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Haïti-Insalubrité : Les habitants de Cité Planteau à Ouanaminthe livrés à eux-mêmes

Par le Service Jésuite aux Migrants/Solidarite Fwontalye

Soumis à AlterPresse le 11 avril 2019

Depuis plusieurs années, les habitants de Cité Planteau, à Ouanaminthe (Nord-Est), font face à un grave problème environnemental et sanitaire : une décharge à ciel ouvert en plein cœur de la Cité.

Le problème des déchets concerne le pays entier, mais, en particulier, les villes, où les emballages plastiques s’accumulent dans l’indifférence générale.

Dans le cas de Cité Planteau, ce sont des quantités de bouteilles et sacs en plastique, des barquettes en polystyrène, des canettes, des boîtes de conserve, des vêtements, du verre et, plus grave encore, des déchets médicaux, qui s’amoncellent.

La population n’est pas la seule responsable de ce désastre écologique et sanitaire, puisque la municipalité ne fait rien pour aider, durablement, la population à trouver des solutions alternatives à la gestion et à la diminution de leurs déchets.

Un malaise qui se répète

L’espace de la décharge est un terrain privé, une pelouse au milieu de Cité Planteau.

Il y a quelques années, ce terrain a été, une première fois, envahi par des déchets. Les déchets ont été évacués par la municipalité et le Service Jésuite aux Migrants-Solidarite Fwontalye (SJM/SFw-Haïti), dont les bureaux font face à la décharge.

Mais la zone a été, de nouveau, recouverte d’ordures.

Une seconde fois, le terrain a été nettoyé, cette fois avec une promesse du propriétaire : la construction d’un mur, autour du terrain, pour empêcher un nouveau dépôt. Cette construction a été initiée, mais un côté du mur reste à ce jour inachevé, ce qui permet toujours aux habitants de la zone de déposer leurs déchets.

Actuellement, le terrain est donc, une troisième fois, envahi, alors qu’il pourrait être un terrain de jeux ou de sport pour les jeunes de ce quartier.

Des conséquences graves pour la santé

Une telle décharge à ciel ouvert, en plein milieu des habitations, a des conséquences désastreuses, en termes de santé publique.

Comme le terrain n’est absolument pas étanche, les déchets infiltrent et contaminent les sols et les nappes phréatiques, qui alimentent la cité en eau « potable ».

En raison de la grande quantité de plastiques, la décomposition des déchets au soleil et la combustion volontaire émettent des gaz extrêmement polluants. Le monoxyde de carbone et les vapeurs de mercure sont très nocifs pour la santé et menacent la population (et les enfants qui jouent sur la décharge !) de maladies incurables.

Sans parler des déchets médicaux, qui propagent d’autres maladies, directement dans le sol et l’eau, ou par l’intermédiaire des animaux attirés par les déchets organiques (les rats, les cochons, les chiens).

L’ingurgitation de particules plastiques par le bétail (porcs, cabris, poulets) est aussi nocive : ces particules, qui ne sont pas détruites par les organismes animaux, se retrouvent dans l’assiette des personnes qui mangent la viande.

Mais, les conséquences des déchets plastiques sur la santé, mal connues, pourraient être encore plus graves.

Vivre tout près d’une décharge à ciel ouvert pourrait avoir des conséquences très néfastes sur la santé, jusqu’à provoquer des anomalies génétiques.

Un désastre environnemental

Une telle décharge est à l’origine d’une production significative de méthane et de dioxyde de carbone : des gaz, qui contribuent, très fortement, au réchauffement climatique.

Le méthane est également très inflammable, ce qui entraîne un risque d’explosion et d’incendie, en cas de forte sécheresse.

De plus, vent et pluie emportent les déchets dans les maisons et dans les rivières, ce qui bouche inévitablement les canaux d’évacuation et augmente considérablement le risque d’inondation en cas de fortes pluies.

Enfin, la pollution du terrain, par les particules plastiques, risque de rendre impossible toute culture agricole à l’avenir.

Une responsabilité collective

Pour résoudre, une fois pour toutes, ce problème, il est urgent que les différents acteurs concernés se mobilisent ensemble et s’engagent pour une gestion plus durable des déchets de Cité Planteau.

Il s’agit, d’abord, des habitants eux-mêmes, en particulier des jeunes, qui peuvent avoir un rôle de sensibilisation dans le quartier ; ensuite, de la municipalité, qui doit prêter les machines nécessaires à l’évacuation des déchets, mais aussi fournir un système alternatif de gestion des déchets pour les habitants et punir ceux et celles qui déposent leurs déchets ; du propriétaire du terrain, qui pourrait le valoriser utilement (potager commun ou jardin sportif).

Le SJM/SFw-Haïti pourrait également participer au nettoyage et aux contrôles futurs.

A plus long terme, la seule solution durable est de réduire, réellement, la production de déchets plastiques, car ceux-ci ne peuvent jamais être supprimés, de manière vraiment satisfaisante.

L’État et les municipalités doivent, impérativement, avoir une parole forte et mener des actions efficaces dans cette direction, par exemple en encourageant l’utilisation d’emballages non-plastiques (en carton) : un travail de longue haleine, mais absolument nécessaire à la santé publique dans les zones concernées, et à la survie de notre environnement.