune de Marchand Dessalines, suite à une opération policière menée au Village de Dieu (au centre-ville de Port-au-Prince) pour le capturer.
Des civils armés ont attaqué, le vendredi 19 avril 2019, le commissariat de Petite Rivière de l’Artibonite, créant, depuis lors, une situation de panique dans plusieurs communes de l’Artibonite.
Les nombreuses « instructions formelles », passées par le président Jovenel Moïse, aux plus hauts responsables de la sécurité d’Haïti, « pour contrer les bandits armés » ainsi que les dispositions institutionnelles, annoncées par le porte-parole de la Police nationale d’Haïti (Pnh), Michel-Ange Louis-Jeune, visant à ramener le calme dans le pays, demeurent, jusqu’à présent, sans effet.
Les multiples promesses des autorités étatiques ne rassurent plus la population, qui est, plus que jamais, livrée à elle-même.
Une insécurité généralisée
Une psychose de peur gagne les familles haïtiennes et même des institutions internationales.
Des voyageurs, entrant par l’aéroport international de Port-au-Prince, sont, de plus en plus, suivis et attaqués par des bandits, qui tuent et blessent. Les cas de braquages et de vols deviennent courants à travers le territoire national, en Haïti.
16 containers, dont deux transportant des armes de guerre et une grande quantité de munitions, seraient portés disparus au port (privé) Lafiteau à Port-au-Prince.
En liaison à cette affaire, le parquet près le tribunal civil de la capitale a procédé, le mardi 23 avril 2019, à l’arrestation de deux (2) employés de la douane de Port-au-Prince, Nathan Séide et Alex Jérôme, pour délit douanier.
De plus, les pratiques de rançonnements d’institutions publiques et privées sont monnaie courante dans des quartiers proches des zones occupées par des bandits.
Depuis le 10 avril 2019, les employés de l’Organisme (public) pour le développement de la Vallée de l’Artibonite (Odva) vivent dans la peur, après une demande de rançon de 20 millions de gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 87.00 gourdes ; 1 euro = 102.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.80 gourde aujourd’hui) du gang dénommé Baz gran grif aux responsables de l’institution.
Certains fonctionnaires de l’Odva auraient même abandonné leur milieu de travail.
Face aux menaces, brandies par le gang Baz gran grif, le directeur général de l’Odva, Jocelyn Jean, a appelé les autorités policières et judiciaires à garantir la sécurité du personnel. [emb gp apr 25/04/2019 11:30]